La découverte de l'approche de Jacques Delacour dans l'apprentissage de la lecture a été un genre d'électrochoc pédagogique pour moi. Enfin, enfin je pouvais trouver une logique dans cet apprentissage, moi qui ne me satisfaisait ni de la méthode globale ni de la méthode syllabique, et qui les trouvais même caricaturales.

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La solution était là, à portée de mains, et ne demandait que peu d'efforts pour être mise en oeuvre. Avec des résultats palpables et rapides !

Je vous en ai parlé plusieurs fois.

Ma première présentation assez parlante je pense, était ici : cliquez.

Malheureusement pour moi, cette découverte est intervenue en toute fin de carrière, j'ai néanmoins pu l'appliquer la dernière année où j'ai enseigné, dans un CP, et je me souviens encore de l'enthousiasme des élèves qui, très rapidement, se sont mis à coder/décoder en s'appuyant sur l'écritoire, qu'ils avaient construite progressivement.

J'ai dernièrement reçu un courriel de jacques Delacour, et je lui ai demandé l'autorisation de le recopier ici, ainsi que le texte d'accompagnement. Il a accepté, merci Jacques !

Tout ce qui suit est signé de Jacques Delacour.

Prenez le temps de lire ces lignes : vous allez voir, c'est LIMPIDE et si vous ne connaissez pas cette approche, vous allez dire “bon sang, mais c'est bien sûr !”

Création d'une association


Contactez Jacques à l'adresse delacour.j@wanadoo.fr

Son site web est ici


Bonjour,

Seriez-vous partant pour participer à la création d'une association “apprendre à lire avec ecrilu” dont l'objectif serait de faire connaître cette nouvelle approche de l'écrit ?

Un blog serait ouvert où chacun pourrait partager ses trouvailles et ses observations, être utile aux novices…et aux autres!

Ce serait une façon utile de faire connaître nos pratiques et de faire progresser tous les élèves, ceux qui parviennent à lire mais lisent mal en 6éme comme ceux qui ne parviennent pas à lire et qui trouveraient alors une planche de salut. Signalez si vous désirez faire partie du bureau ou simplement être membre.

Notez bien que même les évaluations nationales, tournées seulement vers le décodage, pourraient alimenter des preuves de l'efficacité du codage.

Nous avons une collègue qui réussissait très bien mais qui a fini par démissionner pour retrouver un peu de sérénité. Le monde est dur. Elle est actuellement rééducatrice indépendante et croule sous les demandes, le bouche à oreille fonctionnant bien, car elle réussit où le décodage a échoué.

On finira bien par respecter la genèse de l'écrit. En attendant, il faut que les pratiquants se serrent les coudes.

Des I.R. de français ont compris et nous soutiennent. Philippe Meirieu ne cesse de me dire qu'il faut publier, (et publie mes nombreux articles, merci à lui) mais les éditeurs sont encore plus frileux que le Ministère.

Pour permettre à l'enfant de s'apprendre à lire, il faut déjà savoir personnellement comment fonctionne l'écrit et surtout ne pas enseigner que “a” se décode /a/.

Nous n'avons rien à imposer, seulement à ouvrir les consciences à la vérité du codage orthographique.

Cordialement.

Jacques Delacour

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Dernière réponse ministérielle datée du 9 mai 2023 (reçue le 12) suite à mes nombreux courriers depuis juillet 22.

On remarquera que l'écriture est confondue avec le codage pratiqué. Rappel :

Au moment du codage, on ne connaît encore pas les signes qui vont représenter les sons.

Lorsqu'on écrit, surtout sous la dictée, il faut déjà connaitre les signes représentant les sons. Et c'est uniquement le codage qui les a mis en mémoire.

C'est toute la différence entre codage et encodage si importante pour l'apprentissage : l'élève apprend à coder, à transformer l'oral en écrit pour la première fois. On ne doit pas confondre la liaison son-sens (pour coder) et la liaison graphie-son (pour lire), elles ne sont pas identiques.

Si le /en/ de tente se code avec “en”, l'écriture de /en/ n'est pas forcément “en” (manger, camps, etc.) et de plus, le “en” vu par la suite ne se décode pas de façon universelle /en/, mais comme dans pentagone, mener, solennel, etc.

Seul le codage est stable. /bateau/ ne peut pas se coder bato, battau ou
batteau, mais uniquement bateau. Donc “eau” dans ce mot se décode /o/. Le décodage, s'il doit y en avoir un, est totalement tributaire du codage.

On peut alors lire la réponse ministérielle ci-dessous croyant que le codage fait partie des recommandations officielles.

Mais l'essentiel c'est la reconnaissance de la cohérence d'écrilu (qui s'inscrirait dans les programmes actuels !) et dont on n'aurait pas besoin de spécifier la particularité.

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Comme vous pouvez le constater à la lecture de ce courrier :

  1. Aucune critique n'est adressée à “écrilu”, bien au contraire, de nombreuses instructions en place iraient dans le même sens.
  2. Ce qu'écrilu propose serait en parfaite cohérence avec les instructions officielles, il serait donc redondant d'ajouter une instruction spéciale.
  3. Aucune interdiction d'écrilu n'est opposée, au contraire, cela converge parfaitement avec les instructions (en tout cas c'est ce qui est affirmé…).
  4. En présentant cette lettre à votre inspecteur au cas où il n'aurait pas d'affinité pour écrilu vous pourrez vous sentir en sécurité, le Ministère est d'accord.

Il ne vous aura pas échappé que la confusion entre lecture et écriture au niveau de l'apprentissage perdure au ministère :

Par exemple au CP on commence par étudier le graphème. Mais d'où vient ce graphème et quel son représente-t-il ? Seul le codage initial fournit les réponses.

