Faire entrer l'école dans l'ère du numérique ? On y est. Toute l'école, de la petite section de maternelle au CM2. Le cas de la maternelle est quand même assez particulier, et avant de foncer tête baissée, ne pensez-vous pas que nous devons prendre le temps de réfléchir un peu à la question ?
Gouache ou tablette ? Crayons de couleurs ou imprimante ?

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Complémentaires ou opposés ?
Cela fait bien longtemps que l'informatique est entrée dans nos vies. Mais la révolution de l'informatique en a précédé une autre, bien plus profonde, qui bouleverse non seulement nos existences, mais aussi l'économie et la culture.
Cette deuxième révolution s'appelle : “numérique”.
La différence entre informatique et numérique ?
Grosso-modo, l'informatique, ce sont les appareils et les logiciels, et le numérique, c'est le contenu qui est traité, transformé, créé, mis à notre disposition par ces appareils électroniques.
- L'industrie du disque a été chamboulée par la numérisation de la musique, qui était auparavant transportée par des supports physiques et qui prend désormais la forme de fichiers numériques.
- Pareil pour l'industrie du cinéma et, dans une certaine mesure, pour la télévision.
- Même chose pour l'industrie du livre, qui fait l'objet en ce moment même d'une mutation totale.
- Idem pour les relations humaines, qui se font en grande partie désormais par le biais de réseaux sociaux, de conversations en ligne, de vidéos que chacun peur enregistrer et diffuser à partir de son smartphone…
Je ne vais pas dresser le tableau complet des changements apportés par le numérique dans nos vies, je ne suis pas assez compétent pour cela et des armées de programmeurs, de psychologues, de sociologues, de philosophes, pourraient en débattre pour l'éternité.
Je voudrais juste redescendre un instant dans le quotidien des enseignants et réfléchir avec vous à la réalité des classes de maternelle et des petits enfants qui les fréquentent.
Des humains tout neufs
Ils sont tout neufs. Ils découvrent le monde qui les entoure. Leur corps est en construction, leurs muscles, leur système nerveux est en construction. Leur cerveau est en construction.
Leur rapport au monde, au concret, au symbolique, aux individus, aux objets, aux matières, aux fluides, aux animaux, est en construction.
C'est une étape fondamentale dans l'existence, à ne pas rater. Tout se joue avant six ans, et c'est bien pour cela que l'école maternelle est une invention extraordinaire, qui ne doit certainement pas être mise dans le même panier que celui de l'école élémentaire.
Entrez dans une classe maternelle, qu'y voyez-vous ?
Des enfants qui jouent. Qui parlent entre eux.
Des enfants qui trempent leur pinceau dans la gouache, qui s'émerveillent devant un crayon de couleur jaune.
Des enfants qui collent, déchirent, découpent.
Des enfants qui font des constructions avec des cubes, des “Kapla”, des “Bambouchis”. Qui prennent un bout de bois pour un camion et un morceau de tissu pour une robe de fée.
Des enfants qui font de la musculation en malaxant des morceaux de pâte à modeler.
Des enfants qui apprennent à tenir un objet scripteur et qui, progressivement, s'entraînent à le manier avec une dextérité croissante. Jusqu'à arriver à écrire quelques mots “en attaché” à la fin de la grande section.
Des enfants qui sont dans le réel, dans la communication, dans les activités manuelles, dans le jeu instinctif, qui rient, pleurent, courent, transpirent, tombent, se relèvent, apprennent avec avidité.
Quelle place pour le numérique là-dedans ?
Attention, ne vous méprenez pas. Je baigne dans le numérique, je maîtrise l'informatique, je suis un vrai “geek” et j'adore ça.
La musique que j'écoute est numérique, les films que je visionne ont transité par mon ordinateur, je collectionne les liseuses et les tablettes, je crée et consomme des vidéos, je communique en numérique, j'ai d'ailleurs un blog que vous êtes en train de lire en ce moment.
Et je suis enseignant en maternelle.
Et je m'interroge.
Bien entendu, il est absolument hors de question de bannir le numérique de ma classe. En ce moment, par exemple, nous expérimentons un iPad par classe dans mon école et cette expérience est très positive.
Simplement, je me dis que les enseignants de maternelle doivent faire attention.
