Je vous l'avais promis dans mes “bonnes résolutions” pour 2013 : nous allons passer en revue sur Tilékol les différentes conceptions possibles de la pédagogie. Quels sont les courants, les penseurs, les écoles ? Où nous situons-nous, au quotidien, dans notre classe, parfois sans en avoir conscience ?
La tâche est ardue, le sujet est délicat, les susceptibilités sont grandes, le domaine est vaste. Croyez-moi, nous n'allons pas nous ennuyer.
Et pour démarrer du bon pied, nous allons commencer par tout simplifier…
Vous me le dites souvent : vous aimez venir sur Tilékol parce que vous y apprenez des choses. Et je vais vous faire une confidence : pour moi, c'est exactement pareil. Tilékol m'apprend. J'apprends en expliquant, j'apprends en me plongeant dans un sujet, de la même manière que j'apprends en enseignant.
Apprendre est une expérience personnelle passionnante.
Enseigner, par contre, est parfois un casse-tête.
Prenez entre vingt et trente humains pas vraiment volontaires, mettez-les entre quatre murs six heures par jour. Votre mission est définie dans les instructions officielles. Voici le tableau, voilà la craie, débrouillez-vous.
Vous avez Bac + 5 ? Félicitations.
Vous avez le feu sacré ? Bravo.
Vous êtes un peu perdu(e) ? C'est normal.
Vous êtes complètement largué(e) ? Ca peut arriver.
Lorsqu'on en vient à réfléchir cinq minutes à la nature profonde de l'acte d'apprendre et aux différentes manières d'arriver à un résultat, on se retrouve souvent pris de vertige. Parce que des quantités incroyables de questions se posent, avec à chaque fois une quantité non moins incroyable de réponses possibles.
Du coup, depuis des siècles, le sujet provoque des réflexions philosophiques, des courants de pensée, des débats. La science (mais est-ce réellement une science, ou bien une philosophie ?) de la pédagogie est née, s'est développée, a posé bien des questions, a apporté bien des réponses.
Le problème, c'est que ces réponses partent dans tous les sens, sont contradictoires, opposées (parfois de manière frontale), divergent tout en étant parfaitement développées, expliquées, justifiées.
Oui, mais moi, dans ma classe, je fais QUOI ?
C'est pour répondre à cette question que nous allons, tous ensemble, construire cette série d'articles. Je dis bien “tous ensemble”, pour deux raisons :
- Parce que je ne suis pas un expert en la matière ! Je vais me documenter, interroger des gens compétents, mais sans vous, sans vos mails, vos commentaires, vos réflexions, vos apports, je n'irai pas bien loin. Nous allons faire le voyage ensemble, et, c'est bien connu, ” Le voyage est la récompense “…
- Parce que je compte sur vous dans un domaine précis : le respect de ceux qui pensent différemment. Nous allons forcément aborder des notions qui vont provoquer des réactions. Par exemple, lorsque nous allons prononcer les mots de “socio-constructivisme” ou d'”école traditionnelle”, certains vont bondir, soit pour applaudir, soit pour dénigrer.
Pas de dénigrement ou de critique systématique des courants pédagogiques qui ne sont pas les vôtres sur Tilékol, s'il vous plaît, merci.
Nous sommes là pour découvrir, pour apprendre, pour comprendre, pour faire connaître, pour partager. Pas pour “casser”. Je compte sur vous !
…Vous êtes toujours là ? 🙂
Bien, continuons.
Une équation à trois variables
Je vais tenter une première approche, volontairement ultra-simplifiée, de la problématique, celle qui a conduit les penseurs à penser, les expérimentateurs à expérimenter, les courants à se dessiner.
J'ai longtemps réfléchi à la manière de présenter les choses, en ayant pour objectif une simplification à l'extrême, qui nous fournisse un bon point de départ, et je pense avoir trouvé :
En quelque sorte, la pédagogie pourrait être une équation à trois variables : l'élève, le maître, le savoir.
Selon la valeur que vous attribuez à chacun des composants, vous obtenez grosso-modo un courant pédagogique.
Voici quelques exemples, je vous laisse mettre un nom à la place du point d'interrogation. La valeur accordée à chacune des variables est symbolisée par la taille donnée au mot “élève”, “savoir” ou “maître”.
