Il y a deux ans, je vous parlais de la manière différente d’envisager le travail de bureau, qui consistait à supprimer la chaise et à se mettre debout, à la maison, au travail et dans les classes.
Et si nous faisions un petit retour sur la question, histoire de faire un petit point sur l’expérience, deux ans après ? Avec un petit tour dans une classe maternelle qui possède des coins où les élèves font leurs activités debout ?
…Par ou commencer ?
Allez, commençons par la coupable : la chaise.
La chaise : bouh la méchante !
Je sais, je sais, affirmer que la chaise est un élément négatif de nos vies paraît étrange, voire farfelu, et vous qui lisez ces lignes, vous êtes peut-être en train de soupirer en vous demandant si je ne suis pas un peu zinzin.
Je vous encourage à vous replonger dans la série de trois articles que j’avais écris rien que pour vous en mars 2015 :
- Dans la première partie, je vous expliquais pourquoi j’avais un beau jour surélevé mon bureau chez moi…
- Dans la deuxième partie, vous pouviez découvrir une « école du futur », avec des élèves en mouvement, travaillant debout sur des tables à roulettes…
- Dans la troisième partie, vous frissonniez en vous rendant compte à quel point la chaise était néfaste pour la santé et quelles solutions pratiques nous pouvions envisager.
Pourquoi me suis-je donc intéressé à ce sujet ?
C’est très simple : je ne supportait plus d’être assis des heures devant mon ordinateur. J’avais la sensation d’être prisonnier, j’avais mal aux jambes (et pas qu’aux jambes, si vous voyez ce que je veux dire), mes cervicales me faisaient souffrir, et j’avais l’impression que mes organes internes étaient tout comprimés, serrés les une contre les autres, et qu’ils réclamaient un peu d’air.
Le jour où je me suis levé (en suivant les recommandations du docteur Levine dans son livre passionnant et plein d’humour), tout a changé.
J’ai découvert la liste effarante des problèmes de santé causés par la position assise (diabète, obésité, maladies cardiaques directement liées à la position assise, cancer du sein, cancer du colon, cancer du poumon, endométriose, dépression, hypertension, problèmes de dos, problèmes de sommeil, etc…)
J’ai commencé par mettre deux grands tréteaux sous le plateau qui me servait de bureau, puis je suis passé carrément au « bureau qui marche », un truc futuriste avec un tapis roulant électrique surplombé d’un bureau à hauteur réglable.
Je vais d’ailleurs consacrer un article entier à cet objet particulier, parce qu’il y a pas mal de choses à en dire.
Mais revenons à notre chaise…
Il y a deux choses toutes bêtes à faire à tout prix si on veut ne pas trop en subir les dégâts :
- Se tenir assis bien droit, pour éviter de comprimer les organes internes. (Vous venez de vous redresser ! Je vous ai vus !)
- Se lever régulièrement et BOUGER.
Il est d’ailleurs intéressant de voir que l’une des premières applications spécifiques introduites par Apple à sa montre connectée a été la fonction « Me lever » : au bout d’une heure, la montre vibre et vous « ordonne » de vous lever et de faire quelques pas. Merci, montre.
Elle a repéré que vous étiez assis grâce à son capteur de mouvement.
C’est une excellente fonction, qui a d’ailleurs été reprise par d’autres constructeurs depuis.
Je vous conseille de ne pas attendre une heure mais de diviser par deux cette durée (ce qui vous permettra de coupler ceci avec la pratique du pomodoro)
Le principal exercice étant de marcher, de changer de pièce. Quelques étirements sont également bienvenus, ainsi que quelques flexions de jambes.
Il est amusant de voir que lorsque je dans mon bureau de directeur, à école, je ne ressens pas la moindre gêne. Pourquoi ? Parce que d’une part je suis sollicité en permanence, donc je me lève tout le temps, et que d’autre part, mon école étant littéralement farcie d’escaliers, mes jambes travaillent agréablement à longueur de journées.
La classe de Sophie
Et pour les enfants ? A l’école ?
Sophie a une classe de grande section dans mon école primaire.
