Voici une courte présentation d'un système d'apprentissage de la lecture que je trouve passionnant. Il s'agit de la “pépite pédagogique” dont je vous parlais récemment. Je suis tombé dessus un beau jour par le plus grand des hasards, et j'ai immédiatement été subjugué par sa logique, son cadre, sa limpidité et par la clarté des explications et la qualité des outils fournis gracieusement par son auteur, Jacques Delacour, à la communauté éducative.
Il s'appelle “écrilu”, et je vous en fais une petite présentation dans les lignes qui suivent. Venez, vous allez voir, c'est extrêmement intéressant.
L'apprentissage de la lecture…
L’apprentissage de la lecture, ce n’est pas un sujet facile à aborder entre enseignants. Parce que c’est intimidant. Combien de fois ai-je entendu des instits me dire « je ne prendrai jamais un CP, ça me fait trop peur ! »…
L’apprentissage de la lecture, c’est un sujet clivant, où on assiste à des guerres de tranchées pédagogiques, chaque spécialiste de la question étant persuadé de détenir la vérité, le Saint-Grââl, et envoyant des invectives à la tête de ses adversaires comme les gaulois d’Astérix s’envoyaient les poissons de ce pauvre Ordralphabetix…
L’apprentissage de la lecture, c’est un sujet commercial, et les éditeurs grands et petits débordent d’imagination pour convaincre les écoles de s’équiper de leur produit, combinant manuel pédagogique, fichiers élèves, livres, CD, albums, figurines en caoutchouc, affiches, affichettes, lettres aimantées, en 3D, en relief, boîtes de jeux et autres merveilles brillantes et clignotantes…
L’apprentissage de la lecture, c’est un sujet passionnant.
…C'est délicat
Je vous explique pourquoi j’ai tant attendu avant de publier cet article que je vous ai promis il y a de cela bien longtemps.
…C’est pour toutes les raisons énumérées ci-dessus. Et aussi pour une autre : ceux qui ont l’habitude de lire les articles de ce blog savent que le « jargon pédagogique » me donne des boutons. Et pourtant, je lui accorde une qualité. C’est celle de décrire des concepts subtils et souvent complexes en employant systématiquement le mot JUSTE.
Il fallait donc que je fasse un gros effort de rédaction, et j'ai eu un peu de mal à me lancer, allez, j'avoue. Vais-je arriver à écrire les lignes qui suivent en « français normal » ?
Bon, allez, cette introduction a assez duré, plongeons directement dans le grand bain.
Il existe une grande différence entre un élève qui maîtrise la combinatoire simple et un lecteur.
Un élève de fin de grande section qui a pigé la combinatoire saura sans souci lire une phrase du genre « Papa a une moto » et arrivera à produire lui-même de petits textes simples.
Mais ce même élève se trouvera bien coincé lorsqu’il tombera sur la phrase « Ce monsieur s’aide d’une béquille ».
Selon la méthode employée par son enseignant, le chemin pour lire cette phrase sera différent.
Pour caricaturer à l’extrême, s’il apprend à lire en « syllabique », il lui faudra une mémoire d’éléphant et un immense sens de l’analyse pour faire face à toutes les situations de lecture.
Et s’il apprend à lire en « global » et qu’il n’a pas par le passé photographié mentalement et donné du sens aux mots-images « monsieur » et « béquille », il se trouvera devant un hiéroglyphe.
(Je vous avais prévenu que je caricaturais, merci de ne pas me crucifier immédiatement. Notez de plus que je n’ai pas évoqué les méthodes dites « mixtes » ni celle dite « naturelle », mais le cœur y est).
Attention, pépite en vue
La lecture n’est pas qu’un déclic. La lecture n’est pas qu’un automatisme. C’est un cheminement cérébral complexe. On peut faire une thèse de mille pages sur le sujet (en pur jargon), on peut aussi tout simplement se mettre à la place de l’élève (oups, j’ai failli dire « de l’apprenant »).
Et c’est là que j’en arrive à ma trouvaille, à la pépite pédagogique qui m’a fait sursauter. Je crois être tombé par inadvertance sur quelque chose d’important.
Il s’agit d’un tout petit (mais très dense) site web monté par un enseignant, Jacques Delacour. Je ne connais pas ce monsieur, mais franchement, à la lecture de la page d’accueil de son site, j’ai immédiatement éprouvé du respect pour lui.
Coder-décoder
En quoi consiste son approche ?
