Vous n'êtes pas encore convaincu que votre chaise vous veut du mal ? Venez donc lire ces quelques lignes qui vont vous faire la description des problèmes de santé liés à la position assise. Et qui vont également vous apporter des solutions, parce que bien entendu, il y en a. La première consistant d'ailleurs à vous lever et aller faire quelques pas. Mais lisez l'article d'abord 🙂
Mais comment une simple chaise peut-elle être féroce à ce point ?
Nous voici donc arrivés au troisième article sur le thème des méfaits de l’instrument diabolique appelé « chaise ». (Les deux premiers sont ici et ici).
Je quitterai un instant l'univers des écoles et je parlerai de nous tous, les humains modernes qui subissons les inconvénients de notre vie un peu trop facilitée.
Cet article sera organisé en deux parties : la description des dégâts provoqués par la chaise, et les solutions possibles.
La chaise est notre ennemie
En préambule, commençons par une petite réflexion du docteur Lévine : dans son livre, il nous fait remarquer que le mouvement est associé à la vie. Nous commençons notre existence en bougeant, et nous la terminons en restant immobile, en attendant l’immobilisme final.
Bouger, c'est vivre
Avez-vous remarqué à quel point les jeunes enfants sont naturellement en mouvement ? Le meilleur poste d’observation est la cour de récréation d’une école maternelle. Les enfants passent leur temps à courir sans arrêt.
Ici à la Réunion, lorsqu’il fait très chaud (très très chaud) en été, nous en parlons souvent entre collègues enseignants : la chaleur est écrasante, le soleil tape dur, et les enfants ne semblent pas en éprouver la moindre gêne : on dirait qu’ils sont alimentés par une pile atomique et ils courent, courent, courent sans trève jusqu’à la sonnerie. Ils sont montés sur ressorts, ils ont besoin de ce mouvement. Lorsqu’on les observe, on observe le miracle de la vie.
A l’autre bout de l’existence, les personnes âgées sont dans la plupart des cas clouées à leur fauteuil, et ont des difficultés extrêmes à faire le moindre mouvement : la vie s’en va peu à peu, et un jour, nous ne bougerons plus du tout. Nous ne respirerons plus, par la même occasion. Bye-bye existence.
Le progrès et ses conséquences
Entre ces deux phases extrêmes de l’existence, les choses ont beaucoup changé dans les décennies récentes. Petit à petit, le « progrès » nous a épargné le moindre effort physique. Ne parlons pas d’efforts extrêmes, juste des mouvements que nos ancêtres faisaient quotidiennement : laver le linge, couper du bois, transporter des sacs de provisions, aller chercher de l’eau à la fontaine, moudre le café avec un moulin à main, marcher pour se déplacer, monter des escaliers…
Désormais, le « confort moderne » prend tout en charge. Et nous, nous nous asseyons.Y compris pour nous déplacer (voiture, train, avion). Y compris pour travailler (les employés de bureau se sont multipliés à grande vitesse et une grande partie de la population travaille immobile face à un écran d’ordinateur). Y compris pour nous distraire (affalés dans le canapé devant la télé ou avec un smartphone ou tablette à la main, ou collés sur une chaise, le regard fixe, face à un écran d'ordinateur).
Le dénominateur commun de cette nouvelle civilisation s’appelle « chaise », ou « siège ». Nous ne bougeons plus. Nous nous plaçons sans nous rendre compte dans la position qui a été pendant un million d’année celle des humains attendant tranquillement la mort.
La liste des effets néfastes de la position assise
Ceci a des conséquences sur notre santé. L’immobilisme a des conséquences (avez-vous entendu parler de l’obésité ?) et la chaise se révèle être redoutablement néfaste pour la santé.
Voici une petite liste dressée par le docteur Levine, la liste des problèmes de santé directement liés à la sédentarité et à la position assise :
- Diabète
- Obésité
- Maladies cardiaques directement liées à la position assise
- Cancer du sein
- Cancer du colon
- Cancer du poumon
- Endométriose
- Dépression
- Hypertension
- Problèmes de dos
- Problèmes de sommeil
La mauvaise nouvelle, c’est qu’il ne suffit pas de faire du sport de manière intense pour rétablir l’équilibre : quand le mal est fait, il est fait. Chaque heure passé assis réduit l’espérance de vie. Nous nous punissons. Un exemple parmi d'autres ? En étant assis, nous comprimons nos organes internes, dont le foie. Et cette compression du foie favorise la dilatation d'une veine jugulaire externe, ce qui provoque des problèmes cardiaques. Vous pouvez faire tout le sport que vous voulez, quand cette veine est déformée, elle ne va pas revenir à son état normal (Voir l'article de Wikipedia sur la question).