Attention, défi
L'irruption du numérique doit être un “plus” et non pas un “à la place de”. Il ne doit pas couper les élèves, même de manière minime, des sensations tactiles, olfactives, gustatives, aux seuls privilèges de l'ouïe et de la vue.
Il ne doit pas être un frein à la production, à la création, à l'expérimentation, en se limitant à la consommation de “bonbons numériques”, comme les appelle fort justement Véronique Favre sur son blog passionnant “doigtdecole“.
Nous devons nous méfier FORTEMENT de NOMBREUSES “apps” qui ont été réalisées par des personnes qui ne sont pas des enseignants et qui peuvent provoquer de mauvais apprentissages. Je pense notamment (mais pas seulement) aux applications “d'écriture” sur tablettes qui prennent comme base des polices de caractères totalement délirantes.
Nous devons développer des usages qui sont en harmonie avec la construction physique et mentale des enfants.
Un sacré défi, un défi passionnant.
Bien entendu, nous avons tous besoin de votre commentaire, juste là-dessous. La discussion est lancée.
Pas uniquement la discussion, d'ailleurs. Le numérique, l'école, le matériel, les expérimentations, les témoignages, tout ceci sera le fil rouge de ce blog jusqu'à la fin de cette année.
Nous allons échanger, communiquer, partager, et même créer ensemble. Grâce au numérique!
Tout à fait d’accord ! J’expérimente puppets pal qui est une variante sur iPad Des théâtres de marionnettes traditionnelles. Très motivant pour les enfants. Beaucoup d’applications d’art très intéressantes à regarder. Encore peu de bonnes applications notamment pour les mathématiques. Ça ne doit pas enlever la manipulation traditionnelle et indispensable. On doit apprendre les tablettes comme un outil de culture générale.
“Une variante sur iPad des théâtres de marionnettes” : fais-tu le lien avec les marionnettes physiques avec tes élèves ? Utilisent-ils aussi de vraies marionnettes, en groupe, avec un public “vivant” et non pas en solitaire devant une vitre d’écran ?
La tablette, pour nos élèves, n’est pas un objet mystérieux voire effrayant, comme certains adultes, pourraient la voir!! Pour eux, cela est un objet, certes nouveau, mais qui les attirent car ils sont curieux de tout!!
Je me souviens, il y a 15 ans, quand on a réclamé, avec ma collègue, un ordinateur pour l’école (alors que nous même nous n’y connaissions rien), il nous a été répondu par certains “qu’ils apprennent d’abord à écrire avec un stylo avant de le faire sur un clavier”.
Il me semble que les mentalités ont changé face à l’outil informatique. Mais pour autant dans mon école, ce n’est pas la panacée: les ordinateurs vieillissants sont peu à peu remplacés, un seul TBI ( classe des CE)pour 6 classes! Mais chaque classe a un ordinateur!! On va quand même prochainement équiper les 3 autres classes de primaire de TBI mais en maternelle nous aurons “juste” un vidéo projecteur.
Alors les tablettes, on va attendre encore …. et en attendant, je viens d’en acquérir une, perso, et elle passe de main en main dans la famille: il faut prendre un ticket pour y mettre la main dessus!!
Tablettes, ordinateurs, ce ne sont que des objets informatiques.
Ils ne posent aucun problème aux enfants.
Mais la question du contenu numérique dans sa globalité réclame une réflexion.
Pour qu’en maternelle, il s’intègre en respectant les besoins réels des jeunes enfants.
Et certainement pas au détriment des “vrais” encastrements, de la pâte à modeler ou de la peinture, par exemple. Ca me paraît fondamental et je suis certain que ce sera la grosse difficulté de l’avenir proche.
Tout est question de dosage dans l’utilisation des outils: du crayon au pinceau, de la “pâte à moler” au jeu de construction, de l’album à la liseuse, de la feuille papier à la tablette.
Merci pour cette mention du billet “bonbons” ;-).
Je ne peux que souscrire à 200% à chacun des mots ci-dessus !
Je “milite” (ah, c’est le mot qui me vient spontanément) … je suis convaincue disons, par une intégration du numérique en ce qu’il apporte de BONUS, de plus, de plus-value, de mieux …
Intégrer le numérique c’est (de mon modeste avis) faire en sorte que cet outil (nouveau oui) (la nouveauté peut faire peur … aux adultes, les enfants s’en sortent très bien !) intégrer donc en essayant de rechercher un équilibre (je souligne) constant entre les approches sensibles, tactiles, concrètes et sensorielles d’une part et numérique d’autre part : livres sonores (voix des élèves ou de l’enseignant enregistrées), films, apps pour s’entraîner, découvrir, apprendre.