Selon son caractère, sa classe, son niveau de prise de conscience, sa sensibilité, sa sensibilisation (son idéologie ?), chaque enseignant va soit mettre en avant l'un des trois facteurs, soit le réduire au strict minimum. Consciemment ou non.
Bien entendu, cette présentation est réductrice. Le simple mot “savoir” est totalement insuffisant, il y a tant de choses à placer ici. Mais cette simplification est volontaire. Il fallait bien démarrer, et lorsqu'on veut faire un long voyage, on commence par un petit pas.
Cet article est un premier petit pas.
Bien entendu, je vous laisse commenter, ajouter votre grain de sel, apporter toutes les précisions que vous le souhaitez.
Mercredi prochain, nous allons tous ensemble nous poser une simple question, une toute petite question, toute bête. Mais indispensable, parce que sa réponse sera le petit bagage que nous transporterons dans notre périple…
Cet article fait partie d'une série consacrée aux différents courants pédagogiques qui est loin d'être terminée.
Voici la liste des articles publiés sur ce thème à ce jour :
A la découverte des courants pédagogiques
Interview de Guy Morel, secrétaire du GRIP
L'expérience Summerhill, ou l'utopie concrétisée
La pédagogie explicite, qu'est-ce que c'est ?
Histoire de la pédagogie explicite
APPEL
Vous avez adopté une forme de pédagogie précise et identifiée ?
Vous êtes adepte de Montessori, Freinet, Piaget, vous êtes traditionnaliste, libertaire, vous utilisez le “whole brain teaching”, la PNL ou la pédagogie explicite ?
Vous êtes un apôtre de la méthode et de la progression, ou bien un partisan de la démarche fonctionnelle ?
Vous avez une idée bien arrêtée sur la question, vous avez un site web qui y est consacré ?
Votre classe est un laboratoire vivant, vous y réalisez des merveilles en appliquant des principes auxquels vous croyez ?
Merci de me contacter, pour que je puisse donner ici de la visibilité à votre pratique !
Précision importante : exprimez-vous, mais évitez de multiplier les liens dans les commentaires.
Cela aurait pour conséquence de placer ledit commentaire dans la “boîte spams” du blog, d’où je serai obligé d’aller l’extirper…
Merci !
Prête pour le grand voyage !
Moi qui trouve si souvent que le temps passe TROP vite, là, j’ai déjà envie d’être aux mercredis suivants !
Amicalement
Fabienne
Hello Fabienne
Faisant partie du voyage, je suis moi aussi impatient de connaître la suite 🙂
bonjour
Moi j’aime bien la seconde équation mais avec un élève plus “gros” que le maître.
J’ai parfois l’impression que je ne suis en classe qu’en tant que déclencheur; que le loupiot, une fois sur les rails, avance, certes à son rythme, mais avance!! CA fait partie de quel courant cette pensée là?
j’ai hâte de lire la suite.
Bonne journée.
Malou
Bonjour Malou
Je pense que la petite question de la semaine prochaine va te permettre de préciser ta réflexion 🙂
Pour moi, il manque l’équation élève = savoir = maitre de même taille.
Je pense qu’il faut autant d’ingrédient de chaque pour faire une bonne soupe ! L’élève doit (ou devrait) être acteur autant que le maitre et le savoir est, si je puis dire, “l’objet du délit”.
Vivement la suite !
Isabelle
Tu as raison, Isabelle, je n’ai mis ces trois “cas” que comme exemples.
Il y a plein d’autres configurations possibles, dont bien entendu celle que tu préconises…
Je rajouterai une quatrième variable : ELEVES /classe/groupe, au choix…Ce qui ouvre encore d’autres équations.
Comme Fabienne, j’ai hâte de lire la suite…
J’ai souvent pioché dans différents courants au gré des bonnes idées qui se présentaient (souvent par hasard d’ailleurs. “Chouettes ces pinges à linge nombres…ah bon c’est Montessori ?”). Je connais “en gros” les approches différentes qui me permettent notamment de proposer des choses moins “classiques” aux enfants “différents” (qu’est-ce qu’on met comme guillemets dans l’enseignement !!!).
Je me réjouis d’avance de mieux comprendre tout cela et de savoir ce que les collègues ont pioché, ce que cela leur a apporté.
Près de mon école va ouvrir une école “Steiner”. Du coup je suis allée un peu me renseigner sur le net…apparemment c’est très axé sur l’élève (ses points forts, ses intérêts). Ca pose question comme on dit .
