Les appareils électroniques (liseuses, tablettes) ont tendance à vouloir remplacer de manière de plus en plus pressante les bons vieux livres en papier. Voici un petit guide personnel et subjectif des “liseuses”, avec leurs avantages et leurs inconvénients, sous la forme de la petite histoire, étape par étape, d'un passionné de lecture qui a franchi le pas depuis un bon moment, et qui ne le regrette pas.
“Un livre est quelqu'un. Ne vous y fiez pas. Un livre est un engrenage.”
Victor Hugo
“La vertu paradoxale de la lecture est de nous abstraire du monde pour lui trouver un sens”
Daniel Pennac
Aimez-vous lire ? Je parle de la lecture d'un bon bouquin, ce plaisir infini qui consiste à s'immerger, à se noyer avec délectation dans les pages et les mots écrits par un inconnu si proche avec lequel nous partageons pour quelques heures l'intimité de la pensée.
Depuis peu, la lecture se veut moderne, électronique et “révolutionnaire”. Un écran remplace la feuille de papier, une puce électronique remplace la bibliothèque…
Au commencement était la musique
Je me souviens parfaitement de la soirée du 9 janvier 2001. J'était devant mon ordinateur. Bien que faiblarde, ma connexion Internet était suffisante pour me permettre de vivre en direct un événement qui était à mes yeux presque aussi important que le premier pas de l'homme sur la Lune.
Steve Jobs était sur la scène du Moscone Center de San Francisco, et il présentait le premier iPod. Un petit appareil blanc – je l'ai toujours et il fonctionne encore – qui permettait de transporter toute sa musique dans sa poche, et de l'écouter à la demande, un bond en avant incroyable comparé au vieux Walkman à cassettes qui était la norme, “avant”.
Pour moi qui adore la musique, et qui étais un peu – beaucoup – frustré à l'île de la Réunion, loin des grands disquaires, l'avènement de l'iPod suivi du “Music Store” en ligne d'iTunes m'a permis de me reconnecter avec cette passion et d'avoir toujours un bon morceau à portée d'oreille.
…Vivre en direct la révolution de la musique dématérialisée (et légale) était une expérience passionnante, et j'étais fermement décidé à connaître la suite de l'aventure, c'est-à-dire la dématérialisation du livre.
J'en ai rêvé, Sony m'a déçu
La révolution tant attendu commença plutôt mal. Sony annonça en grande pompe l'arrivée sur le marché français d'une des premières liseuses à avoir connu un certain succès, la PRS-505, je pense que c'était en 2008 ou 2009.
Aussitôt sortie, aussitôt commandée, aussitôt reçue, je fus aussitôt déçu. L'appareil était très beau, bien fini, avec une couverture en simili-cuir et un écran plus que correct. Le problème venait de son “moteur”, de son processeur, qui était amorphe, anémique, d'une lenteur épuisante lorsqu'il ne “plantait” pas carrément entre deux pages.
Dépité, je me suis mis à attendre qu'Apple entre dans la danse, avec les rumeurs du lancement d'une “ardoise numérique”, qui allait finalement s'appeler iPad et qui allait être présentée au public le 27 janvier 2010, par le même Steve Jobs, visionnaire et magicien, toujours à San Francisco.
Là encore, sitôt lancée en France et sitôt commandée, cette tablette mythique n'a pas tardé à se retrouver entre mes mains fébriles. Le résultat dépassait l'imagination. C'était fantastique. Bien entendu, je me suis dépêché de l'utiliser comme appareil de lecture.
La problématique de la lecture nocturne
J'ai aimé, et je me suis assez rapidement rendu compte des deux défauts de ce type de lecture.
Tout d'abord, il faut le reconnaître, un écran éclairé “de l'intérieur” n'est pas ce qu'il y a de plus confortable lorsqu'il s'agit de passer des heures le regard rivé dessus.
Néanmoins, il permet de lire au lit, sans déranger personne, et en tournant les pages sans bruit. Mais dans le noir complet, même réglé au minimum, l'écran reste à mes yeux (c'est le cas de le dire) trop lumineux. Il est assez éblouissant.
