-Kévin est incroyable : il n'arrête pas de gigoter du matin au soir, il n'écoute rien, il est toujours dans la lune et quand je lui fais la moindre remarque, il n'est pas content. Il m'épuise !
-Tu en as parlé à sa mère ?
-Oui, à la maison, c'est exactement pareil ! Tu penses que je devrais le signaler ?
-OUI !
Kévin est peut-être simplement turbulent. Peut-être pas. Avez-vous entendu parler des TDA/H ?
Une ou plusieurs caractéristiques
Nous avons tous dans nos classe des élèves un peu particuliers, qui présentent une ou plusieurs de ces caractéristiques :
- Ils sont “dans la lune”, donnent l'impression de ne jamais écouter…
- Ils ont l'air complètement perdus lorsqu'ils découvrent une nouvelle notion…
- Ils sont impulsifs et parfois violents, ils ne se maîtrisent pas…
- Ils ont toujours “quelque chose qui bouge” : un pied, une main, ou ils se tortillent, s'étirent, ne restent pas en place…
Parfois, tous les “signes” sont réunis, parfois il n'y en a qu'un seul…
Bien entendu, TOUS les enfants gigotent lorsqu'on leur demande de rester assis sur une chaise ou sur un banc. Tous les enfants, a fortiori en maternelle, accorderont plus d'attention à ce qui les intéresse à un moment donné, et donc ne seront pas particulièrement réceptifs à ce qu'on voudrait leur proposer.
Mais là, c’est un peu différent.
Je parle ici d'enfants qui, en permanence, donnent du fil à retordre à l'enseignant, qui ne sait vraiment pas par quel bout le prendre. Des boules de nerfs, fort sympathiques au demeurant, ou au contraire des “Pierrot lunaire”, qui posent une énigme à la maîtresse (ou au maître) parce que visiblement, si on ne “fait pas quelque chose”, on sent bien que ces enfants vont connaître des difficultés à entrer dans les apprentissages.
TDA/H
Alors voilà, une expression savante est lancée, mais gardons-nous de décider que le petit Kévin est concerné.
Ce n'est bien entendu pas à l'enseignant de décréter que tel ou tel enfant est atteint de ce “trouble” (quel vilain mot, comme nous allons le voir un peu plus loin).
Les enseignants “repèrent”, “signalent”, puis les professionnels (psychologue scolaire probablement en premier lieu dans ce cas) “dépistent”, le réel “diagnostic” intervenant ultérieurement.
Voilà. La route est donc tracée, me direz vous. Je repère, je signale, le reste suivra (notamment le PPTSA ou Projet Personnalisé pour les Troubles Spécifiques des Apprentissages).
Agir
Eh bien non, justement, parce qu'en attendant un dépistage, puis un diagnostic, puis une prise en compte, puis une prise en charge avec adaptations pédagogique et aide spécifique, cet enfant, il est devant vous, et vous vous dites que, quand même, il faudrait faire quelque chose au quotidien, sans quoi tout le monde connaîtra des difficultés : l'enfant en question qui risque de perdre pied, l'enseignant qui passe son temps à le reprendre, et le reste de la classe qui risque de s'en trouver perturbée.
Nous devons donc agir. Elaborer une stratégie.
Mais avant tout, il nous faut un peu mieux comprendre en quoi consiste ce “trouble”.
Surprises !
Je me suis un peu plongé sur la question, par curiosité candide, et je suis allé de surprise en surprise. L'univers du TDA/H est passionnant.
D’une part, parce que les enfants directement concernés sont plus nombreux qu’on ne pourrait l’imaginer de prime abord (on parle de 6%, soit plus d’un par classe, en moyenne).
D’autre part, parce qu’il s’agit d’un réel trouble, qui va accompagner l’individu concerné pendant tout le reste de sa VIE.
Mais ce n’est pas tout, oh non.
Je me suis documenté, j’ai lu des témoignages d’adultes « porteurs » de TDA/H, je suis allé fureter du côté des sites anglo-saxons (merci, Ô Grand Internet), et je suis tombé sur des choses étonnantes. Et pas vraiment négatives.
Je suis également en train de lire un livre que je vais vous présenter. Un livre utile aux enseignants et aux parents.
Je vous parlerai de tout ceci dans la suite de cet article…
Je tente pour le livre : The element, de Ken Robinson? A tout hasard? Celui-là me fait beaucoup réfléchir à notre capacité à faire fructifier ou au contraire étouffer un talent d’enfant, sous prétexte de TDAH.
Je suis preneuse de tout ce qui pourrait faire avancer les choses, parce que comme tu dis, en attendant que le suivi se mette en place, cet enfant, il est là… Et en plus il a un potentiel incroyable. Et il est en souffrance, et ses parents aussi et la classe aussi.
J’ai lu des choses allant des récepteurs de dopamine au cerveau des mouches, en passant par les trucs et astuces bêtes et basiques, mais à part la coercition pure et dure, rien ne fonctionne et je n’aime pas faire le dragon toute la journée.