Bonjour,
Tout d’abord un grand merci pour avoir lancé ce sujet. Moi aussi j’ai hâte d’être à la semaine prochaine pour la suite. C’est très courageux car c’est un sujet complexe mais une fois de plus, c’est ce qui fait la particularité de Tilekol, avec Michel les choses sont claires et simples.
Pour ma part j’ai passé des années à pratiquer ma tambouille sans me reconnaître totalement dans un courant pédagogique précis. Il y avait toujours un “déséquilibre” dans l’équation savoir/élève/maître.
Aujourd’hui j’ai trouvé ce qui correspond à ma conception de l’enseignement : la pédagogie explicite. Je me suis beaucoup documentée sur des sites d’outre-atlantique, notamment du Canada. L’enseignement de la compréhension, la pédagogie explicite, m’ont permis de dégager du temps de façon considérable dans la journée de classe, temps dédié à la différenciation, que ce soit pour aider les enfants en difficulté ou pour booster les élèves qui ont besoin d’avancer plus vite. Je commence à trouver un équilibre qui, il me semble, permet à chacun de trouver une vraie place dans la classe : l’élève, le savoir et le maître, un peu comme le disait Isabelle plus haut élève=savoir=maître de même taille.
Bonjour Delphine,
A propos de pédagogie explicite, notons l’excellent tableau descriptif des différentes manières d’envisager la chose, sur le site de Formapex :
http://www.formapex.com/philosophie-educative/256-tableau-les-grands-courants-pedagogiques
Nous aurons bien enten du l’occasion d’en reparler.
Bonjour,
Merci Delphine pour ce témoignage. Les enseignants explicites sont de plus en plus nombreux, et c’est très bien.
Depuis 2006, j’ai constaté que les collègues qui passent à la Pédagogie Explicite obtiennent très souvent des résultats tangibles pratiquement du jour au lendemain : la classe ne patine plus, les temps morts et le brouhaha disparaissent, les élèves prennent goût à des choses qu’ils maîtrisent enfin, leurs parents disent leur satisfaction…
Rappelons que cette pratique d’enseignement a été définie en retenant ce qui est le plus efficace en classe, à partir d’observations qui ont été menées sur des centaines de classes (en Amérique du Nord). Les chercheurs s’intéressant aussi bien aux maîtres experts qui obtiennent d’excellents résultats aux standards d’évaluation… comme aux maîtres peu performants. Cela leur a permis de recenser les bonnes pratiques, mais aussi les mauvaises. Il existe maintenant des tableaux récapitulatifs : ce qu’il faut faire, ce qu’il ne faut pas faire.
Le tout étant confirmé par la recherche récente en psychologie cognitive (travaux de Sweller par exemple).
Pour autant, nous bénéficions de la liberté pédagogique qui nous permet de faire ce que nous voulons en classe. Profitons-en. Veillons donc à ce que nos pratiques soient efficaces, à ce que notre façon d’enseigner nous satisfasse tout en permettant aux élèves des apprentissages réussis, c’est-à-dire résultant d’une compréhension exempte d’erreurs et d’un stockage solide des connaissances et des habiletés en mémoire à long terme.
Voilà quelques brèves considérations qui sont loin de faire le tour de la question. Je recommande à celles et ceux qui sont intéressés par l’enseignement explicite la visite du site Form@PEx (www.formapex.com) et des blogs Explicitement vôtre (http://explicitementvotre.blogspot.fr) et Pour une pédagogie renouvelée (http://bernardappy.blogspot.fr). Il y a largement de quoi lire, s’informer, se former et réfléchir.
Je tiens enfin à remercier Michel pour ses efforts afin de rendre notre métier plus compréhensible et pour permettre à chacun une réflexion sur notre métier. N’oublions pas que nous sommes de véritables professionnels et pas des amateurs de bricolage.
Bonne continuation à toutes et à tous.
Cordialement.
merci pour cette belle et ambitieuse initiative. comme beaucoup, je pioche à droite et à gauche sans trop savoir si ça relève de tel ou tel courant pédagogique. Je suis juste sûre de ne pas être dans ta 3ème équation 😉
En tout cas, j’ai vraiment hâte de lire la suite …
Encore merci Michel pour ces réflexions que tu nous permet d’avoir sur nos pratiques… Vivement la semaine prochaine!!