Vous pouvez trouver cette description exagérée, vous pouvez adorer votre fauteil moelleux, vous pouvez dire « ils sont fous ces américains ». Mais ils ont raison. Etude après étude, la sentence tombe, invariablement. Et les choses s’aggravent : de plus en plus d’humains travaillent assis et passent au final 12, 13, 15 heures par jour dans cette position. Et le reste du temps, ils sont immobiles et dorment.
D’après le docteur Levine, lorsqu’on compare le nombre de décès liés au tabac et le nombre de décès liés à la position assise, on en arrive à la conclusion que la chaise tue plus de monde que la cigarette. Bien entendu, parmi la population de fumeurs, le pourcentage de décès est plus important, mais ramené à la population générale, la chaise est ce qu’il y a de pire.
Il y a des solutions !
Mais alors, comment faire ? Contrairement à nos ancêtres qui vivaient dans la période comprise entre l’apparition de l’homme sur la terre et la révolution industrielle (plusieurs millions d’années), nous sommes depuis très peu de temps totalement environnés de chaises, et la situation n’est pas prête de s’améliorer…
Certes, on peut surélever son bureau et travailler debout. C’est ce que je fais depuis janvier dernier et cela me procure un sentiment de liberté extraordinaire, mais être debout ne signifie pas bouger.
Et encore une fois, le docteur Lévine a réfléchi à la question et apporte des solutions.
Comment bouger en participant à une réunion, par exemple ?
C’est simple : il suffit de discuter en marchant. C’est ainsi que dans certaines entreprises, des « parcours de marche » ont été créés. Les discussions se font en marchant tranquillement, en intérieur comme en extérieur. (Une idée pour votre prochain conseil de maîtres si vous êtes enseignant ?)
Comment bouger devant son ordinateur ?
Un beau jour, james Levine réfléchissait à la question et soudain, une ampoule s’est allumée dans son cerveau. Eureka ! Il s’est précipité dans un magasin d’articles de sport, a acheté un tapis de course et l’a installé sous son bureau, qu’il a surélevé, en utilisant une table d’hôpital, réglable en hauteur. Il a réglé le tapis en position « marche lente » et il s’est rendu compte qu’on pouvait très bien marcher et utiliser le clavier, la souris et le téléphone : une solution pragmatique et efficace s’offrait aux millions de « condamnés à la chaise ».
Ne croyez pas qu’il s’agit d’un gag, c’est très sérieux. Des industriels se sont engouffrés dans l’aventure et des milliers de travailleurs sédentaires s’équipent de « bureaux de marche ». Et ils sont unanimes : ils se sentent nettement mieux, ont plus d’énergie qu’avant, gagnent en efficacité… et perdent du poids. Rien que ça !
En France, nous sommes un peu en retard sur la question. Mais les choses bougent, tout doucement. La prise de conscience se fait petit à petit. Un blog existe même avec quelques articles sur la question, dont celui-ci, écrit par un scientifique et qui résume bien la question.
Quant à moi, j'ai décidé de passer à la vitesse supérieure; J'ai commandé un bureau de marche, il arrive dans quelques jours. Il va sans dire que je vous en reparlerai !
Notons qu'un cinéaste bien connu avait trouvé comment faire de l'exercice au bureau. Il s'agit de Woody Allen et en 1971 il nous montrait la voie !
Bonjour Michel,
j’avoue que travailler debout me tente beaucoup (j’ai souvent mal au dos et la sensation de me vouter sur le bureau), mais je me pose la question du côté pratique. J’ai toujours plusieurs classeurs, feuilles, livres devant moi ou à aller chercher… Du coup, je muris doucement ce projet.
En tout cas, merci pour tous vos articles !
Alix
Bonjour Alix
Lorsqu’on est debout, c’est exactement comme lorsqu’on est assis, à la différence près qu’on est beaucoup plus mobile, on n’est plus coincé dans l’assise de sa chaise. C’est le jour et la nuit !
J’ai essayé depuis une semaine
et maintenant, j’ai beaucoup de mal à rester assise en fait.
Justement, tous les trucs à aller chercher ça me permet de bouger, de me déplacer,
ce que je ne faisais pas avant : tout était à portée de bras ou de roulettes…
J’ai une autre interrogation : comment définir la hauteur optimale du bureau selon sa taille?