(J’en profite pour rappeler à certains candidats à l’élection présidentielle qu’une école primaire contient des classes élémentaires et maternelles).
Et dans sa classe que trouve-t-on ? Quelques tables hautes où des groupes d’élèves travaillent debout. Et franchement cela ne les gêne pas le moins du monde, au contraire.
J’ai posé quelques questions à Sophie :
-Depuis combien de temps utilises-tu des bureaux debout dans ta classe ?
C’est la deuxième année. Ce sont les articles de Tilékol qui m'ont donné envie d'essayer !
-Trouves-tu que c’est positif ?
Tout-à-fait. Parce que les enfants peuvent travailler dans la position qu’ils préfèrent : certains aiment être debout, certains préfèrent être assis. Et ça dégage de la place dans la classe parce que notre école les salles sont petites. Les enfants circulent plus facilement, et lorsqu’ils sont debout j’ai remarqué qu’ils restent plus longtemps concentrés sur leur travail
-Te sers-tu de ces tables pour des activités particulières ?
Non, pas spécialement, les enfants choisissent leur atelier et ils vont où ils veulent. Il y en a qui préfèrent être debout, d’autres assis. Je trouve que pour écrire, certains sont mieux installés debout qu’assis : assis, ils ont souvent tendance à se mettre dans des positions bizarres, alors que debout ils sont obligés de se tenir.
-As-tu eu du mal à trouver des bureaux qui conviennent ?
J’ai fait un peu avec les moyens du bord. J’ai pris une grande table dans une classe élémentaire, j’ai essayé de trouver toutes les tables disponibles dans l’école. J’aimerais d’ailleurs avoir plus de tables debout mais je fais avec les moyens du bord. Je conseille à tout le monde de le faire, c'est vraiment bien, surtout dans les petites classes : souvent le fait de se mettre debout calme les enfants qui bougent beaucoup parce qu’assis, à un moment donné, ils ne savent plus comment se tenir.
-Est-ce que tu trouves gênant le fait de rester statique debout ?
Oui parce qu’à un moment donné, le fait de rester trop longtemps debout fait mal au dos. Je préfère marcher, être en mouvement. Je vois que si les enfants ont une activité qui les fait se tenir debout trop longtemps, ils se mettent à s’accroupir, ils vont sous la table, ils ressortent… Mais ce n’est pas gênant, parce celui qui est à côté n’est pas dérangé. Ils bougent un peu, puis se remettent à travailler…
-Sais-tu qu’il existe un système de barre mobile, où on peut poser son pied et le balancer pour le faire bouger ? Ce peut être une alternative au tapis de marche…
-Oui, mais je pense que cela risque de distraire les enfants plus qu’autre chose…
-Et est-ce que toi, à titre personnel, tu t'es mise aussi travailler debout ?
Oui je me suis mis à travailler debout également. J'ai bricolé un système pour pouvoir marcher sur mon tapis et travailler debout en même temps. Et c’est génial !
Merci Sophie !
Le “bureau de marche”
Dans le prochain article, je vous parlerai de ma propre expérience des bureaux avec tapis de marche :
- Combien ça coûte ?
- Comment le choisir ?
- Comment agencer sa pièce ?
- Quelles sont les erreurs à éviter ?
- Quels sont les avantages réels ?
- Peut-on facilement travailler “en marchant” à l'ordinateur ?
- Etc…
A très bientôt !
Les dangers de la chaise pour la santé, je les connais bien en qualité de professeur de yoga. Les accommodations faites dans cette classe sont vraiment intéressantes. Repensons notre espace classe en terme d’aisance corporelle et de circulation.
En qualité de maitresse de maternelle j’ai retiré les bancs et un maximum de tables et de chaises. Les enfants travaillent parterre, sur des tapis qu’on déroule, principalement, debout pour les activités plastiques, artistiques et graphiques et assis lorsqu’ils le désirent. Je m’inspire de la pédagogie de Maria Montessori qui s’est penchée sur l’importance du corps dans l’apprentissage. Bravo pour cet article.