La semaine prochaine : séance “philo” !
Préparez-vous à vous poser une ou deux questions fondamentales qui vont vous faire chauffer délicieusement les neurones…
Je suis sortie de l’iufm il y a quatre ans. Pas un seul cours, je dis bien pas un seul, n’a jamais été consacré à ce sujet.
Merci à Tilékol pour cette initiative.
Bonjour Clochette
Ca alors, c’est étonnant…
Et finalement, peut-être pas… Bien souvent, les “spécialistes”, lorsqu’ils se réclament d’un courant, se gardent bien de présenter les autres points de vue…
as-tu déjà entendu parler de la classe inversée? J’ai lu plusieurs articles sur cette méthode, je me pose plein de questions et suis très perplexe…
La classe inversée ?
Les tables collées au plafond à l’envers ?
Je plaisante 🙂
Non, je ne connais(sais) pas.
D’après ce que je viens de lire sur Wikipedia, ça me rappelle l’article que j’avais publié il y a quelques mois :
http://www.tilekol.org/mon-conseiller-peda-est-un-prix-nobel-de-physique
Plutôt intéressant, la pédagogie, non ?
et oui je suis d’accord le principe est renversant… 😉
c’est sur ce site que j’ai trouvé le plus d’explications : http://www.classeinversee.com/
en fait je me pose surtout des questions sur le fait que cette méthode dépend avant tout des moyens dont disposent les enfants à la maison (ordi ou pas, endroit calme ou pas…), assez dérangeant à mon avis.
Il me semble que nous sommes dans le cadre de l’école privée, ou bien je me trompe ?
j’avoue avoir lu un article sur le site des cahiers pédagogiques sans avoir remarqué que cette méthode s’adressait uniquement aux écoles privées. Pour certains enseignants qui l’appliquent j’avais bien compris qu’ils enseignent en école privée. Donc en fait je ne sais pas si cette pratique est réservée aux écoles privées… j’ai encore besoin de me documenter 🙁
Michel, votre entreprise est très courageuse car pour utiliser un euphémisme, le sujet est sensible, en particulier quand la communication se fait via Internet. Ce serait d’ailleurs un sujet d’étude intéressant en soi.
Je veux juste apporter quelques éléments supplémentaires qui je l’espère, aideront à la réflexion de tous. J’étais justement en train de préparer pour mon blog un post sur un sujet similaire.
On a l’habitude de vouloir décrire les mouvances pédagogiques en fonction de ce qui est au centre de leurs préoccupations : centrées sur l’enfant (avec cet affreux néologisme « puéro-centré »), sur l’enseignant, sur le savoir. Vous avez eu raison de partir de cette typologie, car c’est celle que l’on nous propose depuis longtemps.
Néanmoins, je trouve qu’elle décrit insuffisamment les pratiques et que même, elle donne une idée trompeuse. Par exemple, que signifie pédagogie centrée sur l’enseignant ? Cela signifie-t-il qu’il s’agit d’une pratique dans laquelle le maître est la vedette, s’offre en modèle ? Il me semble que toute pédagogie doit accorder la même importance :
• à l’élève car c’est lui qui apprend et c’est le contenu de son cerveau qui va être modifié,
• aux connaissances car elles vont venir se placer dans les cerveaux des élèves et devenir leurs propres savoirs,
• et enfin à l’enseignant car c’est lui qui va provoquer ces changements.
Une autre classification, beaucoup moins courante, consiste à considérer les moyens utilisés pour enseigner. Ainsi, on trouvera d’une part les instructionnistes qui utilisent une transmission directe de celui qui sait vers celui qui ne sait pas et les constructivistes qui considèrent que le meilleur moyen est une transmission indirecte par situation de découverte abordant directement la complexité.
Dans le courant instructionniste, on trouve par exemple les partisans de l’enseignement traditionnel, les partisans de l’Enseignement Explicite, dont je suis. Le courant constructiviste se décline en diverses approches lui aussi.
En Enseignement Explicite, on considère le maître comme un « agent de changement » selon l’expression de John Hattie (http://www.formapex.com/videos/916-video-john-hattie-preconise-lenseignement-explicite ), c’est-à-dire un professionnel qui va permettre les changements dans les cerveaux des élèves. Dans la théorie constructiviste, il sera plutôt un facilitateur par le biais de la découverte (guide by the side).