Car c’est bien le fin mot de l’histoire : apprendre.
N’y aurait-il qu’une seule manière d’apprendre ?
Peut-on faire confiance aux enseignants, nombreux, qui PENSENT leurs enseignements avec le numérique ?
à bientôt 🙂
véronique
Bonjour,
Je découvre ce site grâce à un collègue. Et je remercie ses créateurs car je me sens d’un seul coup un peu moins seule !!
Pour moi il est évident que le numérique est une des manières d’apprendre et ne doit pas remplacer tout ce qui existe en maternelle et fait sa richesse.
Mais après avoir monté une petite salle informatique avec l’aide des parents d’élèves, je me suis rendu compte que cet outil permettait, par l’intermédiaire de nombreux logiciels gratuits, de remotiver et de remettre en activité des élèves en difficultés, qui s’étaient habitués à une certaine passivité dans les ateliers dirigés en classe.
Il ne s’agit pas de proposer de nouveaux apprentissages qui doivent faire l’objet d’ateliers en classe (situation problème, manipulation, échanges entre pairs, médiation de l’enseignant) mais de les proposer sous une autre forme qui, pour des raisons que je ne m’explique pas forcément, remettent certains élèves en situation de recherche et leur permettent d’avancer. Nous avons créé un outil dans l’école en classant les logiciels par domaine d’activité et compétence travaillée, qui nous permet de coller au plus près des besoins de chaque élève. Grâce à un simple tableau à double entrée (prénoms et compétences) que nous complétons au fur et à mesure de leurs réussites, je peux mesurer leurs progrès et l’efficacité de l’outil numérique.
Mais cette salle n’est pas toujours accessible pour différentes raisons. Je suis donc en train de tester des tablettes tactiles dans ma classe que les élèves utilisent 45 mn par jour, par groupe de 8. Elles ont l’énorme avantage de ne pas séparer, cloisonner les élèves derrière leurs écrans. Ils discutent et partagent leurs expériences. Ce que je dis à l’un bénéficie à l’ensemble du groupe.
Les consignes sont passées aisément pour tous le groupe. Je les trouve donc plus intéressantes que les classes mobiles de PC portables. MAIS je ne peux pas utiliser mes logiciels habituels… J’ai demandé à la Direction Académique quelles applications je pouvais utiliser, pas de réponse. Je n’ai pas le temps de faire des recherches très poussées mais je n’ai pas trouvé d’applications intéressantes. Je fonctionne donc sur des sites de jeux Internet comme la maternelle de Lulu, mais je regrette de ne pas pouvoir utiliser d’autres logiciels ou des applications pour utiliser cet outil pleinement.
Est-ce que parmi vous certains utilisent des tablettes tactiles en maternelle et souhaiteraient partager leur expérience avec moi?
Merci d’avance.
Bonjour Véronique et Sophie, et un grand merci pour vos commentaires très intéressants.
Sophie, ta question va bientôt trouver une réponse 🙂
C’est LE thème qui me concerne cette année…
Pour dresser le tableau, je travaille dans une petite école maternelle de 3 classes et j’ai des MS/GS. Une amie ayant elle aussi des MS/GS dans une autre école s’est fait installer un TBI dans sa classe il y a 2 ans… J’étais sceptique… Pourquoi ? Parce que je passe beaucoup de temps sur mon ordinateur (et une grande partie de ce temps pour travailler), mais à la maison, pas de télé dans la pièce de vie, pas d’enfants (5 et 9 ans) devant une console… Nous sommes souvent considéré comme des dinosaures, voire des dingues… Mais on assume (et le débat n’est pas là).
Ma grande crainte était de voir cette génération qui passe déjà beaucoup de temps devant des écrans, devant un écran de plus, passive et bouche ouverte.
Cette fameuse amie m’a beaucoup parlé de l’évolution de sa pédagogie, m’a montré des vidéos de ses élèves… J’ai réfléchi, potassé, cherché… puis j’ai pris contact avec mon ATICE pour envisager un prêt dans ma classe l’an dernier pour me faire ma propre idée. Pas de disponibilité.