Bonjour Sylvie
Je pense vraiment que nous sommes conditionnés dès le plus jeune âge à vivre assis, et dans la société hautement technologique qui est la nôtre, ce seront peut-être des techniques millénaires comme le yoga qui vont nous aider à nous relever…
J’ai hâte de lire la suite même si je me doute que le prix d’un tel bureau doit être dissuasif.
Merci pour toutes ces idées!!!
Bonjour Amélie
Tu constateras que le prix n’est pas forcément un obstacle.
A condition d’avoir réellement envie d’essayer…
Coucou Michel
Ça fait longtemps que je n’avais pas fait de commentaire sur ce blog 😉
Alors dans ma classe, j’ai des bancs et des chaises. La plupart du temps les enfants sont assis, mais parfois, ils sont:
– assis sur une fesse avec une jambe tendue en arrière,
– assis sur une jambe repliée,
– à genoux sur leur siège,
– debout, pour le plus petits, quand l’atelier nécessite d’attraper des objets au centre de la table;
– debout pour la peinture sur grande feuille
Au début, je les reprenais systématiquement, mais petit à petit je laisse faire! je me dis qu’ils savent ceux qui est mieux pour eux.
Il n’y a que pour l’écriture que je veille à ce qu’ils aient une bonne position!
Bonne journée
Hello Malou
Les différentes postures que tu décris prouvent bien que la position assise ne va pas de soi du tout et qu’elle provoque souvent de l’inconfort…
Merci pour cet article! Ca me renvoie à mes “assieds toi convenablement, redresse toi, arrête de te balancer…”. Bref, cela me donne envie d’essayer! je vous tiens au courant?
Bonjour Evelyne
Ce sera avec plaisir que nous lirons tes aventures.
Bonjour Michel,
Non, je ne me suis pas redressée en lisant ton article car à la maison mon ordinateur est posé sur une commode quasi à la bonne hauteur pour un bureau debout. Seul hic, c’est vrai que j’ai quelque fois mal au dos quand je reste longtemps devant.
Pas encore ma classe à moi, mais bien envie d’essayer dès que possible.
Crois-tu pouvoir appliquer cela avec des classes élémentaires ?
Hâte de lire les prochains articles (surtout celui où tu décriras certainement le tapis sous ton bureau !). Joins des photos autant que possible, c’est très parlant.
Nadia
Bonsoir Michel contente de te lire et contente d’être amenée à pousser certaines réflexions grâce à toi….j’ai hâte de découvrir la suite.
Bonjour à tous
En congé maladie depuis 7 mois, l’école, mes élèves et le travail commencent à me manquer (je n’ai pas dit la position assise !)
Aussitôt la lecture de ton message, Michel, j’ai couru dans la garage chercher un coffre en bois me permettant de surélever mon ordi portable, une boîte en carton pour mettre la souris à la bonne hauteur et OUT ma chaise. C’est juste génial.
J’envisage de faire lire tes messages (DANGER CHAISE) à mes enfants collégiens… que cela les fasse un peu réfléchir sur leur posture statique quotidienne (génération immobile : lit chaise canapé)
De plus, je rejoints Nadia sur le mal de dos qui apparaît après une position debout statique trop longue ! Alors naturellement, les jambes bougent, les hanches et le dos.
Une observation me vient à l’esprit en t’écrivant, taper sur le clavier est beaucoup plus aisé et agréable. Mais je me questionne sur la stabilité du travail avec un tapis de marche-bureau ? Quel temps t’a-t-il fallu pour t’accommoder ? pas de mal similaire au mal des transports par le manque d’équilibre ? est-ce juste une question d’essai et de volonté ?
Merci pour tes newsletters. c’est un rdv hebdomadaire qui peut me faire autant de bien que la cortisone !!!
Bonjour Christelle
L’adaptation a été immédiate et franchement, au bout de 5 minutes, j’oublie que je suis en train de marcher !
Pour la position debout statique, en étant un peu bricoleur, on peut améliorer grandement les choses en installant une barre mobile comme celle-ci :
http://www.roguefitness.com/rogue-fidget-bar
Il y a d’autres solutions.
je vais obligé de faire un nouvel article pour vous présenter ça 🙂