Le deuxième défaut n'est pas technique, mais n'en est pas moins important. D'après mon expérience, lire de cette manière est particulièrement adapté aux romans, qu'on commence à la première page et qu'on finit à la dernière, mais moins pratique pour les autres types de livres.
Les gros livres informatifs, techniques, les ouvrages de référence ne se lisent pas de la même manière qu'un roman : on a besoin de revenir en arrière, de feuilleter, de sauter des passages, et il faut bien avouer qu'on n'a rien inventé de mieux qu'un livre en vrai papier pour cet usage.
A la différence près – importante – qu'on peut faire facilement une recherche à partir d'un simple mot sur un livre électronique (ou un dossier en PDF), ce qui n'est bien entendu pas possible pour un livre traditionnel.
Je pense qu'au fil des perfectionnements logiciels, ce défaut finira par s'estomper.
Revenons à l'iPad et à son écran lumineux. Je n'avais pas encore la “bonne expérience de lecture” que j'appelais de mes voeux.
Liseuse
D'autres fabricants proposaient des “liseuses”, en noir-et-blanc, qui n'étaient pas éclairées et qui permettaient de lire facilement, même en plein soleil, sur la plage, par exemple.
C'est la “Kobo Touch” qui a alors fait l'objet de ma curiosité. Objet fort sympathique, bon marché, avec une “encre électronique” très lisible, et avec laquelle j'ai englouti un certain nombre de bons bouquins, notamment les grands classiques qu'on trouve gratuitement – et légalement – sur le site du Projet Gutenberg.
…Mais ce n'était pas encore parfait. Il manquait la lecture nocturne, la plus agréable, celle qui consiste à passer des heures allongé dans son lit, dans l'obscurité complice d'une chambre, et si possible sans déranger la personne qui se trouve à quelques centimètres et qui aimerait bien dormir, et qui rouspète après cette fichue lampe de chevet qui, bien que réglée au minimum grâce à un petit variateur de courant reste encore trop présente.
Il y avait bien cette petite loupiote qu'on fixait sur l'appareil, mais qui était trop puissante et qui éclairait en même temps les quatre murs et le plafond…
Au bout de la quête
Comme un chevalier de la Table Ronde en quête du Saint-Graal, j'ai continué mes recherches et mes expériences.
Et j'ai trouvé, et je suis comblé.
Mon choix s'est porté sur la dernière liseuse d'Amazon, la “Kindle Paperwhite“*.
La zone de lecture est éclairée “par-dessus”, grâce à une plaque transparente qui diffuse de manière guidée une lumière émise par des diodes qui sont à l'intérieur de l'appareil. On n'a absolument pas la sensation de l'écran d'un ordinateur ou d'une tablette, le dispositif est invisible, et le confort est là.
De nuit comme de jour d'ailleurs : la nuit, c'est le confort total, avec une source lumineuse qui peut être réduite fortement, qui n'éblouit pas, et qui offre le luxe qui consiste à pouvoir tenir l'appareil ET tourner les pages d'une seule main. De plus, le système d'éclairage reste confiné à l'écran et la lumière ne s'éparpille pas dans la pièce.
Et le jour, cette illumination peut être également utilisée pour rendre la page très blanche et très agréable à lire. Bien sûr, tout n'est pas parfait, il y aura encore des progrès techniques qui me referont mettre la main au porte-monnaie, mais soyons positifs, techniquement, le concept est désormais parfaitement utilisable.
Je suis arrivé au bout de ma quête, et je suis particulièrement heureux d'avoir pu vivre de l'intérieur deux révolutions : celle de la musique, et de la lecture “dématérialisées”.
Bien entendu, j'ai encore quelques tonnes de bons vieux bouquins, qui ne tombent pas en panne et qui n'ont pas besoin de batteries pour fonctionner. Un grand beau livre est irremplaçable. Et les petits gadgets électroniques les complètent à merveille ! Idéal pour les vacances, par exemple. Et pour lire au lit (j'insiste).
C'était le premier épisode
Dans le prochain article, samedi, je vous expliquerai précisément pourquoi j'ai choisi l'appareil d'Amazon* (et pas la Kobo Glo, par exemple, qui a presque les mêmes caractéristiques techniques).