Tout simplement à faire coder et décoder par les élèves des mots, du plus simple au plus complexe, mettant en action toutes les correspondances phonèmes-graphèmes possibles. (Voilà, ça y est, v’là que je parle en jargon, je vous avais prévenu que ce serait difficile à éviter !)
Je voudrais reprendre ici deux paragraphes de Monsieur Delacour, j’espère qu’il me l’autorisera … Ce sont tout simplement les deux premiers paragraphes de la page d’accueil de son site :
« Au lieu de placer l’apprenant illettré devant un texte qu’il ne peut pas lire, il faut lui proposer de coder du sens oralisé en remplaçant chaque son par une ou des lettres, puis de relire ce qu’il vient d’écrire. Ceci le conduit à disposer en réseau mémoriel, du sens, des sons et de leurs représentations orthographiques.
Il va ainsi respecter et rééditer la genèse de la communication écrite : il a bien fallu commencer par écrire, coder du sens-son, pour avoir la possibilité de décoder l’écrit obtenu, en mémoire des codages utilisés. Lorsqu’on commence par coder, le décodage est assuré dans 100% des cas. »
Au lieu d’être placé devant des énigmes impossibles à résoudre, l’élève va commencer par CODER des mots en les écrivant, sous la conduite de l’enseignant.
Concrètement, ça se fait comment ?
L'écritoire
A l’aide d’un tableau que Jacques Delacour a appelé « écritoire ».
Le tableau contient 36 cases, que l’auteur a appelé « cadres ».
Chaque cadre contient les différents codages d’un phonème.
Il y a 36 phonèmes en français, c’est la raison pour laquelle l’écritoire contient 36 cadres.
…Vous suivez ?
Par exemple, le phonème /z/ est présent dans les mots suivants :
- « Zéro » : dans ce cas, il s’écrira « z »
- « Onze », dans ce cas il s’écrira « ze »
- « Cerise », dans ce cas il s’écrira « se »
- « Ils lisent », dans ce cas il s’écrira « sent »
- « Que tu lises », dans ce cas il s’écrira « ses »
- « Deuxième », dans ce cas il s’écrira « x »
- Etc… (il y a d’autres occurrences).
Donc, le cadre du /z/ se présentera comme ceci :
Et ce sera ainsi pour chaque cadre/phonème.
Exemples :
Tout se passe ensuite sous la forme d’un dialogue avec le maître, qui utilisera un pointeur (une baguette) et des craies (ou des feutres Velleda).
Voici un court extrait du document de l’auteur à l’usage du maître :
“L'écritoire est le seul instrument pédagogique actuel qui permet à l’élève à la fois d'écrire ou/et de lire.
1. Coder, écrire : /J'ai attrapé un rhume…rhume/ l'enfant pointe le mot /rhume/ en pointant chaque graphème correspondant aux phonèmes du mot : “rh-u-me” et le maître écrira au tableau rhume, rhume, [rhume en cursive].
2. Décoder, lire : Quel que soit le graphème pointé, la colonne sonore où il figure indique sans erreur possible sa valeur sonore. Si le maître pointe rh- u (dans la colonne phonétique /o/) – m, l'élève décode et lit /rhum/.”
L'eau à la bouche
…Je vais m’arrêter là dans la description du système, parce sinon cet article sera trop long.
L’objectif était de vous donner en quelque sorte l’eau à la bouche, et de vous encourager à découvrir le site web de Jacques Delacour :
http://apprendre-a-lire.pagesperso-orange.fr
Je vous encourage notamment à lire attentivement la page d’accueil et à vous diriger ensuite vers la page des téléchargements, où vous trouverez une mine d’explications.
Bien entendu, nous reparlerons d’écrilu.
Si vous l’utilisez, merci de nous faire part de votre expérience en commentaires. Je vais contacter M. Delacour et l’inviter à nous parler de la mise en pratique de sa découverte.
Vus avez aimé cette approche ? Vous utilisez déjà l'écritoire , vous avez des conseils à donner aux lecteurs de cet article ? Les commentaires sont là pour vous !
Bonjour, j’utilise Ecrilu avec ma classe (des CP), pour la deuxième année. Je confirme, c’est une pépite pédagogique et didactique. Cette approche a révolutionné ma façon de voir, de comprendre l’apprentissage et l’enseignement de la lecture enfin je devrais dire de l’écriture et en conséquence de la lecture, voir même de la langue française!