Hello Léa
Il ne s’agit pas de ce livre (que je m’en vais de ce pas découvrir).
Je sens que tu as un cas “avec hyperactivité” (en peut-être agressivité) dans ta classe…
Dans les cas difficiles, je pense que l’arsenal institutionnel à notre disposition – et il existe – doit être déployé, il n’est pas question de rester seul en classe à gérer sans aide.
Comme tu le fais justement remarquer, le paradoxe c’est que le mot “trouble” a tendance à masquer l’autre face, celle du “potentiel incroyable”. Et c’est là que ça commence à devenir très intéressant…
Pour ma part, j’ai vu un reportage avec une neurologue qui expliquait que les adultes “hyperactifs” n’existaient pas (contrairement aux enfants dont elles s’occupaient)… J’aimerais vraiment avoir des avis là-dessus. Le corps médical est-il divisé, y a-t-il réellement des études ou les diagnostiques sont ils posés histoire de trouver quelque chose pour les personnes concernées (je parle pour les adultes, concernant les enfants, je n’ai aucun doute !!!).
Merci d’avoir lancé la question/ le débat…
Personnellement, j’ai été diagnostiqué TDA (sans hyperactivité) cette année, et il semble qu’effectivement le profil adulte avec TDA+H soit rare, les cinq patients que suit mon neurologue étant dans le même cas que moi. De là à affirmer que les adultes avec H n’existent pas, je ne sais pas. Personnellement, je n’ai jamais été hyperactif, alors que mon fils, diagnostiqué TDA+H en élémentaire est aujourd’hui un adulte très calme et posé…
Peut-être trouverez-vous une réponse sur ce site très complet, que m’a conseillé mon neurologue.
le site en question, que j’ai oublié (!) d’indiquer… http://www.tdah-adulte.org/
L’avantage de la vieillesse c’est que la maturation des différentes parties du cerveau en vient à atteindre son maximum, même si c’est largement après les autres personnes…Malheureusement, ce cerveau-là est différent des neurotypiques (oui, je sais, on n’emploie pas ce mot dans ce cas-là d’habitude… mais justement). Ce cerveau donc fonctionne différemment des autres cerveaux. La personne TDA/H reste TDA/H toute sa vie, mais elle devient plus capable de maîtriser les manifestations de ce trouble. Donc cela se voit moins… Si les enfants devenus adultes répondent au test de Connors maintenant et dans leur enfance, ce devient évident que certaines manifestations ont disparu, mais beaucoup sont toujours là. Certains peuvent effectivement voir suffisamment de symptômes disparaitre pour passer dessous le seuil de diagnostic… mais juste dessous (pour l’ensemble des TSA, l’intensité des Troubles est primordiale dans le diagnostic, ainsi que leur pérennité).
Si, les adultes aussi sont TDA/H…
Allez donc en parler à mes collègues…
Bonjour Sol5
Tu as l’air de maîtriser le sujet. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ta spécialité ? Il est vrai que ton pseudonyme est un peu mystérieux.
A ce sujet, je vous engage à utiliser au moins un prénom dans votre pseudo, même si ce n’est pas votre “vrai” prénom. Pour favoriser le contact humain, c’est quand même plus pratique. Lorsque je rencontre une connaissance dans la rue, je ne lui dis pas “Ah, bonjour Nin_32 !”
Quand j’écoute et te lis, je me dis que cela ressemble fort à un enfant de notre école. Mais il est déjà suivi par de nombreuses personnes + hôpital de jour 2 jours par semaine mais jamais les termes de TDAH n’ont été prononcés. Pourtant, en écoutant le deuxième article, je me dis que vraiment ça y ressemble fort.
Nous avons encore une ESS juste à la rentrée des vacances, j’espère que d’ici là tu auras complété ton article. Je suis preneuse de toute information. Tu as éveillé ma curiosité et j’ai hâte d’en savoir plus. Et peut-être pourrais-je glissé cette idée lors de l’ESS…
As-tu pu savoir pourquoi il est suivi à l’hôpital de jour ?
Le TDA/H ne fait pas généralement partie des indications d’un hôpital de jour…
Je vais suivre avec grand intérêt la suite. En effet, j’ai eu dans mon école 2 enfants diagnostiqués … et ils me semblaient tellement différents, que j’avoue avoir été dubitative pendant un temps.
Pourtant, j’ai cette année un élève qui présente à sa manière un certain nombre des difficultés de ces deux anciens élèves…
Je me suis donc beaucoup questionnée et j’espère trouver des réponses lors de tes articles suivants.
… je suis impatiente … comme à chaque fois que tu lance un pavé !
J’ai également un enfant dans la classe pour lequel on se pose la question avec ses parents, les professionnels n’avaient diagnostiqué à l’époque sa grande sœur qu’au CP, j’attends avec intérêt la suite, merci pour cet article.
Bonjour Amandine
La leçon de ce premier article est la suivante : doute = signalement.