Je vous parlerai aussi des différents formats (ePub, Mobi) utilisés par les liseuses, ainsi que des protections (DRM) qui sont placées par les différents acteurs du marché de la lecture électronique (Apple, Amazon, Adobe, Google, etc…).
Nous nous pencherons sur cette propension à vouloir coûte que coûte vouloir nous rendre prisonnier de tel ou tel “écosystème” et de la manière – selon mon avis d'utilisateur quotidien – d'envisager cette nouvelle donne sans stresser outre mesure.
Nous observerons les applications utiles et pratiques, aussi bien sur les appareils mobiles que sur les ordinateurs.
…La suite au prochain épisode !
* Liens sponsorisés
Ceci fait partie d'une série de trois articles consacrés aux liseuses :
Première partie :
https://www.tilekol.org/la-quete-de-la-liseuse-ideale
Deuxième partie :
https://www.tilekol.org/les-liseuses-les-malins-les-mechants-et-les-heureux
Troisième partie :
https://www.tilekol.org/petit-guide-pratique-de-la-liseuse-en-2013
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Bonjour Michel, tout comme toi je pense, je suis une passionnée, une amoureuse des livres papier. J’aime les touchers, j’aime les caresser du regard dans mes bibliothèques…Mais mes soucis de santé qui s’amplifient au fil des années font que je commence à ne plus pouvoir en tenir un longtemps…j’ai bien du mal à abandonner un roman en cours!Mais j’en suis bien obligée 🙁
Alors, je réfléchis très sérieusement à faire comme toi, investir dans une liseuse. Et ton article tombe à point nommé pour que je fasse mon choix! Merci tu arrives toujours au bon moment!
J’attends avec impatience ton prochain article sur les DRM. En effet, j’ai lu un article qui relatait l’expérience d’une acheteuse de la liseuse d’Amazon qui expliquait qu’Amazon avait “bloqué” sa liseuse et qu’elle avait perdu tous ses téléchargements de livres. Alors, dans le doute, j’ai…procrastiné!(Ca ne te rappelle rien?).
Je n’ai plus qu’à patienter pour profiter de ton expérience…et me lancer!
Merci encore Michel pour tous tes articles qui sont toujours pertinents et m’apportent réflexion et me font avancer.
A bientôt.
Bonjour Evelyne,
Si les livres ont été pour une raison ou une autre effacés d’une liseuse, il suffit de se reconnecter à son compte et de les re-télécharger.
Cela est valable pour Amazon comme pour les autres acteurs du secteur, comme Kobo ou Apple.
Mais nous reparlerons un peu plus en détail de cette histoire de “comptes” samedi.
J’espère que tu trouveras une solution qui te permettra de surmonter tes problèmes de santé. Les progrès techniques s’accompagnent de progrès médicaux, qui sait ? Peut-être seras-tu soulagée suite à la sortie d’un nouveau traitement ? C’est en tous cas ce que je te souhaite sincèrement.
Je suis également une adepte du livre papier et tout comme Michel c’est le soir dans le lit avant de m’endormir que j’aime le plus lire.
C’est effectivement très gênant pour la personne qui partage le lit et qui souhaite dormir: lumière, bruit du papier et mouvements quand on tourne les pages.
Cet article attire donc tout particulièrement mon attention sur la liseuse.
Et le prochain article finira certainement par me donner une idée plus complète de la chose.
Je me pose plusieurs questions pour l’instant:
-l’appareil fait-il du bruit?
-la batterie a t-elle une bonne autonomie?
et mon plus grand souci c’est combien de temps nous allons pouvoir “garder” les livres téléchargés et pouvoir les relire. J’ai des livres que je possède depuis plus de 30 ans, des livres que j’ai lu ado et que j’ai apprécié d’en relire certains avec un autre regard ces dernières années (je pense à Camus par exemple ou Victor Serge ou Gide…). J’ai pu aussi les prêter à mes enfants ou des amis en recherche de lecture.
Si j’utilise une liseuse, je pense que ça sera uniquement pour lire des policiers ou découvrir un auteur dont j’achèterai les livres plus tard si ça me plait.