Or, il ne peut pas exister de graphème en dehors du codage initial du sens. On ne peut d'ailleurs accéder au graphème que lorsqu'on a abordé presque toutes les écritures utilisées pour coder un phonème. Si on décode, on ne voit dans le meilleur des cas que des graphies qui par ailleurs ne se décodent pas toujours de la même façon.

Et on aura beau retourner le problème dans tous les sens, seul le codage orthographique initial permet en retour de récupérer le son des lettres au sein d'un sens. Les lettres au décodage ne représentent aucun son unique. Car, le retour n'est pas systématique ni alphabétique. Codage et décodage-lecture sont deux entités fonctionnelles différentes. Ce n'est jamais parce qu'on a codé /in/ avec “en” dans examen que “en” se décode forcément /in/ ailleurs. Et

Au codage, /a/ se code avec “a” dans 95% des cas. C'est simple et presque alphabétique à 5% près.

Au décodage, “a” vu se décode de 12 manières différentes. C'est compliqué et surtout pas alphabétique.

L'apprenti doit apprendre à coder les mots et mettre en mémoire les codes utilisés (et pas commencer par croire que “o” se décode /o/), le mot, le sens.

Mais il doit ensuite faire l'effort de lecture, associant les codes d'écriture au sens. La lecture est un second apprentissage, rendu possible uniquement par le codage.

Dans tous les cas, c'est l'élève qui doit proposer les mots à écrire, les coder par pointage, les graphier puis les reconnaître au sein d'une multitude de mots. A chaque instant il doit être l'acteur de son apprentissage, l'aidant fournissant le cas échéant les différents codes des phonèmes : /ou/ se code avec “ou, houx, houe, mais aussi avec oo… et oo ne se décode pas /ou/ dans alcool ou oolithique…

Pour l'élève, seul le codage est une vérité stable. Et c'est vital pour qu'il comprenne l'écrit et s'apprenne à lire facilement.

Apprendre à lire : Comprendre l'acte de codage écrit

Chaque jour, un phonème nouveau vient compléter le nombre de phonèmes déjà codés par écrit pour faire naître de nouveaux mots porteurs de sens.

Ainsi, si on a déjà codé beaucoup de mots avec les phonèmes /i, u, o, a, e, m, r,/ en codant par exemple mare, rame, âne, on se retrouve dans la situation de coder de nouveaux mots contenant le phonème du jour (/l/) en l'amalgamant avec ceux qui sont déjà connus.

  1. L'élève recherche mentalement un mot connu codable, par exemple /lune/. Il pointe successivement les trois graphies correspondant aux trois phonies de lune : l – u- ne et obtient le mot lune. Ce faisant l'association phonème-graphème est installée assurant le retour correct, /lune/.
  2. Il calligraphie lune. Il sait qu'il écrit lune, il lit lune, il ne le déchiffre pas.
  3. La dernière phase sera la consolidation de la lecture de ce mot en le retrouvant au sein de distracteurs pour que l'œil le reconnaisse, allant directement au sens.
    lune mal, nul, lune, mamie, lire, ami, ni, nid, lune, allo, mal, lame, lune, etc.
    On peut surligner tous les mots “lune” par exemple (utiliser un plastifiche).

A chaque mot nouveau proposé par l'élève, il a déjà exécuté une gymnastique phonologique pour y parvenir, celle qu'il a mise en œuvre pour parler.

L'apprenti remplace les phonèmes par les codes orthographiques en pointant (montrant) les bons codes. Il devra rééditer les trois phases indiquées ci-dessus pour lune. Par exemple si /lame/ est proposé :

  1. Pointage des graphies l – a – me sur l'écritoire
  2. Calligraphie de lame
  3. lecture reconnaissance de lame au sein de distracteurs.

On notera que la mémoire kinesthésique vient à l'appui des mémoires phonologiques et visuelles pour assurer la mémorisation du codage associant le mot vu et le sens.

C'est simple, efficace, gratifiant pour l'élève qui s'apprend ainsi à lire comme il s'est appris à parler. On ne lui enseigne pas la lecture, il s'apprend à écrire et à lire cet écrit.

Et en commençant par coder l'oral par écrit, l'élève utilise en majorité, dans plus de 85% des cas, l'archigraphème pour coder chaque phonème affilié au sens.

Dans les autres cas, il constate que plusieurs graphies à mémoriser codent spécifiquement les phonèmes, essentiellement pour faire droit au sens et par exemple ne pas confondre mer, maire et maire ou écrire football dont il faudra bien mémoriser les codes spéciaux.

On apprend à lire en trois mois

Des documents plus complets et directement utilisables, comme l'écritoire, sont à retrouver sur le site “ecrilu”. On apprend à lire en trois mois.

En CE2 on a un niveau de lecture de début de 6 ème .

Oubliez tout ce que vous avez appris pour faire décoder, en particulier le son des lettres, (ce serait plutôt les sons des lettres…) afin de ne pas confondre codage et décodage.

“en” ne se décode pas /en/. Pour savoir comment le visuel “en” se décode, il faut nécessairement commencer par coder les mots : /mentir, mener, cérumen, examen, solennel, viennent/ etc. Il n'existe pas de décodage universel, mais une lecture en souvenir du codage.

Pour savoir comment une ou des lettres se décodent, il faut nécessairement avoir commencé par coder les sens concernés.

Seul le codage orthographique du sens est totalement stable, c'est donc lui qu'il faut apprendre en commençant par coder les mots oraux par écrit.

Jacques Delacour
Directeur d'école honoraire