L’Enseignement Explicite revendique l’utilisation des données probantes en pédagogie. De la même manière qu’on ne met pas sur le marché (enfin en principe !) un médicament n’ayant pas d’autorisation de mise sur le marché, on devrait avant de les promouvoir, vérifier le bien-fondé des pratiques pédagogiques, c’est-à-dire leur efficacité.
Si on considère que chaque enseignant poursuit le même but, des apprentissages réussis, pourquoi ne pas tout simplement considérer les pratiques pédagogiques en fonction de leurs efficacités respectives ? Dans les pays anglo-saxons et au Canada, l’expression “pédagogie (ou enseignement) efficace” commence à avoir pignon sur rue. Mais pour cela il faudrait que l’on accepte enfin l’introduction des données probantes dans le monde éducatif. (http://www.formapex.com/les-donnees-probantes?layout=default )
Je constate après de nombreuses années d’enseignement, que la plupart des jeunes enseignants sont très mal informés des courants pédagogiques, de leurs rapports à l’efficacité, de leurs principes, de leurs choix. Nombre d’entre eux n’en connaissent qu’un, le constructivisme, car c’est celui qu’on leur a proposé comme seule et unique façon de faire, comme credo. Comme moi lorsque j’ai débuté, ils l’utilisent, se rendent vite compte que cela est inopérant et chronophage. Certains vont même jusqu’à se remettre en question personnellement alors que c’est leur outil qui est défaillant.
Je pense qu’une méthode pédagogique n’est qu’un outil au service de l’enseignement et ne devrait être jugée qu’à la lumière de ses résultats. Quand j’utilise une fourchette peu importe qu’elle soit d’argent ou de fer-blanc, ce qui compte c’est que la courbure de ses dents soit appropriée à sa mission.
Il y aurait encore beaucoup à dire mais je ne veux pas abuser de votre hospitalité numérique.
Cordialement
Merci Françoise pour ce long et instructif commentaire.
Mon premier article était volontairement simpliste. La simplicité est mon credo 🙂
Nous allons tranquillement entrer dans les détails, en respectant les autres courants de pensée pédagogiques, je compte sur toi 🙂
Il y a encore beaucoup à dire, et nous le dirons tous ensemble dans les semaines et les mois qui viennent, du moins j’ose l’espérer.
Je suis bien d’accord avec toi sur la simplicité. Et ton entrée en matière était bien sentie !
Tu peux compter sur moi pour faire preuve de tempérance dans mes propos. 🙂
A bientôt,
J’en profite pour refaire passer le message : si vous êtes le chantre d’une forme de pédagogie précise, contactez-moi !
J’aimerais bien communiquer avec un “Freinet passionné”, un “Montessori engagé”, un “Traditionnel convaincu”. Entre autres…
Bonjour,
Je ne suis spécialiste d’aucun courant pédagogique, mais je voudrais apporter mon témoignage, celui d’une jeune enseignante sortie de l’iufm il y a 4 ans.
A l’iufm, on ne m’a présenté que le courant constructivisme. J’ai mis en place cette pédagogie pendant mes stages, avec succès. Mais je passais alors des nuits blanches sur la mise en place de mes situations…
En sortant de l’iufm je me suis retrouvée sur le poste que j’occupe depuis : 5 niveaux TPS –> CP (28 élèves) + direction.
En ce qui concerne l’apprentissage de la lecture, j’ai toujours enseigné en alphabétique car j’ai eu la chance de rencontrer un collègue qui dès le départ m’a fait basculer du côté obscur de la force : SLECC, GRIP, Wettstein-Badour, etc.
Pour le reste, j’ai continué à faire du “constructivisme”, c’est-à-dire à proposer à mes élèves des situations problèmes complexes mais ‘riches’ et à chercher ensemble des modes de résolution, à confronter les procédures, etc.
Bon. J’ai frôlé le burnout. Quand vous avez 5 niveaux, beaucoup d’élèves, et aucune expérience, j’ai tendance à penser qu’il faut s’appuyer sur des modèles qui MARCHENT. Vous ne pouvez pas réinventer la roue toutes les nuits. Vous avez un corps, qui va vous dire que vous êtes fatigué, que vous avez une classe à gérer le lendemain matin, une vie privée, etc.