Par contre le très grand avantage de cet outil, c’est le gain de place dans la maison, parce qu’avec le temps ça devient un sérieux souci, surtout quand on a du mal à “jeter” un livre. Un fichier ne prend pas la poussière et ne prend pas de place pour un déménagement…
merci encore Michel pour tes articles.
Tu sembles sponsorisé par Apple… Je plaisante… Je m’amuse toujours des inconditionnels d’Apple à l’affût des dernières nouveautés de la marque.
Je ne suis pas sponsorisé par Apple, je suis quelqu’un de curieux, j’utilise des Mac et des PC, et entre décembre et mars dernier mon téléphone était un Samsung Note 2. (Ca n’a pas duré, tu remarqueras, mais au moins j’aurai essayé).
Etant donné que j’utilise toutes sortes d’appareils, je peux objectivement en préférer certains.
Nous reviendrons un de ces jours sur cette histoire d’Apple ou pas Apple, il y a pas mal de pendules à remettre à l’heure à ce sujet.
Quant à Steve Jobs, ou Picasso, ou Dali, ou Mozart, ou Bach, ou Hugo et quelques autres, merci de me laisser me nourrir du souffle des génies…
L’appareil ne fait aucun bruit, et l’autonomie est excellente. Tu pourras lire Camus autant que tu le voudras et tu pourras prêter ta liseuse à qui tu veux !
Je viens de lire la pub de la kindle. J’ai ma réponse pour l’autonomie de la batterie.
Reste à tester si on peut vraiment lire dans toutes les positions (sur le côté par exemple, c’est comme ça que je lis dans mon lit)
Parfaitement, on peut lire dans toutes les positions, même tête en bas, et plus facilement qu’avec un livre en papier.
Parce que si tu lis un livre en papier en étant par exemple sur le coté, tournée vers la droite, tu aimeras lire la page de gauche mais pas la page de droite.
Alors qu’avec une liseuse, tu n’as qu’une seule page, rigide, et que tu tournes d’une pichenette sur l’écran…
Bonjour, je suis aussi passionnée de lecture et je trie à peu près tous les 4/5 ans les bouquins qui s’entassent sur mes étagères (qui ne sont pas extensibles). Je ne garde finalement que ceux que je sais que je relirai un jour (par exemple les oeuvres complètes de Maupassant que je relis en boucle et quelques autres). Pour ceux qui ne “méritent” pas cette pérennité, je les revends en librairie d’occasion. Et c’est justement le problème avec les livres électroniques, auxquels j’avais commencé à m’intéresser : on ne peut pas les revendre, puisqu’en fait on n’en ai pas vraiment propriétaire : on n’achète en fait que le droit de télécharger un fichier un certain nombre de fois sur divers appareils (sauf pour les livres achetés sur Amazon, puisqu’on ne peut pas les lire sur autres chose que la Kindle). Outre les problèmes de compte, si l’éditeur décide de ne pas poursuivre la publication du livre que tu as “acheté” ton fichier ne sera tout simplement plus valable.
Donc soit on accepte d’avoir dans son appareil des fichiers obsolètes ou inintéressants, au milieu évidemment d’autres géniaux, soit on efface carrément ce qui n’est plus d’actualité. Et franchement, la différence de prix des ebooks n’est pas encore suffisamment significative pour me faire franchir ce pas.
Donc, pas de procrastination pour moi, mais plutôt une mise en observation des pratiques et évolutions techniques. Et j’en reste donc à mon papier et à mon tri quinquennal.
Donc, tous les avis informés, comme le tien et ceux de tes lecteurs, me seront précieux !
Quel pessimisme Laurence !
Bien sûr qu’on peut lire les livres d’Amazon sur autre chose que la Kindle, et bien sûr qu’on peut lire sur la Kindle autre chose que les livres d’Amazon…
Tiens, à moi de dire à mon tour “vivement l’article de samedi” 🙂
Effectivement je viens de regarder les prix des fichiers.
Pour un livre dans sa première édition, la différence est minime, mais pour les livres de poche, c’est plus cher. Du moins d’après ce que je viens de voir sur Amazon.