Je travaille en REP dans un quartier où les enfants cumulent les difficultés mais la “magie” d’ Ecrilu fait que même avec ces élèves en grandes difficultés au départ, ça marche et les enfants sont transcendés dans leur rapport à la langue écrite. Ils réfléchissent sur la langue, sont sensibilisés à la précision de l’orthographe lexicale et même grammaticale, dès les premières séances! Ils sont attentifs aux mots et aux sons qui les composent. Je ne fais jamais de phonologie, bien sûr, mais tous mes élèves sont capables de décomposer tous les phonèmes de n’importe quel mot…bien entendu, puisqu’ils sont capables de le coder.
Vous les verriez…quel plaisir ils prennent lorsqu’ils sont devant l’écritoire, c’est vraiment impressionnant. Ils vivent ça comme un jeu et se battent pour être interrogés et pointer des mots sur l’écritoire. Nous sommes à la mi-novembre et avons déjà travaillé tous les sons! Malgré tout, chaque enfant évolue et travaille à son rythme puisque chaque nouveau pointage de mot est une occasion nouvelle de réviser les sons travaillés précédemment! Les enfants travaillent TOUS avec plaisir et motivation.
Dommage que vous soyez si loin de mon école, je vous aurais invité avec grand plaisir dans ma classe, car il faut le voir pour le croire!!
En tout cas cette façon d’aborder l’apprentissage de la langue écrite m’a beaucoup faite réfléchir et travailler. Cela a tellement transformé ma vie (professionnelle et même personnelle, du coup!!) que j’ai décidé de pousser la réflexion plus loin et de passer une thèse sur le sujet. J’ai la chance d’habiter près (1 heure de route) de chez M. Delacour qui m’a formée et avec qui je reste en contacts réguliers. J’ai d’ailleurs l’intention de le filmer pour pouvoir faire partager tout ce qu’il m’a apporté à d’autres collègues motivés, qui auraient compris, comme vous, la puissance de cette approche et qui auraient envie de s’y former.
Je viens de tomber sur votre article car je visite assez régulièrement votre site et quelle belle surprise…vous avez tout compris, ça fait plaisir, du bien, ça rassure (car ça n’est pas le cas de tous les collègues et on se sent parfois bien seule et terriblement critiquée lorsque l’on ne rentre pas dans les diktats pédagogiques de l’apprentissage de la lecture)!!!! Heureusement pour moi, cette année tout change, une amie-collègue est venue me rejoindre dans mon école et nous avons chacune un CP, dans deux classes contiguës. Elle constate les mêmes choses avec ses élèves, elle est également transcendée!
Une autre amie-collègue qui avait également demandé sa mutation dans mon école, après avoir adopté l’écritoire dans sa pratique en milieu spécialisé, elle désirait mettre en place Ecrilu dans sa propre classe, au quotidien. Elle a donc été “mutée” sur des CE2 et travaille l’orthographe avec l’écritoire. Elle note également une motivation et des prises de conscience incroyables grâce à cet outil. C’est tellement flagrant qu’une autre collègue de CE2, de la classe d’à côté a également installé un écritoire dans sa classe…elle constate également les mêmes résultats!
Encore merci pour votre article, une véritable bouffée d’oxygène! Car sur le terrain les résultats et surtout la motivation des élèves sont incroyables!
Si vous avez envie d’entrer en contact avec moi pour plus d’informations, n’hésitez pas, c’est avec grand plaisir que je vous ferai part de mon expérience de terrain!
Bien cordialement.
Céline Sauvageot
Bonjour Céline
Quel beau commentaire ! Merci !
Vous me confirmez dans mon intuition première : nous tenons là quelque chose d’important.
A très bientôt 🙂
Génial, merci de ce partage et je suis impatient de pouvoir voir cela en vidéos; Ma louloute (8ans) sait enfin lire,(4 ans d’apprentissage) fille de dyslexique sévère, elle est à l’école Montessori, et a apprit à lire à son rythme (moi j’ai appris vers les 25 ans et je suis actuellement prof de sciences physiques). J’hate de voir cela à l’oeuvre.
J’ai suivi le travail de céline Alvarez, et j’aimerai beaucoup que ces formidables progrès avance en synergie.
Merci de vos partages
(pour infos je pratique “la classe inversée” au lycée, véritable fonctionnement expérimental appuyé sur la communication efficace selon Th. Gordon et la compréhension des neurosciences)
Merci de ton témoignage J-J.
Il apporte de l’espoir aux dyslexiques et prouve qu’il n’y a pas de fatalité.