Ne perdons pas de temps, il existe un processus très clair, utilisons-le…
oui c’est ce que je vais faire dès la rentrée des vacances.
J’ai lu le livre “On se calme, mieux vivre l’hyperactivité”, du Docteur Olivier Revol, lui-même hyperactif (et surefficient au passage). Il parle aussi bien des enfants que des adultes et m’a personnellement mis sur la bonne voie. Peut-être est-ce ce livre-là ? 😉
Non, ce n’est pas ce livre-là 🙂
Très intéressant dois je dire une fois de plus. Je me suis penchée sur la question très récemment. Il y a un blog intéressant d’une maman concernée à plusieurs niveaux par le sujet.
Je te laisse déjà le lien de son blog si tu veux voir un peu plus :
les-tribulations-dun-petit-zebre.com
Moi j’ai hâte de lire la suite aussi
Hello Yen
Attention, la “zèbritude” est différente du TDA/H, même si certains font le parallèle. Ne prenons pas trop d’avance sur le prochain article 🙂
Bonsoir,
On parle de “zèbre” dans cette littérature spécialisée quand on parle des enfants à haut potentiel/précoces/surdoués… pour ne pas employer ces derniers termes.
J’ai eu dans ma classe un enfant TDA avec Hyperactivité, ce qui nous a aidé, lui et moi (même si j’ai mis beaucoup de temps à m’y résoudre), c’est d’installer sa table au fond de la classe, face au mur et, je le laissais sortir de la classe lorsqu’il sentait qu’il ne pouvait plus gérer ses émotions.
Cette année, il me semble qu’un des enfants de ma classe ait des troubles de l’attention. sans hyperactivité. Pour l’instant, j’ai conseillé à la mère de voir son médecin pour savoir qui consulter.
J’en ai aussi un, bien à moi, à la maison, au quotidien, mais cette fois, sans hyperactivité. C’est effectivement épuisant d’avoir un enfant atteint de ce trouble. Quand on ne connait pas ce trouble au quotidien, on peut penser que l’enfant se moque de tout, y compris et peut-être surtout de nous, les adultes. Il faut tout répéter sans arrêt et de nombreuses fois, même les choses les plus évidentes comme mettre ses chaussures avant d’aller à l’école. Même à 11 ans !!!!!! Mon fils associe à ce trouble une dyspraxie et une dysgraphie et il est aussi un zèbre. Il cumule donc…
Malheureusement, cela m’a pris presque 10 ans pour connaitre toutes ses particularités et il est très difficile de trouver des professionnels vers qui se tourner sans devoir faire un dossier de 10 kg et attendre 18 mois le premier RDV… c’est un vrai parcours du combattant pour les parents, sans compter qu’il faut soutenir, supporter son enfant en attendant ! Sans parler du coût que représente chaque bilan, chaque suivi…
J’ai lu plusieurs livres de Jeanne Siaud-Facchin mais aussi un certain nombre d’autres ouvrages dont je ne sais plus le nom des auteurs.
J’ai hâte de savoir si je peux apprendre des choses pour essayer de mieux vivre avec ce trouble très envahissant pour toute la famille et pour pouvoir mieux aider les familles qui ne peuvent pas assumer financièrement les dépenses qu’engendre un diagnostique (250 € pour les troubles de l’attention chez un psychologue).
Merci Michel, et, désolée d’inonder ta messagerie par mon commentaire à rallonge !
Malgré la longueur, j’ai oublié quelque chose:
L’hyperactivité peut s’atténuer vers la puberté pour disparaître. Par contre, les troubles de l’attention sont à vie. Une seule solution actuellement : un stupéfiant nommé Ritaline qui un psychostimulant. Sinon, il faut apprendre à vivre avec et prendre des actions chez Post-it !
Les leçons de Michel sont aussi très efficaces… quand on arrive à les suivre… J’ai réussi pendant 2 semaines. Avec la rentrée, cela a été fini !
Je suis dans le même cas que ton fils, TDA/H (oui juste assez d’hyperactivité pour être fatigante sans être dans le diagnostic…, dyspraxique (donc organisation …) et dysgraphique (mais là je me soigne grâce à la méthode Danièle Dumont …).
Bon courage 😉
Dans la classe l’an dernier, j’avais un enfant qui ressemblait à ce que tu décris, très réactif, toujours en mouvement…
Mais en fait, il avait des apnées du sommeil et cela se traduit par le même type de manifestations dans la journée : agitations (pour ne pas s’endormir, il bouge tout le temps), parfois des problèmes dans la régulation des émotions, dans l’intensité de la voix (là, il faut aussi faire vérifier l’audition)…
Donc en parler avec les parents pour que la qualité du sommeil soit vérifiée avant de signaler un possible Trouble.
ATTTENTION : les 2 peuvent se cumuler… c’est lors du traitement de l’un qu’on verra que l’ensemble des symptômes n’est pas suffisamment atténué et qu’il y a l’autre aussi…