Financièrement ce n’est pas intéressant.
Financièrement ?
Tu trouveras des centaines de livres gratuitement (et légalement) sur des sites comme Project Gutenberg. Il y en a plein d’autres.
Il faut savoir que lorsqu’un auteur est décédé depuis plus de 60 ans (je crois que c’est 60) et si les héritiers ne s’y opposent pas, son oeuvre tombe dans le domaine public.
Par exemple, les éditeurs ne reversent aucun droit d’auteur à Emile Zola, et pourtant te vendent le livre papier (normal). Mais tu pourras trouver tout Zola gratuitement pour ta liseuse.
Puisque tu parles d’Amazon, tu y trouveras les oeuvres complètes de Proust pour 99 centimes (l’ensemble), les oeuvres complètes de Balzac, Maupassant, Shakeaspeare, 1,49 euros à chaque fois (pour l’ensemble de l’oeuvre, pas pour un livre donné). Voir par exemple cette page.
Si tu achètes de temps en temps un bouquin récent au prix “normal”, tu te rendras compte qu’en moyenne tes livres te coûteront moins chers, ne prendront pas la poussière, n’encombreront plus tes étagères, etc…
Bonjour Michel!
Je ne suis pas très friande des technologies modernes mais je n’en suis pas fermée pour autant et je veux bien croire que les liseuses sont un réel progrès: pratiques, discrètes, peu encombrantes,etc.
Il n’est pas impossible que j’en fasse moi-même l’achat dans un avenir plus ou moins proche.
Deux choses me freinent encore cependant dans cette démarche:
Tout d’abord, mais nous sommes de plus en plus rares à le penser, les technologies, sans cesse renouvelées, améliorées, qui sont le résultat d’une quête à jamais insatisfaite mais sans doute propre à l’être humain (et je n’ai rien à redire à ça), sont aussi, d’après moi, un pas de plus vers l’isolement de ce dernier. Certes, internet nous ouvre au monde en quelque sorte et je suis la première à vanter les atouts d’un tel outil, mais je crains aussi ce que, sur le long terme, ce “toujours mieux”, “toujours plus” a de pervers. Je suis moi-même une dévoreuse de livres et la vision un peu apocalyptique d’une bibliothèque contenu dans un appareil ne me rassure pas. J’aime encore me rendre dans une librairie, échanger avec le vendeur, ou un autre client, me perdre dans les allées de livres et de BD, je les trouve belles, impressionnantes. J’ai le sentiment, en achetant ou en empruntant un livre, d’avoir un “petit trésor” en “chaire et en os” si je puis dire.
Le deuxième frein est celui de l’impact écologique. Sans entrer dans le débat sur Apple et de ses usines en Chine, je suis malgré tout surprise, voire déçue de voir à quel point l’intérêt et l’excitation suscités par toutes ces technologies dépassent, et de loin, l’inquiétude sur l’impact écologique (et humain) engendré par leur fabrication, à profusion, et leur destruction, à profusion également.
Je suis, comme bien souvent, assez partagée sur ce que propose notre monde moderne, tantôt moi-même enthousiaste à l’idée d’acquérir un téléphone à écran tactile (oui, c’est tout récent pour moi!), et soucieuse de ce que la technologie, toujours plus pointue, nous apporte et nous enlève. Nous qui avons connu la vie sans portable et même sans ordinateur, nous pouvons avoir le recul nécessaire pour appréhender dans une juste mesure les plus et les moins de ces “progrès” mais qu’en est-il ou qu’en sera-t-il de la nouvelle génération et des suivantes? N’y a t-il pas là aussi, une question à soulever d’un point de vue éducatif?
Je sais que je passe sans doute pour un dinosaure (à 40 ans!) mais je l’assume fort bien.Ces interrogations ne m’empêchent pas de vivre avec mon temps. je suis comme tout le monde, curieuse et désireuse de découvrir et d’utiliser de nouvelles choses.Mais cette méfiance et cette inquiétude sont aussi, pour moi,les gardiennes d’une certaine conscience et sensibilité écologiques que je ne veux pas perdre.