Bonjour et merci à Michel pour cette découverte et à vous Céline pour ce témoignage. J’ai une GS/CP et je ne visualise pas la façon dont vous travaillez. Quelle progression, comment commencez-vous? Avant de commencer à utiliser l’écritoire, les élèves doivent avoir une connaissance des phonèmes? (Si oui, lesquels?).Y a t-il un travail sur les syllabes?
Savez-vous s’il existe une ou des vidéos qui accompagneraient cet outil dans lesquelles on pourrait voir des élèves en action.
Cet outil me semble effectivement très intéressant. Merci d’avance pour vos réponses.
Bon dimanche
Bonjour Céline,
je pense travailler dans le même département que vous. Je remplace une maitresse E à titre provisoire cette année et j’ai découvert également le site de Mr Delacour (qui était instituteur dans le Doubs, d’après ce que j’ai lu) en début d’année et j’ai été très intéressée. Je me disais que les stagiaires qui étaient passés dans sa classe avaient bien de la chance. J’en ai parlé à quelques collègues, mais personne ne connaissait.Je souhaiterais voir fonctionner cet outil dans une classe avant de l’adopter et savoir comment on s’y prend pour démarrer…Accepteriez-vous de m’expliquer votre démarche ? Et peut-être que je vienne observer le fonctionnement dans votre classe ?
Bien cordialement,
Florence
Bonjour Florence…je n’avais pas vu votre message du 21 novembre…Michel “Tilekol”, pourriez-vous me transmettre l’adresse de Florence Bouchard pour que je puisse entrer en contact avec elle ou bien lui transmettre la mienne ? Nous travaillons dans le même département, il pourrait être très intéressant de se rencontrer !
Merci d’avance et bonnes fêtes à vous !
Céline
Bravo pour votre enthousiasme et le courage de persister dans la voie de l’encodage qui n’est pas encore admise par la majorité des collègues, les parents et jusqu’au Ministre !
De mon côté, j’ai travaillé de nombreuses années dans des CP et j’ai pratiqué la dictée à l’adulte tout en sensibilisant les enfants à l’écoute des phonèmes pour faciliter la correspondance phonèmes-graphèmes car cela me parait un passage obligé avant d’utiliser le pointeur.
Je souhaiterais entrer en contact avec Jacques Delacour mais je n’ai pas encore découvert son adresse courriel dans tous les articles que j’ai lus.
Alors si vous pouviez me la communiquer, je vous en serais très reconnaissant.
Bien cordialement. Robert TEYSSIER
Bonjour Robert
Pourquoi ne pas utiliser simplement le formulaire de contact qui se trouve sur le site de Jacques Delacour ?
http://apprendre-a-lire.pagesperso-orange.fr/
Merci pour cette info: je n’avais pas vu qu’il existait cette possibilité sur le site de J. Delacour.
Je vais compléter le formulaire.
Robert Teyssier
Bonjour
Je suis en contact avec jacques Delacour qui m’a fourni les documents écrilu. J’ai actuellement un ce1 et deux élèves allophones qui ne savent pas lire. je vais tester avec eux batimots avec des cubes de graphèmes.
D’autre part, j’ai l’opportunité de prendre pour la première fois une classe de CP l’année prochaine ou en 2019 (selon départ en retraite). J’ai trouvé cette approche très intéressante mais j’ai des questions quant au déroulement de la journée, de la semaine, de l’année, de programmation…
Bref une expérience de terrain me serait utile.
Si vous pouvez rentrer en contact avec moi, cela me serait une aide précieuse.
A bientôt
Bonjour,
Idem j’ai aussi des questions quant au déroulement sur la journée/semaine.
Comment vous êtes-vous finalement organisé ?
Cordialement,
Pauline
Bonjour à vous,
Séduite par le principe (Professeure de Lettres en collège), je me demandais si vos vidéos avaient été réalisées..
Merci par avance.
Bien cordialement.
Babette.
Oui ! Coder pour décoder !
Et dès la maternelle 😉
Et merci Maria Montessori…. !
Distinguer les sons / Apprendre le code / Coder pour ensuite… / Decoder !
et pourquoi ça a déjà un siècle et toujours “aussi peu” répandu dans les écoles et pas abordé ni adopté dans la formation initiale des enseignants ?
Désolée pour cet élan, pour moi aussi cette démarche (“écrire pour lire”) a été une révélation…
je suis bien contente de voir un prolongement de cette démarche pour le CP…
Bonjour Maîkresse
Merci de faire dans ce commentaire le lien maternelle-CP !
