Elle utilise des iPads dans sa classe de petite section depuis plusieurs années. Elle en explore les possibilités pédagogiques et relate son aventure numérique dans un blog passionnant. Partons à la rencontre de cette pionnière qui nous montre le chemin. Aujourd'hui, Véronique Favre est notre invitée !
OUI, la tablette est un outil numérique qui a toute sa place dans les classes.
Même en maternelle. Y compris en petite section. Vous en doutez ? Lisez ce qui suit…
Exploratrice pédagogique
Véronique est une exploratrice pédagogique. Depuis 2011, elle parcourt des contrées numériques nouvelles, ensoleillées, prometteuses. Dans sa panoplie de maîcresse de petite section, elle a placé un instrument plat, léger, qui a pour particularité de se transformer selon l'usage qu'on veut en faire. Cet instrument, c'est un iPad.
Dans quelques années, ceux qui tomberont sur cet article rigoleront doucement. Parce que les tablettes seront aussi répandues dans les classes que le sont les stylos à bille de nos jours.
D'ailleurs, à l'époque de l'introduction des premières “pointes Bic” dans les écoles, aux alentours de 1965, les pionniers de leur utilisation, qui osaient mettre de côté la plume Sergent-Major, passaient aux yeux de leurs collègues pour des extra-terrestres.
Eh oui, que voulez-vous, les temps changent, et à l'heure où les ventes (et l'utilisation) des PC subissent une chute vertigineuse, celles des tablettes explosent. Bientôt, lorsque les esprits seront prêts (et lorsque les finances suivront), elles vont déferler dans nos classes, mais il ne faudra pas s'en servir n'importe comment.
D'où l'utilité des explorateurs pédagogiques, d'où le mérite de Véronique Favre, d'où l'importance de la mise en lumière de ses pratiques.
Un blog de référence
Véronique a eu la bonne idée, il y a un an, de créer un blog (doigtdecole.com) où elle décrit son utilisation de l'outil-tablette dans sa classe.
Comme d'autres enseignants novateurs (par exemple François en élémentaire), elle donne à ses lecteurs des points de repère, leur indique les pièges à éviter, partage sa pratique, leur montre l'exemple, leur donne envie.
Son travail est donc remarquable à plusieurs titres, et il est important de le faire connaître.
En ce moment, dans ma propre école, nous menons une petite expérimentation grâce au prêt qui nous a été fait de plusieurs iPads. Le blog de Véronique est notre lieu de référence, de découvertes, de réflexion.
Je l'ai contactée, lui ai proposé de répondre à quelques questions sur Tilékol, elle a très gentiment accepté…
Voici donc la rencontre avec Véronique Favre, exploratrice pédagogique de son état.
L'interview de Véronique
Bonjour Véronique. Quand as-tu commencé à utiliser des tablettes dans ta classe de petite section ?
J'ai commencé début février 2011, c'est donc ma 4ème classe “équipée”.
Peux-tu nous dire comment cet objet est arrivé dans ta classe ?
Un peu par hasard …
Mon inspectrice de l'époque, madame Claire Boniface, avait, comme chaque circonscription de Paris (32 au total), une tablette à “distribuer”. Elle a donc envoyé un mail à chaque école de sa circonscription en demandant qui en voudrait pour sa classe … et j'ai été la seule à répondre ! Elle m'a donc fait confiance, en classe de petite section pourtant, et je l'en remercie encore.
Je n'y connaissais rien à l'époque, mais j'avais ENVIE, le meilleur moteur !
Etais-tu une férue d'informatique auparavant ?
Tout mon travail se fait sur ordinateur et je farfouille beaucoup sur internet oui.
Je bidouille, je m'y intéresse oui, l'informatique ne me fait pas peur, c'est un outil précieux pour mon travail oui.
Enregistreur numérique, image numérique (fixe ou animée) étaient aussi dans ma palette, avant …
Magique … tout ce temps que je passais “avant” à travailler images et sons sur mon ordinateur (seule donc, hors classe) se faisaient désormais AVEC les élèves : j'ai adoré ! Et le résultat ! formidable !! |
Raconte-nous ta toute première séance avec un iPad dans ta classe.
En fait, avant cette prémière séance, j'ai dompté, adopté la “bête” chez moi, c'est essentiel de s'en saisir de manière personnelle, en auto-formation.
Première séance : des jeux libres pour observer comment les enfants se saisissaient du tactile, pour observer leurs réactions.
Première vraie séance : enregistrer un livre numérique sonore à partir d'un album travaillé en classe.