Voilà, c’était la minute un peu “rabat-joie” d’Isabelle. Sorry!
Isabelle, je suis absolument d’accord avec toi sur chacun des points que tu évoques.
De nos jours, les progrès techniques très rapides permettent à certaines entreprises (et Amazon en fait partie, de même que Google ou Apple) de dicter au monde la manière dont il doit tourner (d’après elles) et nous n’avons pas le recul, pas plus que nos gouvernements, pour savoir si c’est un progrès ou une catastrophe.
Cependant, n’oublions pas que l’industrie du papier est également très très polluante.
Le fait de supprimer des étagères est anecdotique (et convient parfaitement à mon esprit “zen”), par contre, la problématique des libraires – sur laquelle plusieurs articles ont été écrits ici – est très préoccupante.
Néanmoins, comme je le dis dans l’article, je m’intéresse simplement aujourd’hui à l’objet-liseuse, qui est quand même bien sympathique pour les amoureux de la lecture.
Le problème des libraires a été évoqué, je pense que certains sont en train d’évoluer en apportant un plus. Tout comme un pharmacien connait les médicaments qu’il vend et éventuellement ses effets indésirables, un libraire connait les livres qu’il vend et peut conseiller un acheteur.
L’impact écologique et les modes de production (j’ai en mémoire un reportage d’une usine fabriquant les tablettes Apple) n’est pas à négliger.
C’est vrai que j’ai la chance d’avoir connu les “deux mondes”: le numérique et avant numérique (“à l’époque” comme me disent mes élèves quand j’essaie de leur expliquer que c’est un passé relativement récent), de trouver de l’attrait pour les deux. Mais je me fais du souci et je ne sais pas quelle sera l’évolution pour les générations futures. Je découvre maintenant en maternelle des enfants qui ne savent pas utiliser des briques de Légo, qui ne connaissent pas des jeux de société, ils vivent à la campagne et ne vont jamais dehors se promener. C’est fini les sachets de glands, les bouquets de fleurs des champs, les jolis cailloux… portés tel un trésor à l’école. Dans certains milieux (pas tous heureusement) les dégâts sont terribles.
Quant aux livres pour enfant, j’espère que la liseuse ne remplacera pas le livre papier. Parce que là maintenant, nous avons des livres superbes. Rien à voir avec ce qu’on faisait “à l’époque”
Le problème de l’aspect écologique est compliqué.
Il comprend des côtés cachés (par exemple, la construction de téléphones portables demande l’utilisation de métaux très rares, qui ne se trouvent que dans des régions reculées et qui sont en train d’être dévastées).
Le problème de la consommation électrique des fermes de serveurs est également problématique, même si certaines entreprises (Apple en fait partie) font beaucoup pour utiliser des énergies renouvelables (centrale solaire, piles à combustible).
Il y a des fois où je rêve que, comme dans le roman de Barjavel “Ravages”, l’électricité disparaisse tout d’un coup, sans explication. On serait dans la panade, mais il faudrait réapprendre à vivre, “sans”.
Une image : la ville de Paris, les grands boulevards, les beaux immeubles, ont été construits à une époque où on n’utilisait pas l’électricité. Et la Tour Eiffel, dans sa jeunesse, ne voyait aucune voiture passer sous ses yeux : elles n’existaient pas encore.
Le Paris moderne était là, sans électricité, sans bagnoles. Les gens étaient-ils plus malheureux ?
Bonjour
Tout comme vous, amoureuse des livres papier, j’ai cependant acheté une liseuse avec laquelle je peux lire la nuit dans mon lit couchée sur le côté et sans déranger mon mari.
C’est sur une réflexion de ta part, Michel, que je me suis intéressée à cet objet.
Je suis contente de mon achat; et cela ne m’empêche pas, comme aujourd’hui, de lire un bouquin papier emprunté à mon ado. J’aime partager ses lectures pour discuter ensuite avec elle de l’univers découvert.
Ma bibliothèque déborde d’ouvrages et, prochainement, dans le village où je travaille, va démarrer l’opération “livres en liberté”. A cette occasion, je vais pouvoir vider quelques titres de chez moi et en découvrir d’autres!