Bonjour à tous, je me permets de vous laisser un petit message sur l’apprentissage de la lecture en lien avec la thématique de l’article. Professeur pour les enfants sourds nous sommes confrontés à des problématiques multiples pour la lecture, vous vous en doutez et par conséquent pour l’écriture également. Dans notre institution, nous accueillons également les enfants à troubles spécifiques du langage que ce soit oral ou écrit ( la célèbre sphère des DYS).
Une orthophoniste du nom de Brigitte Roy et un professeur spécialisé CAPEJS (Certificat d’aptitude à l’enseignement auprès des jeunes sourds) ont crée une méthode qui peut également s’utiliser comme simple outil : la méthode ALOE et pour l’avoir testée cela fonctionne très bien. Si cela vous intéresse voici le lien pour avoir des explications : aloé.com
J’espère que cela pourra aider certains qui cherchent comment aider les élèves en difficulté.
Merci Violaine.
C’est bien la première fois que je vois un nom de domaine avec un e accentué… Spécification française.
Lecteur, si tu tombes sur un site vendant des produits à base d’aloe vera, tu as oublié l’accent 🙂
Sur le fond, il semble qu’Aloé soit une méthode de lecture, ce qui n’est pas le cas d’écrilu.
Merci pour l’information !
Bonjour,
je suis enseignante en maternelle depuis quelques années et avec des moyens grands cette année. Je suis aussi maman de 3 enfants et mon deuxième est en CP cette année et même si nous ne sommes qu’en novembre je sens que la lecture n’est pas facile pour lui et je m’interroge depuis pas mal d’année sur la sensibilisation des enfants à la lecture dès la maternelle…..Tout ça me donne vraiment envie de découvrir cette pépite.
Merci beaucoup Michel pour ce partage….
PS : contente de te retrouver après ce moment de silence, bien à toi cher Michel
Bonjour Christelle
Pour la maternelle, je reviens toujours à mon autre pépite : “De l’écoute des sons à la lecture” de Thierry Venot. Combiné avec les Alphas, ça fonctionne vraiment bien.
Et… construire un écritoire, très très progressivement, en grande section… Hummm, ça doit être intéressant.
Merci pour ces informations plus précises et personnalisées!!
Maîkresse Anne : “Oui ! Coder pour décoder ! Et dès la maternelle ? Et merci Maria Montessori…. !”
Montessori raconte les débuts de ce qui s’appellera la méthode Montessori dans les pages suivantes (lien). Les enfants écrivent d’abord, puis ils s’aperçoivent qu’ils peuvent lire ce qu’ils ont écrit : Début de l’enseignement, La lecture – l’écriture
Commentaire de Jacques Delacour : https://www.meirieu.com/PATRIMOINE/montessoridelacour.pdf
Ah, tu as toujours le petit lien approprié 🙂
J’ai eu la même expérience que celle décrite par Maria un jour où, en début d’année, quelques élèves étaient dans un coin en train de jouer avec les figurines des Alphas.
L’un d’elle, toute excitée, m’a appelé : “Maître, viens voir, j’ai écris “Morue” ! ”
Elle avait aligné le Monstre, Monsieur O, le Rrrrobinet et Mademoiselle U.
Je ne résiste pas au plaisir de recopier le paragraphe de Maria où elle décrit la scène. C’était exactement ça, avec un siècle d’écart :
“Un enfant se mit à écrire. Sa surprise fut telle qu’il cria de toutes ses forces : « J’ai écrit ! J’ai écrit ! » Ses camarades accoururent, intéressés, regardant les mots que l’enfant avait tracés par terre avec un petit morceau
de craie blanche. « Moi aussi! moi aussi ! » crièrent d’autres enfants, et ils se dispersèrent. Ils allaient chercher des moyens d’écriture ; quelques-uns se groupèrent autour d’une ardoise, d’autres se couchèrent par terre et, ainsi, le
langage écrit fit son apparition comme une véritable explosion.”
Je trouve çà génial !! Quand ma fille a eu quelques difficultés à apprendre à lire, l’orthophoniste a utilisé un “écritoire” similaire et çà a débloqué beaucoup de choses. Je comprends maintenant d’où venaient ses sources…
Merci pour ce partage…
Merci Amandine.
Tu as employé un mot exact : “débloqué”. Je pense que j’écritoire est un gros outil “débloqueur”…
Je dirais même qu’employé dès le début de l’apprentissage, l’écritoire évite carrément les blocages!