Magique… tout ce temps que je passais “avant” à travailler images et sons sur mon ordinateur (seule donc, hors classe) se faisaient désormais AVEC les élèves : j'ai adoré ! Et le résultat ! formidable !!
Un album numérique sonore ?
En voici un exemple, réalisé par les élèves de Véronique, que j'ai transformé en vidéo pour l'intégrer plus facilement dans cet article. Vous avez dit “langage” ?
As-tu une “tactique” particulière pour inventer une activité mettant en oeuvre les tablettes ?
Je pars tout simplement du vécu de la classe : nos événements, notre progression, leur niveau de langage, de compréhension.
Pas d'autre tactique.
Avoir testé avant me paraît la moindre des tactiques …
Il ne s'agit pas de tactique mais de démarche, je tiens à ce que le travail avec les tablettes soit intégré à tout ce que l'on fait par ailleurs en classe : projets, vécu etc : iPad = traces des réussites, prolongements numériques des histoires, enregistrements, activités d'entraînement etc…
Aujourd'hui, combien d'iPads utilises-tu dans ta classe ?
4 prêtés par l'Académie, plus le mien qui est aussi à disposition des élèves
Quelle est la réaction des parents ? Des collègues ?
Réaction positive des parents maintenant, plus curieuse en 2011 (les choses ont bien changé depuis, on en parle plus dans les médias et j'ai changé de type de public : plus “défavorisé” en 2011, donc qui fait plus confiance à l'Ecole).
Peu de curiositité de la part des collègues, peu savent ce que je fais, parce qu'ils ne demandent pas, et comme je reste discrète, je ne la ramène pas trop sur le sujet (sauf si on me lance dessus, là, je suis intarissable !!)
Fais-tu l'objet d'une observation particulière de ta pratique par l'institution ?
Oui, je remets de mon propre chef, un compte-rendu auparavant mensuel, mais à chaque “période” cette année, sinon un compte-rendu annuel obligatoire.
Depuis cette année, 3 moments (par an) de regroupement des enseignants dotés d'iPads à Paris (11, de tous niveaux) : échanges etc…
Aurais-tu un exemple concret d'utilisation de la tablette qui aurait apporté un vrai “plus” pédagogique ?
Clairement créer des livres sonores et des films. Enregistrer la VOIX des enfants quand on sait la primauté, la priorité de l'oral à l'école maternelle, a fortiori en petite section où le langage est en pleine construction.
Quel gain de temps et quels obstacles technico-techniques-informatiques levés, envolés… pour un résultat “professionnel” : beau et de qualité !
Quels sont les pièges à éviter lorsqu'on démarre avec des tablettes en classe ?
Le trop …
Le trop d'offres de l'app store …
Se concentrer sur quelques compétences visées pour ses élèves, bien tester les apps et les organiser pour la clarté des élèves.
Maîtriser soi-même l'outil au niveau technique : s'en saisir vraiment, le manipuler et se l'approprier.
Quels sont les points forts de la tablette, pédagogiquement parlant ?
Diiférenciation : des apps qui permettent de couvrir les besoins de chacun : bons / petits parleurs, intérêts, âges et maturités diverses etc…
Aucune classe n'est homogène : la tablette peut répondre à autant de besoins que de profils dans la classe.
Les apps de créativité permettent aussi de s'adapter aux besoins de chacun dans la classe.
Aider chacun à se dépasser, c'est l'enjeu.
Le niveau global de tes élèves a-t-il progressé de manière visible et mesurable ?
je suis bien incapable de le dire mais j'aimerais pouvoir le mesurer …
En langage oral je serai tentée de dire “oui” mais je ne peux le mesurer scientifiquement alors je resterai mesurée 😉
Le plaisir est en tout cas visible à utiliser cet outil !
Beaucoup de ceux qui les rejettent n'en ont jamais tenu entre leurs mains … |
Que dirais-tu aux détracteurs des tablettes en classe, et particulièrement des tablettes Apple ? Je te pose cette question parce que, désirant moi-même introduire des iPads dans mon école, je me heurte à des résistances inattendues de la part des décideurs. Il suffit que je prononce le mot iPad pour provoquer des froncements de sourcils, voire de la réprobation.
C'est une attitude fréquente et épidermique que je rencontre aussi souvent … Il faudrait sortir du faux débat “j'aime / j'aime pas” la pomme … Beaucoup de ceux qui les rejettent n'en ont jamais tenu entre leurs mains … 😉
Ce sont des outils fiables, simples à utiliser, intuitifs et vraiment très performants ; L'offre de l'AppStore est sans comparaison …
What else ?
