Parfois la vie nous donne une petite leçon. Il se trouve que j'y ai droit, et depuis plusieurs mois. Une leçon que je trouve très profonde et assez inattendue, en ce qui me concerne, sur plusieurs points.

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J'ai trouvé que ce serait intéressant de la partager avec vous. Qui sait ? Elle vous sera peut-être utile, à vous aussi…

Vous le savez peut-être, parce que je l'ai expliqué plusieurs fois notamment dans les petites lettres que j'envoie à mes abonnés le mercredi : en ce moment, je suis accaparé par des travaux de rénovation de maison.

Un truc “comme on le voit à la télé” : refaire les peintures, le carrelage, changer les fermetures, installer une cuisine, refaire l'électricité, manier la truelle, le rouleau à peindre, le tournevis, etc… “Comme on voit à la télé”, mais là, c'est en vrai, et c'est bien différent.

Voici quelques points que je trouve dignes à être partagés avec vous :

La règle du “X2”

C'est le nom que j'ai donné à ce phénomène assez particulier :

Dans tous les cas, sans aucune exception, les travaux ont pris deux fois plus de temps que prévu et ont coûté deux fois plus cher que ce que j'imaginais. Gros naïf que je suis.

Ce qui est assez étonnant, c'est que cette règle du “X2” s'applique tout le temps : qu'il s'agisse de faire moi-même le travail ou de passer par un artisan.

Si je l'avais su au départ, je ne sais pas si j'aurais eu le courage de me lancer…

Mais une fois cet axiome intégré, un genre de réglage s'est effectué dans ma cervelle et je l'ai accepté sans trop rechigner.

Le réel n'est pas le virtuel

Nous vivons dans un monde où le virtuel prend bien souvent le pas sur le physique. Un clic et une commande est passée, cinq minutes devant un écran et un travail est effectué, on appuie sur un bouton et le lave-linge se met en marche et s'occupe de tout, idem pour la vaisselle et pour bien des éléments de notre vie quotidienne.

Mais changer un bâti de porte, sur un mur qui n'est pas tout-à-fait droit, peut rendre fou un esprit fragile qui n'y est pas préparé 🙂

Mais installer un meuble-vasque de salle de bains (en démontant l'ancien, en reprenant le mur qui avait 30 ans et qui était abîmé, en trouvant une solution parce que l'ancien carrelage n'était pas disponible pour un petit rajout, en reprenant la plomberie en découvrant au passage qu'une micro-fuite était là probablement depuis plusieurs décennies, je pourrais continuer cette liste longtemps) peut prendre quatre jours pleins, du matin au soir !

Avant…
Pendant…
Après…

Mais décaisser 3m2 de terre dure à la pioche et à la pelle peut vous fracasser le dos…

Bref, se frotter au réel bien concret, bien lourd, bien coupant, bien salissant, bien rugueux est une sacrée expérience.

Le manuel est aussi intellectuel

Ça, c'est une chose que je connaissais déjà, mais j'ai pu le vérifier maintes et maintes fois sur ce chantier.

Notre société a tendance à glorifier les métiers intellectuels, en les mettant au-dessus des métiers manuels.

Mais cette même société oublie une chose : les mains sont commandées par le cerveau.

Les travailleurs manuels doivent sacrément faire travailler leur matière grise avant et pendant leur intervention. Le travail manuel met en oeuvre l'esprit et le corps, alors que le travail intellectuel oublie la moitié, et par là-même se prive d'un plaisir non négligeable !

Et sans maçons, sans peintres, sans électriciens, sans terrassiers, tous ces métiers durs, fatigants, nous ferions comment ?

Bravo à vous, artisans.

Le bonheur de l'effort

Sur le chantier, le carreleur sifflotait, le plombier chantait à pleine voix.

Quand j'ai passé une journée à creuser le sol avec mon pic (et à me flinguer le dos), j'étais tout content.

Visiblement, l'activité physique est comme le sport : elle libère des endorphines qui nous rendent heureux.

Finalement, ce n'est pas étonnant : pendant des milliers d'années, l'espèce humaine a fait des efforts physiques, chaque jour, et pas uniquement pour construire des pyramides ou des cathédrales, mais pour survivre, tout simplement.

Et ces efforts physiques sont restés ancrés dans nos gènes. Quand on ne transpire pas, chaque jour, il nous manque quelque chose et nous ne nous en rendons pas compte…

L'importance de l'épargne

Allez, je vais prendre le rôle de l'ancien qui s'adresse aux jeunes :

Ouvrez un livret A ou n'importe quel compte d'épargne, et paramétrez un virement automatique mensuel qui l'alimente.

Même une toute petite somme.

Faites-le maintenant.

Et laissez agir le temps.

C'est ce que j'avais fait, ainsi que ma femme, il y a 25 ou 30 ans.

Pendant toutes ces années, ces livrets ont grossi tranquillement, les intérêts se rajoutant au capital et produisant à leur tour des intérêts, le tout sans douleur.

Je me suis souvent demandé à quoi pourrait bien servir cette épargne, si ce n'était pas de l'argent immobilisé pour rien.

Aujourd'hui, je comprends : sans cette bonne initiative, nous n'aurions pas pu procéder à cette rénovation, à moins d'avoir souscrit un crédit qui nous aurait plombés pendant des années.

Je sais, je sais, vous allez me rétorquer que l'épargne n'est plus rentable, que l'inflation la grignote, que les taux de crédits sont bas, etc…

Faites comme vous voulez 🙂

Le plaisir du résultat concret

J'ai donné le premier coup de pioche (en fait il s'agissait d'un coup de masse pour dézinguer un muret-bar au milieu du séjour) le 25 octobre.

C'était il y a quatre mois, à deux jours près.

Quatre mois d'effort, quatre mois pendant lesquels mon esprit a été accaparé à 100% par ce chantier, ce qui m'a confirmé que j'étais totalement mono-tâche et que je ne pouvais pas faire deux choses à la fois…

Quatre mois “entre parenthèses” dans ma vie, comme un long voyage, mais sans avoir besoin de me déplacer 🙂

Et progressivement, j'ai vu cette maison se transformer, à la sueur de mon front et au désespoir de mon chéquier qui s'est réduit comme une peau de chagrin.

Le chantier n'est pas terminé, il reste un travail de terrassement/bétonnage à l'extérieur, et quelques jours à débarrasser les pièces des restes des travaux : outils, planches, pots de peinture etc…

Et aussi à finaliser les finitions.

(Et à repeindre une façade, tiens, je l'avais oubliée, celle-là !)

Et ce sera terminé.

Ouf.

Mais quel plaisir de voir le résultat de tous ces efforts !

J'arrête ici, j'espère que cette description de cette leçon de vie vous sera utile, et je vous laisse : j'ai un portail à repeindre.