C‘était en juillet 2014. Je m'étais trouvé un os à ronger pour mes vacances : faire un gros point avec moi-même sur un sujet de la plus haute importance : celui de la place du numérique à l'école, maternelle et élémentaire. Parce que c'était important (ça l'est toujours, plus que jamais) et parce que je trouvais que les enseignants étaient laissés dans un flou coupable, et pour cause : les instances éducatives semblaient s'attarder sur des détails secondaires et oublier le principal – à mon humble avis.

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© agsandrew - Fotolia.com

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Quatre ans plus tard, je ne retire pas un mot de ce que j'ai pu écrire dans cette série d'articles. Et une interview explosive m'a entièrement conforté dans mon opinion. Le numérique est un outil extraordinaire qui doit ABSOLUMENT être utilisé en classe mais pas n'importe comment, sous peine de risques graves pour nos élèves. C'est aussi simple que ça.

Fin 2017, Stanford Graduate School of Business. Un débat est organisé, avec un invité prestigieux : Chamath Palihapitiya, qui a fait partie de l'équipe dirigeante de Facebook et qui a quitté l'entreprise en 2011 alors qu'il occupait le poste de “vice-président en charge de la croissance de l'audience”.

Pendant la discussion, Chamath avoue qu'il se sent profondément coupable.

Il avoue que son boulot a consisté à créer des “boucles de dopamine”, qui détruisent la manière dont la société toute entière fonctionne.

Il défend à ses enfants d'utiliser “cette merde”. Rien que ça.

Il rejoint Sean Parker, ancien président de Facebook, qui disait quant à lui que “le site exploite les vulnérabilités psychologiques humaines pour pousser les utilisateurs à publier toujours plus de contenus pour obtenir des réponses et des mentions “J'aime” :

« Les inventeurs et créateurs (…) l'ont très bien compris. Et l'ont fait quand même, en connaissance de cause. »

Donc, haro sur Facebook ? Oui, certes, mais Facebook n'est pas le seul : TOUS les réseaux sociaux, la majorité des jeux numériques exploitent la production de dopamine.

Y COMPRIS LES JEUX ÉDUCATIFS (PAS TOUS !).

Y COMPRIS DE NOMBREUSES APPLICATIONS “À VISÉE PÉDAGOGIQUE” (PAS TOUTES !).

(Nous ne parlons pas ici des innombrables applications créées par des non-pédagos et qui contiennent des erreurs que les enfants vont mémoriser avec délectation. C'est un autre problème).

  • Non, la dopamine ne donne pas bonne mine.
  • Non, la dopamine n'est pas une vitamine.
  • Oui, la dopamine transforme les enfants en zombies.
  • Oui, la dopamine est un problème de santé publique.
  • Oui, chaque enseignant doit en être conscient.

Non, il ne faut pas maudire le numérique à l'école, AU CONTRAIRE : il faut le favoriser.

Parce que SEULE l'école pourra contrer l'utilisation sauvage et mercantile de la drogue-dopamine en favorisant les bons usages, ceux qui font des enfants des utilisateurs avertis d'une technologie fantastique qui est en train de bouleverser chaque jour un peu plus la tribu des Homo Sapiens.

Je vous encourage à (re)lire ces quatre articles de 2014.

Lorsque j'avais commencé à écrire le premier, je ne savais pas à l'avance quelle allait être ma conclusion. Sincèrement.

Et lorsque j'ai terminé d'avoir fait le tour du problème, je me suis dit que finalement la solution était très simple. Il suffisait de suivre trois petites consignes.

Première partie : la molécule du bonheur

Deuxième partie : le côté obscur de la force

Troisième partie : « C’est une révolution »

Quatrième partie : « dans ma classe… »


Quelques articles  :

A propos de l'interview de Chamath Palihapitiya

Facebook : Sean Parker regrette d’avoir contribué à créer un monstre