Comment se passe la maintenance ?
Elle passe par moi-même, j'y passe beaucoup de temps … iTunes et AppStore, je gère tout.
Comme je n'ai pas de Wifi en classe, je rapporte les tablettes au minimum une fois par semaine chez moi. Plus en période de création intensive pour répartir les contenus créés sur toutes les tablettes …
Penses-tu qu'un accès réseau est indispensable en classe ?
Nous y voila …
Indispensable pour l'enseignant certainement.
Pour vidéoprojeter ce serait bien … l'adaptateur VGA entre iPad et vidéoprojecteur se détache sans cesse, c'est pénible, ça coupe la séance et empêche que la tablette se promène de mains en mains …
Pour mes élèves, clairement non… sauf si ponctuellement nous voulions faire une recherche d'images …
Le wifi est-il à éviter à cause des ondes dans les classes de maternelle ?
C'est en effet la précaution avancée par l'Académie de Paris. Je mets les tablettes en mode “avion” pour éviter les dizaines de bornes des voisins autour de l'école …
Pour terminer, aurais-tu quelques conseils à prodiguer aux enseignants qui veulent se lancer ?
ALLEZ-Y ! N'ayez pas peur !! Des enfants de 3 ans s'en saisissent… pourquoi pas vous ?
(et pour le reste, je reste à votre disposition sur doigtdecole.com 😉 !!)
Merci Véronique !
“Tablettes en maternelle” : venez participer !
“Tablettes en maternelle”, c'est l'opération en cours actuellement sur Tilékol.
L'objectif : produire un document PDF gratuit, à partager, à diffuser, dans lequel seront décrites des séances mettant en oeuvre des tablettes, à l'école maternelle.
C'est également l'occasion de se lancer, de faire l'expérience de l'introduction de sa propre tablette dans sa propre classe, pendant un temps limité, pour voir ce qui se passe. Et ensuite, de partager ses réussites !
Allez, une étincelle, une petite envie, un test, même minime dans votre classe, avant les vacances de Noël !
Et nous nous ferons à tous un petit cadeau sympathique : “Tablettes en maternelle”.
Tous les détails ici : cliquez !
Bonjour,
Je ne suis pas dans le “j aime ou j aime pas” je ne doute pas que les enfants soient fasciné par cet outil …….cependant est il judicieux de mettre un ecran dans les mains d un enfant de trois, quatre et cinq ans,
Oui bien sur cest un moyen comme un autre mais devant la multiplication des ecrans aujourd hui, cela les conduits a les utiliser de plus en plus, on sait les problemes d attention que cela genere et d addiction sur le long terme…
Ecouter une histoire sur un ecran ne remplacera jamais l’histoire lue en vrai par l’enseignant, comme voir une oeuvre d art en vrai ne remplacera jamais la visite virtuelle d un musée, les écrans nous eloigne petit a petit de réalité le danger est là.
Stop aux écrans
écrans
Bonjour Gassend
Je suis entièrement d’accord avec toi sur le danger des écrans.
D’ailleurs, des études ont été faites à ce sujet : les enfants qui restent plantés devant leur télé accusent des retards de langage, entre autres, par rapport à ceux qui en sont tenus éloignés.
Et c’est là notre défi : utiliser les écrans à bon escient, de manière réfléchie, avec une intention pédagogique, en ayant des objectifs précis.
Eduquer les enfants à des usages des écrans qui les enrichissent et non pas qui les abêtissent, de manière à en faire des utilisateurs numériques avertis, et non pas des moutons bêlant dans le gigantesque troupeau virtuel : c’est cela notre mission. Parce, que nous le voulions ou non, nous vivons dans une société qui numérise à tout va, et il faut bien en tenir compte.
Il n’est pas question de remplacer toutes les visites réelles de musées par des visites virtuelles, ceci dit les élèves de l’île de la Réunion, où j’habite, pourront accéder à une visite réelle du musée du Louvre, que bien peu auront la chance de découvrir “en vrai” dans leur vie. N’est-ce pas une chance ?
C’est précisément, très précisément pour les raisons que tu indiques que je me plonge dans la problématique du numérique à l’école. Pour agir, et non pas subir, et faire de nos élèves actuels de futurs citoyens libres et éclairés.