C’est pourquoi je suis totalement d’accord avec ce que disent Michel, Anne et Spinoza 1670 : faire coder les enfants dès la maternelle! Bien sûr que c’est naturel pour eux…et en plus c’est efficace car cela débouche naturellement sur la lecture (décoder ce qu’ ils savent déjà coder)! Les enfants le sentent et ne cachent d’ailleurs pas leur plaisir…et ensuite quel bonheur pour nous, les enseignants de CP, d’accueillir en septembre, des petits élèves-codeurs dans nos classes! Malheureusement, pour l’instant, ceci n’est encore qu’un rêve!
Merci Michel pour cette découverte. Je suis enseignante depuis quelques années en GS-CP et je n’avais encore jamais entendu parler de l’écritoire. Je sens que je vais encore passer quelques heures à découvrir cet outil qui paraît extrêmement intéressant.
J’ai évidemment plein de questions en tête (comment mener les séances de lecture, quels devoirs le soir…), mais je vais essayer de trouver les réponses sur le site de M. Delacour.
Encore merci Michel d’avoir l’art de dénicher les pépites et de les partager avec tout le monde!
Laissez-moi vos questions à partir de mon site. Céline va essayer de mettre en musique quelques vidéos pour répondre aux principales questions qui peuvent encore retenir d’essayer d’utiliser “écrilu”. Je pense que nous pourrons en faire profiter Tilékol en même temps qu’un site dédié.
Grand merci à Tilékol (Michel) qui a su découvrir le “pépite” !
Comment commencer avec ecrilu
Comment franchir le pas.
D’abord s’assurer d’une bonne compréhension du système écrilu qui n’est pas une méthode de lecture, mais un codage de l’oral en écrit (une écriture) donnant les clés de la lecture. Merci à Michel qui a très bien compris cela. Consulter le site :
http://apprendre-a-lire.pagesperso-orange.fr/
Le concept de codage, ignoré et mal connu des décodeurs doit avoir été bien compris. On peut se reporter aux articles parus sur le site de Meirieu :
http://www.meirieu.com/FORUM/codalpha_delacour.pdf
http://www.meirieu.com/FORUM/delacour_codage_inhumain.pdf
http://www.meirieu.com/ECHANGES/codage_communication_delacour.pdf
Et le plus important reste à faire : prendre et assurer la décision de faire profiter ses élèves de cette approche de la communication écrite. C’est une décision courageuse et qui engage. Certes, une fois les premiers résultats là on est tellement stupéfait de la participation active des élèves et de leurs progrès que rien ne pourra nous faire revenir en arrière.
Si vous êtes parvenu à pointer vous-même tous les mots de votre vocabulaire qui vous passeront par la tête, alors vous pourrez aider les élèves à pointer, à coder. Vous l’avez compris, le premier travail c’est de pointer des mots à l’orthographe dite opaque selon certains. Par exemple tee, alcool, oolithique, coopération, chêne et chaîne, lion et loin, convient et convient, est et est, as et as, etc. Posez-vous des problèmes pour bien observer comment le pointage permet de différencier les homophones, de respecter l’orthographe, et voyez qu’il est impossible de pointer hors du sens. Lorsqu’on pointe, on pointe du sens en transformant le mot oral en écrit. Pendant le pointage on constate qu’aucun son ne se code de façon stable, seul le sens va déterminer l’écriture. Vous comprenez ainsi qu’il ne faut plus demander l’écriture d’un son ou d’une syllabe en dehors du sens (est, es, aie, aies, aient, haie, hait…) pas plus qu’il ne faut lire une syllabe (lo se trouve dans le codage de 9 sons et se lit de 9 façons différentes).
Si vous faites confiance à l’enfant et en ses grandes capacités au niveau linguistique, alors il va coder en pointant les bonnes orthographes avec votre aide. Il a appris à parler sans votre aide, il apprendra à lire quasiment sans votre aide. Vous lui enseignerez seulement les orthographes des codages. Pour le reste, si vous avez la bonne idée de lui demander à l’écrit ce qu’il a réussi à l’oral, alors il trouvera les jeux amusants et passionnants.