J’ai monté le projet… et le nouvel ATICE de la circo est venu avec une barre mimio au mois de septembre… Je me suis donc lancée dans mon expérimentation. J’ai choisi dans un premier temps de ne faire que mes rituels avec le TBI, en reprenant les mêmes images qu’avant, les mêmes pictos… (mon choix depuis le départ, est, comme pour tout le reste de mon travail, de créer mes propres supports).
J’ai été épatée moi même par le résultat. Mes élèves n’étaient pas du tout passifs, mais bien plus attentifs et acteurs qu’avant !
Pour faire court car je peux en parler pendant des heures, depuis je fais une partie de certains ateliers avec le TBI… Mais il n’est pas toujours allumé et pas toujours utilisé. Je l’utilise vraiment comme un outil de plus dans ma palette mais pas à la place de.
L’ATICE est passé il y a quelques jours dans la classe. Nous avons justement parlé du risque de vouloir “trop” utiliser un TBI, au détriment de la manipulation.
Je pense comme je l’ai lu dans un commentaire précédent que les enseignants de maternelle savent à quel point la manipulation est capitale, et qu’un stylet ne remplacera jamais un crayon, des jetons, de la pâte à modeler… Je pense (et j’espère!) que tout le monde est conscient du dosage numérique qu’il faut réaliser, sans oublier de les laisser patouiller, expérimenter et bidouiller… 🙂
Ah !!! Je suis certaine une fois de plus que les articles à venir vont être passionnants !!!
Bonjour,
comme toujours, un sujet intéressant, abordé sous un angle intelligent : merci Michel.
Je trouve que le TBI est un excellent outil dans une classe (il y en a un dans la CLIS de l’école, que nous pouvons aller utiliser si besoin. Les autres classes se “contentent” de projecteurs) : cela permet de focaliser l’attention, d’avoir un visuel “propre” et aux élèves de manipuler et d’agir aux yeux de tous ou en atelier.
Pour les tablettes, je pense que ça peut être une façon d’équiper une classe à moindre coût (6 tablettes valent moins cher que 6 ordinateurs. Quoique…) et en gagnant de la place. Mais comme le soulignait Sophie l’offre d’applis est très insuffisante. De plus, comme le dit Serge Tisseron : avec une tablette on utilise seulement 2 doigts, à un âge où on devrait apprendre à en utiliser 10.
Alors la question reste ouverte… Mais tant que nous n’aurons ni les moyens financiers ni les formations nous permettant de découvrir et utiliser correctement tous ces outils, je crains que l’ére du numérique ne s’arrête à la porte de beaucoup de classes. Dommage.
Hello Marion.
Quelques remarques “réflexes”, à chaud, à la lecture de ton commentaire par ailleurs très intéressant :
-Il y a des tonnes d’applis, il faut prendre le temps de les explorer pour découvrir les “pépites” (ou pas !)
-Pour que les élèves ne soient pas des consommateurs d’applis mais des créateurs de contenu, les applis “de base” doivent être exploitées à fond : la qualité l’emporte sur la quantité…
Par contre, je ne comprends pas la phrase de Serge Tisseron… Je suis actuellement en train de taper ce texte sur un ordinateur avec deux doigts, il y a des “gestures” à plusieurs doigts sur l’iPad, pour un encastrement j’utilise cinq doigts, et pour la pâte à modeler, dix !
La tablette ne doit pas être la référence des outils de la classe, mais un outil parmi d’autres…
bonjour à tous,
merci pour ces articles qui parlent de nos vraies préoccupations.
J’ai une petite question, je suis enseignante pour le moment remplaçante ce qui me permet de tourner dans différentes écoles, mais à ce jour je n’ai eu accès qu’une seule fois à un tbi (pendant une semaine et encore il m’a fallu 3 jours pour obtenir le mot de passe pour allumer l’ordinateur….)
Je sui saussi actuellement dans la liste d’opposition de ma commune et je suis en charge de la jeunesse. J’ai donc discuté hier avec le directeur d’une des ecoles maternelle pour savoir ce dont ils ont le plus besoin et il m’a répondu que les tablette lui semblaient plus pertinentes que d’équiper les salles en tbi. qu’en pensez vous?
De plus quelle tablette?? (ipad, android…?)(et si vous avez des devis (utilisés dans votre école) je suis preneuse).
Mon avis d’enseignant en cours d’expérimentation :
iPad 2 wifi, c’est nickel.