Il est vrai qu’une histoire lue par l’enseignant est irremplaçable, tout comme est irremplaçable l’histoire dite par les élèves eux-mêmes, et dont l’enseignant garde une trace numérique…
Ca donne envie d’essayer !! Je serais très tentée, mais je n’ai personnellement pas les moyens de m’acheter une tablette !… Je ne maîtrise donc pas cet outil, bien que j’ai eu l’occasion d’en “toucher” chez des amis. Ca semble très intuitif et pas trop compliqué à utiliser.
Comment peut-on se faire prêter une tablette par l’Institution ?… Je n’ai jamais entendu parler de ça…
Et sinon, je me demande comment est-ce possible de gérer le fait qu’il n’y ait “que” quelques tablettes dans la classe, car j’imagine que TOUS les élèves la veulent !… Il en faut au moins 6 ou 7 pour pouvoir faire travailler tout un groupe sur tablettes ?…
Et enfin, il me semble que ces objets sont particulièrement fragiles. Comment éviter qu’une tablette à 300€ ne tombe par terre avec des élèves de maternelle ?… Je suis impressionnée par cette enseignante qui met dans les mains de ses élèves sa tablette personnelle ! Quelle marque de confiance !…
Bref, je me pose plein de questions…
Bonjour Sarah
On peut tout-à-fait travailler avec une seule tablette pour la classe, comme on peut travailler avec 7 ou 8 appareils.
La tablette est un appareil-caméléon, qui s’adapte à l’usage qu’on veut en faire…
Me revoilà après m’être noyée… comme beaucoup je suppose.
Je regarde tout cela avec beaucoup d’intérêt… Même si je n’ai pas de tablette ni à l’école ni à la maison, mais tout cela me titille de plus en plus.
La vidéo des “4 petits coins de rien du tout” m’a fait sourire : j’ai fait une adaptation de l’album sous la forme d’un film d’animation avec mes GS/CP l’an dernier, en amont d’une rencontre en classe avec Jérôme Ruillier, un homme formidable.
Mes élèves étaient plus grands, mais le projet a été très riche, et le langage au coeur de beaucoup d’activités.
merci Michel pour cette découverte, Véronique pour ce témoignage… et pour ceux qui râlent concernant les écrans, j’ai déjà exposé mon point de vue lorsque j’ai évoqué mon TBI : je suis une anti-écrans et pourtant, le TBI installé depuis bientôt 3 mois dans ma classe a révolutionné ma manière d’enseigner, et n’a remplacé ni mes ateliers de manipulation, ni la lecture offerte et le fait d’être confronté aux livres.
Qu’on le veuille ou non nos élèves évoluent avec leur temps et leur temps rime avec écran. A nous de les utiliser de façon réfléchie, comptée et intelligente… et arrêtons de crier au loup, il faut savoir faire la part des choses !
Un écran n’est qu’un assemblage de composants électroniques.
Il peut afficher le meilleur comme le pire.
A nous de choisir le meilleur, et d’apprendre aux enfants comment et pourquoi éviter le pire…
D’ailleurs… Les lignes que vous êtes en train de lire sont bien affichées sur un écran 🙂
On est bien d’accord ! 🙂
Moi non plus je n’ai pas de tablette, je suis bien tentée… Alors j’ai épluché le “Que choisir” pour le choix d’une tablette. Et bien je ne suis toujours pas avancé. Mon budget de classe n’étant pas extensible, je ne sais que choisir. Un p’tit conseil? A part Appel, qui est très bien mais hors budget.
AG
Un conseil ?
Vérifie les tarifs, parce qu’Apple n’est pas forcément plus cher, et est même parfois moins cher que l’EQUIVALENT matériel.
Avec la qualité de l’offre logicielle en plus. Voir ici :
http://www.tilekol.org/combat-de-mini-tablettes-samsung-note-8-contre-ipad-mini
J’ai acheté une tablette Android à 80 euros en début d’année scolaire, elle est déjà morte, la batterie se décharge même lorsque je ne m’en sers pas, dure au maximum deux heures, l’écran est tout rayé et elle perd la connexion de manière aléatoire. Je ne l’ai pas payée cher, j’ai perdu 80 euros…
Merci pour ce partage d’idées
Je découvre les potentialités du numérique en maternelle. J’espère pouvoir partager l’année prochaine car la ville va nous fournir des tablettes. J’ai juste essayer les robots beebot en MS sur le répérage dans l’espace car je suis curieuse de nature et mes élèves ont adoré joué et travailler avec cette abeille !
Valérie MS
Désolée pour les erreurs d’orth , mes neurones ramollissent avec la chaleur
j’ai juste essayé …..mais j’ai réussi , ils ont adoré jouer ……..ou hh là là
maitresse heureusement que tu vas partir en vacances!!