Il aimera écrire et lire des suites :
ma, mare, mari, maria, mariage
Il combinera les sons donc les graphies avec délectation :
cor, roc, orque, croc, ocre
Il substituera un son à un autre
pâle, poule, pile, pull, pôle (cela peut entraîner un brouhaha à canaliser)
il aimera lire à l’envers, renverser les mots:
lune, nul ; mal, lame ; sort, rosse ; crabe, barque…
Il n’est plus passif, il devient proposant, actif, s’emparant des sons et des graphies pour écrire. Et tout commence par là. C’est vrai historiquement, il a bien fallu écrire pour lire, c’est vrai d’expérience : voir les écrits de Javal, Freinet, Ferreiro, et Montessori (8 pages avec mes commentaires) :
http://meirieu.com/PATRIMOINE/montessoridelacour.pdf
Bref il jouera avec l’algèbre du langage dont parle Vygotski (ça fait bien de le placer dans ce genre d’échange !). Il sera toujours en contact avec le sens, il n’aura pas à attendre la fin du décodage pour peut-être parvenir au sens. C’est le sens qui commande tout, donc à la lecture on recherche du sens. On ne donnera donc jamais de non-mots à lire pour huiler une mécanique “voilée”. D’ailleurs pour constituer les non-mots que fait-on ? On assemble des codages dits majoritaires ! On écrira afati pour obtenir /afati/, mais on aurait pu écrire ephetee (/a/ de femme et /i/ de tee)…
Et si on fait intervertir des phonèmes initiaux, on s’arrange toujours pour que le résultat final ait du sens, or je peux lire ici ou là des propositions comme citron/bateau ⇒ bitron/sateau ! Voyez dans le livre d’accompagnement que je propose sur mon site des échanges respectant le sens comme pousse/tome donnant tousse/pomme.
Surpris par la participation des élèves (ce que raconte Montessori sera réel dans votre classe), laissez-vous porter par l’enthousiasme et leur faim de savoir. Ils viendront vous demander : “et ça c’est quel son?” pour l’enrôler dans l’écriture de mots comportant ce son. Ce sera alors le jour du “ou” : pou, roue, mou, toux, tout, et on allonge poulain, rouler, mousser, tousser. Que du bonheur et de la création.
Votre métier va prendre une autre dimension, votre travail très éprouvant la première année car il faut complètement changer son point de vue et toutes ses préparations, deviendra facile, vous aurez plaisir à “suivre” vos élèves qui chaque année vous entraîneront dans des mondes nouveaux. Des milliers de questions se poseront : doit-on faire de la phonologie, faut-il attendre les retardataires, comment faire lire vite et bien, etc. D’ici trois ans vous serez complètement au point, capable d’aider un débutant se lançant dans l’aventure. Bonne route à tous et si je peux donner des conseils, je ne peux pas vous conseiller. Il est plus facile de dire ce qu’il faut éviter (c’est une certitude) que d’indiquer un chemin (c’est une option, une responsabilité). Une seule chose à retenir : faire coder, écrire, la lecture va jaillir comme par enchantement, en aidant un peu les élève quand même !
Et si tous les élèves de votre classe de CP sortaient en juin en sachant lire, comprendre ce qu’ils lisent ? C’est possible, on l’a réalisé durant des années dans mon école (j’ai bientôt 80 ans). Mais ça ne prouve rien, tant que vous n’apporterez pas votre témoignage confirmant l’efficacité incroyable des enfants s’emparant de ce processus de conquête de l’écrit. Quelque chercheur audacieux finira bien par venir voir et essayer de comprendre, ça peut arriver !
N.B. Nous allons travailler à des vidéos, posez-nous vos questions.
Bonjour,
cela ressemble fortement à la méthode Guattegno, utilisée dans “La lecture en couleur”. Le tableau est alors appelé “Fidel” et présente tous les sons dans des couleurs différentes. Je l’ai vu être utilisée pour l’apprentissage de la lecture et l’écriture pour des personnes d’origine étrangère et proposée pour des enfants dyslexique.
Bons essais à tous et merci Michel pour ce partage.
C’est tout à fait ça Fanecole, M. Jacques Delacour s’est inspiré de la lecture en couleurs et particulièrement du Fidel de Gattegno (qu’il cite sur son site Ecrilu). Il y a enlevé les couleurs, a ajouté tout un travail d’analyse sur le codage – décodage et une documentation riche d’exercices et de situations pour travailler avec les élèves.