Ce n’est pas un problème idéologique selon moi. C’est juste que MON cerveau n’est pas fait pour aller du complexe au particulier. J’ai BESOIN d’aller du simple au complexe et de savoir exactement OU je vais emmener mes élèves et PAR QUEL CHEMIN.
Comme je suis très à l’aise avec une pédagogie explicite, de fait, mes élèves le sont aussi. Je me prends souvent la tête avec ma mère, qui forcément, ne veut pas entendre parler d’apprentissage syllabique, etc. Elle ne comprend pas que sa fille puisse être revenue 30 ans en arrière !
Moi j’ai du mal à comprendre comment on peut ignorer que tous les élèves ne sont pas armés pour affronter la complexité et que notre travail est de leur proposer un chemin. J’ai effectivement tendance à considérer leur cerveau comme de la pate à modeler (là, ça va rugir), je le modèle (CF la phase de modelage des explicites), je leur donne des procédures pour réussir… Je pense que cela rassure mes élèves, notamment les plus faibles, de savoir où nous allons de manière très explicite.
J’en profite pour remercier françoise et bernard APPY car je me dis que cela n’a pas toujours du être facile pour eux de mettre en avant une telle pédagogie dans le contexte actuel de dénigrement…
Mais je termine en disant que je ne suis absoulement pas contre le constructivisme. Je suis contre pour moi, car il me fait mal à cerveau. Mais je conçois tout à fait que certains l’utilisent avec bonheur.
Tous les bons enseignants sont passionnés et forcément, ils vont chercher à ajuster les variables de l’équation de michel, en fonction d’eux-mêmes et de leurs élèves. Il faut dépassionner le débat. On est tous différents, et en classe on est seul maître à bord.
A bientôt
Merci Clochette, pour vos gentilles paroles et pour ce message qui décrit bien la réalité de ce que connaissent nombre d’enseignants sur le terrain.
Le constructivisme (et non les personnes qui le pratiquent) pose problème à certains d’entre nous en tant que modèle d’enseignement et non en tant que schéma d’apprentissage. S’il est bien vrai que nous apprenons en construisant nos savoirs, il est abusif d’en conclure que l’enseignement doit se calquer sur ce modèle. Cette question a été abondamment traitée par les chercheurs. J’en ai fait récemment un résumé ici : http://explicitementvotre.blogspot.fr/2013/02/enseigner-comme-on-apprend.html
J’ai moi-même fait mes débuts dans le bain constructiviste et les critiques que je formule à son encontre ne portent pas sur les enseignants qui le pratiquent car comme vous le soulignez très justement, chacun est maître à bord. Elles portent sur son rapport à l’efficacité et sur l’imposition de ce modèle comme unique et véritable.
Cordialement,
Bonjour Françoise,
Ne te focalise pas sur tes “adversaires”, mais au contraire focalise-toi sur la présentation des bons côtés de TA pédagogie.
Oublie les critiques, partage l’enthousiasme que tu éprouves en tant qu’enseignante.
C’est cela que nous voulons lire ici.
Bon, il va falloir ici que je mette mon costume d’arbitre.
Cet article ainsi que ceux qui vont suivre ne consiste pas en une critique des différents courants pédagogiques, mais en une présentation des différents pédagogiques à ceux qui ne les connaissent pas.
Il y a une règle du jeu pour les commentaires et elle est la suivante :
On ne va pas commencer à casser ceux qui ne pensent pas comme nous avant même de les avoir présentés.
Je ne parle pas pour toi, Clochette, mais pour les commentaires qui sont venus derrière et qui ont été “modérés”, ou pour appeler un chat un chat, qui ont été censurés.
S’il vous plaît, faites-vous les défenseurs de VOTRE forme de pédagogie, argumentez, montrez-en les bons côtés, les avantages, les réussites, mais – pour l’instant – abstenez-vous de démolir les autres.
Vous êtes des enseignants, imaginez que vous soyez en train d’arbitrer un débat dans votre classe. Respectez vos pairs, et ils vous respecteront.
Parce que quand vous “cassez” les autres, vous leur donnez un bâton pour qu’ils vous tapent sur la tête à leur tour.
Tilékol est un espace d’apprentissage, de liberté ET de respect.
Merci !
(Ouf, j’aurais préféré ne pas publier ce commentaire, croyez-moi)
Ouh la la !!!! Mes années de formations sont loin, dur dur de se remettre dans la théorie… mais tellement intéressant par ailleurs.