Vive la lecture …. sur bouquin ou sur liseuse!!!
PS: d’accord avec Martine en ce qui concerne la littérature enfantine, les albums sont indispensables!!
et Isabelle: j’ai aussi 40 ans et pas de téléphone portable ….. mais une liseuse 😉
Je suis d’accord avec tous les arguments pour ou contre: Problèmes écologiques pour le papier et pour le numérique, problèmes de format dans le futur (seront-ils obsolètes?), problèmes d’encombrement sur les étagères(corvée de poussière…)et à la plage! Problème de prises qui n’aiment pas le sable ou de batterie qui ne tient pas longtemps! Problème pour tenir un livre ouvert sans avoir mal avec l’âge ou de luminosité trop forte… Je n’arrive pas à me décider, j’utilise donc les 2! J’aime que l’iphone me soulage les mains même si c’est écrit plus petit et j’aime aussi la bonne odeur des vieux livres de prix de ma grand-mère… Je vais me pencher sur le projet Gutemberg, merci Michel! Sinon pour la luminosité, même la fonction nuit te fait mal aux yeux?
Hello Céline
Pour les tablettes Android, il y a des applications spéciales qui peuvent noircir l’écran au maximum.
Chez IOS, ça dépend des applications.
Mais globalement, un écran éclairé “par dessus” est plus confortable et moins fatigant qu’un écran éclairé “de l’intérieur”.
Je trouve.
Bonsoir Michel,
Quelle heureuse idée, cet article sur les liseuses…Je suis en général intéressée par les nouvelles technologies mais réticente à une société de consommation à tout va, je préfère en général me donner le temps de la réflexion (ce nouvel objet est-il vraiment utile ou nécessaire?)L’achat d’une liseuse me trotte dans la tête depuis un moment et je suis convaincue qu’elle peut être un bon complément du livre (côté pratique d’un objet peu encombrant, facile d’utilisation, pouvant contenir une grande quantité de documents, accès à un dictionnaire intégré (?), prise de notes ou “surlignage” (?)..) Je suis donc très impatiente de lire ton prochain article qui va, j’en suis sûre, achever d’éclairer ma lanterne et m’aider à faire un choix (achat ou pas) …”illuminé” de tes conseils !!!;o)
Je tiens aussi à l’occasion de ce commentaire (je me lance rarement) à te remercier pour ton site vraiment intéressant et agréable.
Merci Catherine !
l’article qu’il me fallait!merci michel!
j’ai envie de faire l’acquisition d’une liseuse et c’est vrai que celle d’amazon semblait présenter beaucoup d’avantages mais là tu enfonces le clou…moi aussi j’attends la suite …..
Bonsoir,
je me suis intéressée aux liseuses pour aider mon papa qui a de gros problèmes de vue et ne pouvait plus lire. je lui ai trouvé une liseuse avec synthèse vocale et qui lit les fichiers MP3 (pocketbook). Comme ça, il écoute ses émissions de radio préférées pendant la nuit avec un casque et il lit avec de très gros caractères (attention toutes les liseuses ne le font pas). Il manque encore LE produit adapté aux mal-voyants mais ça ne devrait pas tarder à arriver.
Du coup, je m’en suis offert une d’occasion pour 60 euros et un mois plus tard, j’en ai offert une à ma soeur (cybook).
C’est le produit idéal pour moi : léger, la tenue en main est super confortable (une main glissée dans la housse, une main au chaud sous la couette), le confort visuel est total, je ne suis jamais à court de lecture, j’ai agrandi les caractères, c’est un joli objet, je peux lire des fichiers PDF convertis en epub, l’autonomie est impressionnante (plus d’un mois en lisant tous les soirs).
Je ne lis plus que les nouveautés en version papier (empruntées à la bibliothèque) et les livres illustrés (enfants, bandes dessinées…).
Me concernant, c’est essayé et adopté !
Bonjour Mathilde
Quelle explication limpide, bravo.
Et en plus, la Cybook est une liseuse française. Il est vrai que j’avais oublié d’en parler. Et l’écran de leur nouvelle liseuse est lui aussi illuminé par-dessus.