Lorsque je suis assis, j’ai la table à la hauteur de mes coudes, et lorsque je suis debout c’est pareil. il n’y a rien à calculer, c’est juste une sensation qu’on ressent immédiatement.
Ok, merci ! Je vais regarder comment je peux mettre ça en place chez moi.
Pour aller jusque là,
flinguer un demi-mois de salaire dans un bureau de marche,
là je ne crois pas que je franchirai le pas (subtil jeu de mot).
Pour moi, ça n’a pas de sens : je préfère tout simplement travailler moins à l’ordi…
Personne n’est obligé de flinguer 1/2 mois de salaire…
Quand on est motivé, on trouve toujours des solutions. Sur le Bon Coin, il y a des tonnes de tapis de course jamais utilisés qui sont bradés pour quelques sous. Il suffit d’y adapter une planche, et voilà un bureau de marche pas cher.
Cette page de Pinterest donne plein d’exemples, et démontre qu’aux USA, le sujet est “bourgeonnant” en ce moment. Et sur Tilékol, aussi, d’ailleurs…
https://fr.pinterest.com/search/pins/?q=treadmill%20desk
Il suffit juste de prendre un tapis de course qui “accepte” de fonctionner à très basse vitesse sans à-coups.
Réflexion de ma fille de 11 ans qui lit cet articla avec moi: “Alors l’école nous tue!”
🙂
Lisez ensemble cet article et voyons sa réaction :
http://www.tilekol.org/anti-chaise-deuxieme-partie-une-ecole-en-mouvement
Bonjour Michel!
J’ai franchi le pas en classe, j’ai opté pour un groupe de travail “debout”, ça a été très facile (j’ai des GS): des tables de CM font l’affaire, surtout que beaucoup ont des “crans” et donc sont adaptables(je me posais la question pour le début de l’année prochaine… ils sont plus petits en début d’année..)
Avec les enfants ça a été très vite, ils adorent et peu importe l’activité.. bien sûr pour les jeux en groupe et/ou les situations mathématique savec beaucoup de matériel et déplacements c parfait… Mais aussi pour le travail plus “classique”!
C’est avec plaisir qu’on les voit se rendre très naturellement devant les différents référentiels de la classe (souvent dans le coin regroupement) pour revenir continuer leur travail ensuite.
Quant au niveau de bruit dans la classe il n’y a aucune différence (j’avais opté pour les balles de tennis sous les chaises…) pour l’efficacité du travail je dirais donc que c plutôt mieux mais alors pour l’impression d’espace dans la classe c’est vraiment extra!!
Et tout ça en 2 jours et seulement pour un groupe de tables.
Je ne me résous pas à changer complètement ma classe car il y a le CP l’an prochain et malheureusement il faut qu’ils gardent des postures “assises”… pour qu’ils ne soient pas catalogués comme “élèves remuants”..
Le passage de la maternelle au CP est déjà très difficile dans le changement de rythme, c’est à mon avis un vrai problème.
Bonjour Odile
Ton retour d’expérience est très intéressant. Ca donne envie.
Il est vrai que la généralisation des classes “debout” n’est pas pour demain ni après-demain…
Il faudra du temps pour que la majorité comprenne que la position assise ne va pas de soi et n’est rien d’autre qu’une habitude. Si on pouvait éviter aux jeunes enfants de prendre cette habitude, on leur éviterait de devenir des adultes assis.
Mais de désespérons pas : par exemple, j’ai connu l’époque où les profs fumaient en classe, où les instits fumaient dans la salle des maîtres et la cour de récréation…Et j’en faisais même partie, c’était tout-à-fait normal à l’époque. Une bonne prise de conscience généralisée et qui sait, les choses bougeront…
Les thèses sur le mobilier scolaire au XIXème siècle et notamment l’apport de Godin* ( celui des poêles) qui supposent que les “tables-bancs” doivent permettre la position debout
“Comment bien tenir son crayon”
http://michel.delord.free.fr/refondons1.pdf
MD
* voir son familistère http://www.familistere.com/jean-baptiste-andre-godin/
Je ne suis absolument pas d’accord sur le fait qu’un crayon doive être tenu entre le pouce et l’index.
Le crayon est tenu entre la pulpe de la première phalange du pouce et la face latérale interne de la première phalange du majeur, l’index venant dans un deuxième temps se poser gentiment sur la partie découverte dudit crayon.
Danièle Dumont, si vous passez par là, merci de confirmer 🙂