Tu y ajoutes un Apple TV et une borne Airport Express + un vidéoprojecteur, et tu as quelque chose qui est bien proche de l’usage d’un TBI pour moins de 1000 euros en tout…
Bonjour,
Dans mon école maternelle, nous avons été doté à la rentrée d’un tbi par classe et franchement c’est magique ! Pour moi, mais surtout pour les enfants et encore, on n’a pas encore utilisé toutes les possibilités (y arriverons nous un jour ?). Je ne suis pas fan du tout numérique mais ça me change la vie ! Les photos pour le langage sont en grand format, les reconstructions de puzzle se font en grand, tous les documents sont visibles par tous, le partage des documents entre collègues sont facilités, le matin, c’est un diaporama des activités des enfants qui passe pour les parents… et j’en passe… Les enfants sont super actifs et en redemandent, ils n’ont jamais autant aimé le graphisme que depuis qu’ils peuvent le faire sur le tableau magique. On n’a pas rangé la table à sable, la peinture t la pâte à modeler pour autant mais ça permet de diversifier encore plus les approches. Pour moi, c’est du tout positif et ça a permis de me remotiver aussi ! On fait des trucs interessants et ça marche ! bref, que du bonheur même si on y passe encore plus de temps de prep… mais ça c’est une autre histoire…
Pour le temps de prép ça ira mieux quand on aura mutualisé nos préparations (quand on aura nous aussi la chance d’avoir un tbi), déjà j’arrive à avoir de temps en temps le vidéo projecteur pour ma classe de cm1 et quand je me retrouve pas bloquée par la définition de ce dernier (et oui, j’ai passé 2h à préparer les documents que je souhaitais leur montrer sur l’islam à partir de la clé usb Nathan moyen àge et quand j’ai branché le vidéo qui n’a qu’une résolution de 800*600 alors que ce logiciel demande un mini de 1028*je sais plus combien. :-(()….
Bonjour Michel et à tous,
Depuis 4 ans maintenant, j’ai un TBi accroché au mur de ma classe. Je suis en GS et je l’utilise pleinement. Il est allumé du matin au soir et nous l’utilisons toute la journée. Il me sert tout d’abord pour les rituels (calendrier, présents-absents …), pour écouter des chants (textes et illustrations projetés en grand), pour regarder les photos prises dans la classe ou lors de sorties et de faire des commentaires, décrire ce que l’on voit… pour “écrire” (taper) une phrase, un texte… Je projette des oeuvres d’art. Quelle plaisir de pouvoir en discuter lorsqu’il s’agit d’un grand format. Je scanne aussi certains livres, ainsi je peux lire et les élèves voient tous en même temps les pages correctement ! Attention : un livre reste un livre et cela n’empêche pas le plaisir de le feuilleter tranquillement, seul ou à 2 à un autre moment. Nous jouons avec les caches ou la loupe qui permettent de découvrir des détails, de se poser des questions. C’est vraiment très riche.
J’ai un Smartboard. J’ai mis du temps à l’avoir en main, j’ai encore beaucoup de fonctionnalités à découvrir mais j’apprécie beaucoup de préparer plein de documents qui nous serviront en ateliers dirigés, en groupe classe ou en autonomie. Les enfants le manipulent assez bien et nous apprenons du vocabulaire lié à l’informatique mais aussi à connaître et savoir à quoi correspondent les icônes. J’ai pas mal de documents que je serais prête à les partager. Je vais aussi souvent sur le forum d échanges Smart, cela donne plein d’idées.
Nous n’avons pas de tablette dans l’école, mais nous disposons aussi d’une malette contenant 8 ordinateurs.
Bref… Pour les élèves en général mais aussi et surtout pour les élèves en difficulté cela donne un nouveau souffle. On peut jouer tout en apprenant, on peut faire et refaire… c’est formidable !
Il y a quelques minutes, j’ai vu une émission à la télé qui parlait des nouveaux résultats du PISA, et qui indiquaient que la France plongeait encore un peu plus (en maths).
La personne interviewée expliquait que dans les pays en tête de liste, il y avait un TBI dans chaque classe…
Bien entendu, ce n’est pas une recette magique, mais c’est peut-être symptomatique du retard de l’école en France.
Un simple vidéoprojecteur couplé à un iPad, dans chaque classe… est-ce de l’utopie ?