Il y a longtemps, quand j’ai débuté dans le métier, un enseignant m’a dit: On n’enseigne pas ce que l’on sait mais on enseigne ce que l’on est. J’y ai toujours pensé, et encore plus depuis que je me balade sur le net à la recherche d’idées pour ma classe. Beaucoup de chose sont intéressantes mais après, je pense qu’il faut les faire siennes pour pouvoir les enseigner correctement. Le “danger” avec ces théories d’enseignement, c’est de pouvoir croire qu’on va avoir une “recette miracle”, mais ce n’est que mon avis, peut-être que je me trompe. En tout cas, j’attends la suite de tes articles avec impatience !
Hello Christine,
A Tilékol, nous ne sommes pas dans la théorie, mais dans le concret, dans la pratique… dans la classe.
“On enseigne ce que l’on est” : phrase à inscrire en lettres d’or sur le fronton de notre salle de cours !
Soyons ce que nous sommes, intéressons-nous, progressons, et nous serons meilleurs, en nous-mêmes et dans notre classe…
J’ai bien saisi le message… Je vais tenter d’expliquer modestement pourquoi je me suis lancée dans la pédagogie explicite.
On se retrouve tous face à des problématiques pédagogiques, par exemple, comment enseigner la soustraction au CP.
Je me mets dans la peau d’un élève et je me demande(par exemple sous la forme d’une carte mentale)ce qui va lui poser problème. Mon but est de débroussailler le chantier au maximum et pour chaque problème d’envisager quel guidage, quelles solutions, quelles procédures, je vais donner à l’élève pour qu’il puisse vaincre la difficulté.
Je fournis (j’ai bien dit ‘je fournis’, pas on cherche ensemble ;-)aux élèves des procédures et la manière de les mettre en oeuvre. Ces procédures dont l’objet d’un apprentissage, puis d’entraînements. Enfin, l’élève s’est approprié des outils qu’il peut mettre en oeuvre de manière autonome.
Bon, je ne vais pas m’étaler, disons que cette pédagogie me permet de :
– transmettre des savoirs et des savoirs-faire clairs et distincts
– les évaluer plus facilement et donc mieux communiquer avec les familles
– transmettre des savoirs-être auxquels je tiens : rigueur, discipline, goût de l’effort… (et je persiste et je signe, il n’y a pour moi AUCUNE contradiction entre ces notions, et celle de fantaisie, de créativité, d’empathie avec les élèves).
– récupérer de la sérénité dans ma préparation et ma gestion de classe… ce qui forcément a un impact sur l’ambiance de classe…
Au plaisir de lire vos respectueux commentaires…
🙂
Merci pour ce commentaire !
C’est tellement agréable d’être POUR quelque chose et d’expliquer POURQUOI …
C’est tellement plus intéressant pour les gens qui lisent et veulent découvrir…
Note bien que tu pourras développer lors de l’article qui sera consacré à cette forme de pédagogie.
Oh, je sens que ce fonctionnement peut me plaire! Je ne connais pas du tout la pédagogie explicite, je vais m’y pencher de plus près. Cette expression, “sérénité dans la préparation”, est peut-être bien mon graal du moment. Sérénité tout court aussi, d’ailleurs. Je la cherche depuis trois ans, je ne l’ai pas encore trouvée!
Bonjour à tous!
Wow comme c’est riche tout ça!
Merci Michel “Tilekol” pour avoir lancé cette réflexion.Il était temps pour moi de trouver une “source” d’avis de collègues sur les différentes pédagogies. Je suis dans le même cas que clochette, je suis sortie de l’iufm il y a 4 ans et j’ai atteint MES limites avec le constructivisme, seule pédagogie transmise lors de ma formation. Je me suis noyée en cherchant des idées sur la toile, j’ai passé de longues heures devant mon écran à piocher d’autres manières de faire et du coup passé des nuits entières à préparer ma classe.Tout ça n’a réussi qu’à me faire décrocher, alors je profite de mon congé parental pour poser ma réflexion et repartir sur de bonnes bases. Mais comment faire? Et bien j’en ai rêvé… Tilekol l’a fait! Je vais donc commencer par aller chez les “explicites” pour voir. Désolée si mon commentaire ne fait pas avancer le débat mais vos commentaires me font avancer! Merci.
“Tilékol l’a fait”…
…Disons plutôt “Tilékol va essayer de le faire” 🙂