Gattegno a lui même récupéré le système de lecture en Éthiopie. Mais l’approche reste celle du décodage et pas celle du codage. Simplement, ayant constaté que les graphèmes de plusieurs lettres ne permettaient pas de décoder les lettres (a ne se décode pas /a/ dans pain, il a eu l’idée d’un code de couleur parfaitement biunivoque : tous ce qui se décoderait de la même façon serait de la même couleur (on, om, omb, etc.). Mais pour comprendre l’écrit, il faut comme les premiers inventeurs commencer par coder. Ecrilu est une méthode de codage s’ouvrant sur le décodage. Ce n’est pas parce que “e” est de couleur blanche dans femme que ce “e” se décode /a/, mais parce qu’on a codé l’entendu /fam/ avec “femme” qu’on peut lire ce mot lorsqu’on débute. C’est un changement total de point de vue qui rend à l’enfant la découverte de l’écrit. Il n’est plus dépendant du maître qui sait tout et lui apprend ainsi à obéir à l’autorité. C’est, philosophiquement parlant, d’une grande importance.Avec les tableaux de Gattegno il suffit de faire coder l’enfant au risque qu’il s’appuie trop sur la couleur pour lire et en oublie l’orthographe.
Dire que dans femme, la lettre e se prononce /a/ m’amène à poser la question de la correspondance phonèmes/graphèmes. Quand j’allais moi-même à l’école primaire, il y a bien longtemps, l’institutrice disait toujours que lorsqu’on n’avait pas la place d’écrire un mot en entier en bout de ligne sur son cahier, il fallait le couper entre deux syllabes et mettre des tirets de chaque côté et que lorsque le mot comprenait une consonne double, il fallait couper entre les deux consonnes. Cette règle a-t-elle changé depuis que nous sommes passés au vingt et unième siècle ?
Car si la règle demeure, alors c’est que les deux consonnes de femme n’ont pas la même valeur phonétique: le premier “m” fait partie de la première syllabe et donc du graphème “em” et ce sont ces deux lettres qui forment le phonème /a/. Selon moi, il en va de même pour le mot “elle”: le premier phonème se prononce /è/ et s’écrit “el”, le second phonème se prononce /l/ et s’écrit “le”. Et il en va de même pour tous les mots qui contiennent des consonnes doubles. Qu’en pensez-vous ?
Bonjour Robert
Vous me demandez ce que j’en pense ?
J’en pense que la langue française est une merveille de subtilité, une mécanique de précision, un édifice incroyable et que la quête de sa maîtrise est un voyage en pays merveilleux. Pour ceux qui sont partants pour le voyage.
J’en pense aussi que pour les jeunes enfants, l’apprentissage de la lecture est un processus que l’enseignant facilitera plus ou moins, selon son approche, son instinct, sa technique, sa relation avec ses élèves. Appliquer automatiquement une méthode donnée ne donnera pas forcément des bons résultats. C’est aussi une question d’engagement et de communication.
Concernant l’exemple du mot “femme”, bien entendu, on est en pleine subtilité. D’ailleurs, cela me fait penser qu’ici, à l’île de la Réunion, la prononciation en est légèrement différente, avec plusieurs variantes. D’ailleurs la graphie suggérée par les promoteurs de l’écriture phonétique du créole est en général “fanm”, ce qui finalement se rapproche de votre analyse concernant le graphème “em”…
On peut aussi prendre en compte la raison pour laquelle “femme” se prononce “fame”. Le mot provenant de “femelle”, et “feme” (“feume”) étant assez difficile à prononcer, il a évolué dans sa prononciation vers “fame” tandis que la graphie restait “femme”. Je pense que les élèves de CP sont capables de comprendre cette explication, et pourront ancrer en eux le codage “parfois, e = a”.
Et en y réfléchissant un peu plus, je pense que la règle typographique qui consiste à mettre un tiret entre les deux consonnes a vu le jour tout simplement pour faciliter la fluidité de la lecture du mot coupé en deux.
Bonjour,
J’étudie en ce moment la méthode pour l’appliquer à mes enfants; cependant j’ai un petit problème avec le logiciel “Ecrilire0”. En cliquant, sur les douze rectangles, aucun mot ne s’affiche et cela pour tous les fichiers relatifs aux phonèmes. Merci d’avance pour toute aide.
Ps: A M. Jacques Delacour
J’espère que vous vous êtes très bien rétabli de votre opération.
Bonjour Youcef,
Avez-vous bien téléchargé tous les fichiers ? Les avez-vous bien groupés dans un dossier unique ?
Je ne vois pas d’autres causes du mauvais fonctionnement
Cordialement
J.D.
Bonjour Jacques,
J’ai repris le téléchargement des fichiers depuis le début et tout mis dans le même dossier. ça marche! Merci pour le conseil.
Bonne journée à vous!
Bonjour,
on ne peut plus rien télécharger sur le site ecrilu….