Bonjour,
Je trouve personnellement que les enfants entre 3 et 6 ans ont beaucoup plus à apprendre du monde qui les entoure, à éveiller leurs sens, à observer les animaux, plutôt que de passer encore un peu plus de temps devant un écran…
Et s’ils pouvaient passer un peu moins de temps en étant passifs devant des écrans bêtifiants et un peu plus de temps devant des écrans intelligents…
Bien entendu, bien entendu, bien entendu (j’insiste, comme tu peux le remarquer) il est hors de question que cela se fasse au détriment de l’apprentissage du monde réel. Hors de question ! Ils ont un besoin vital de découvrir la réalité.
C’est bien pour cela que j’emploie le terme de “défi” dans le titre de cet article.
Bonjour,
Je suis devenu un ‘presque’ vrai geek par mon fils âgé de 24 ans (1989) maintenant. Le téléphone mobile est arrivé entre ses mains lors de son entrée au collège en 6ième. Avant, durant le primaire, le numérique qu’il a connu était via Adibou 4-6ans et ainsi de suite. C’était des logiciels vidéos éducatifs et interactifs avec suivi parental de la progression et, pour l’enfant, plus de d’exercices et de jeux (ou niveaux de jeu) au fur et à mesure de ses efforts.
Après avoir eu une GameBoy greffée dans la main, puis un téléphone et enfin un smartphone, je n’ai plus rien contrôlé et il s’est enfermé dans un monde uniquement visuel et auditif. Fini les légos, la lecture, les dessins, et les activités sportives. Et c’est bien ce qu’il faut éviter pour les tous petits.
J’ai au collège pris le relais des profs, notamment en maths pour l’importance de cette matière dans les capacités de raisonnement de l’enfant et afin qu’il développe à son rythme cette capacité et cette curiosité. J’en suis venu à faire un site WEB pour les maths de la 6ième à la 3ième en reprenant l’ensemble du programme officiel et en mettant l’accent sur les corrigés, les méthodes, les exemples concrets afin qu’ils soient utilisés par les enfants même si leurs parents n’ont pas le niveau.
Et le risque, est plutôt dans ce dernier point : ne pas avoir le niveau intellectuel, technique et de conscience pour comprendre qu’en entrant dans l’ère numérique, on y entre avec une identité (numérique) propre qu’il va tout falloir autant partager que protéger (BigData) et pourquoi pas dupliquer. On n’est pas le même individu au bureau, à la maison, en société, etc …
Et cela est vrai sur ce que l’on partage ‘volontairement’ ou à notre insu (notre téléphone qui nous trace, nos consommations qui nous identifient, nos appareils biotech qui donnent des informations sur nos comportement : rythme cardiaque, etc …
Donc laissons les petits et autres moins grands loin du monde numérique mais apprenons leur l’identité ou l’empreinte numérique comme nous faisions des cours d’éducation sexuel ou civique ou au lycée en philosophie … pour savoir comment faire plus tard, en dehors de la classe. Comment être, comment se comporter avec les autres, comment réfléchir par soi-même.
une petite question : comment faites vous pour savoir si la tablette avec tout ce qu’elle comporte d’attractif ne créé pas un manque car elle enlève du temps sensori-moteur à l’enfant? (attitude devant la tablette : corps globalement passif et en même temps tellement de stimulations qui ne sont pas naturelles bien que parfois interresantes…)
n’est ce pas trop stimulant? trop hypnotisant? trop addictif?
n’ont ils pas le temps de le découvrir après la maternelle?
quel interêt alors qu’ils apprennent tant, naturelement avec un bout de bois ou leur corps?
bon finalement ce n’est pas qu’une petite question.. merci
Bonjour Sreyni
Bonne question !
Je vous invite à lire la série d’articles que j’avais écrits il y a un peu plus d’un an et qui commence ici :
http://www.tilekol.org/quel-numerique-pour-quelle-ecole-premiere-partie-la-molecule-du-bonheur
Il faut faire très attention à ce qu’on place devant les yeux des enfants. Je bannis absolument les jeux, plus particulièrement ceux qui provoquent des sensations addictives, je me sers principalement de l’iPad comme instrument de création de contenu sous toutes ses formes, qui est ensuite partagé de manière numérique ou pas.
Et surtout, surtout, l’utilisation de la tablette ne se fait pas au détriment des manipulations en tous genres.