L‘utilisation de la tablette comme outil pédagogique se développe inexorablement. Et cet appareil a toute sa place dans les classes maternelles. Je vous propose une nouvelle rubrique, un espace de partage pédagogique : “Tablettes en maternelle”.
Qui dit “entrée de l'école dans l'ère du numérique”…
…Dit “entrée des tablettes dans les classes” !
Ah, dès qu'on prononce la phrase “tablette à la maternelle”, les passions se déchaînent.
Les un sont “pour”, les autres opposés, certains ne jurent que par iPad alors que d'autres défendent farouchement Android, d'aucuns hurlent que les yeux des enfants vont être irrémédiablement abîmés, lorsqu'ils ne vont pas être transformés dès le berceau en zombies dépendants, et puis voyez-vous, “de notre temps nous avons appris à lire sans avoir besoin de ces bidules“…
…Et si on se calmait un peu ?
…Et si on discutait tranquillement ?
…Et si on écoutait les arguments des uns et des autres ?
La tablette fait partie de nos vies
Que nous le voulions ou non, la tablette fait partie de nos vies, ou en fera bientôt partie, pour ceux qui n'ont pas encore franchi le pas.
Parce que la tablette n'est pas un simple gadget, c'est le fruit d'une évolution qui aboutit à la quasi-disparition de l'appareil en lui-même, au profit de son contenu, qui est ultra-portable, ultra-accessible, et qui peut tout autant être ultra-utile ou ultra-nuisible.
Réfléchissons. Concentrons-nous sur ce qu'on peut appeler “le savoir”. Il y a très peu de temps, pour y accéder, il fallait se déplacer, visiter des bibliothèques, compulser des encyclopédies, interroger des spécialistes, faire venir par la poste des colis contenant de la documentation, téléphoner à des personnes connues pour leur érudition. Et aussi, bien entendu, aller à l'école, au lycée, à l'université.
Les écoles, lycées, universités sont toujours là, heureusement. Mais désormais pour accéder au même savoir qu'il y a 25 ans, il suffit de toucher une petite vitre.
Même le bon vieil ordinateur souffre, perd pied, marque le pas face à la tablette. En France, il s'est vendu, en 2013, 5,1 millions de tablettes, contre 3,9 millions d'ordinateurs portables. On parle d'ère “post-PC” qui commence.
Et c'est normal : la tablette permet (en partie) de s'affranchir des dispositifs lourds, encombrants et surtout plus ou moins fixes. L'information nous suit au fond de notre sac, voire de notre poche. Et pas uniquement l'information…
Le numérique est un défi
Cependant, tout n'est pas idyllique. L'irruption du numérique dans nos vies, aveuglément et outrageusement poussé par les énormes machines du marketing des entreprises voulant à tout prix devenir le “Big Brother Number One”, n'est pas sans danger.
Et il n'est pas sans danger pour les enfants. A bien des niveaux. Je ne vais pas m'étendre ici, parce que ce n'est pas l'objet de cet article, mais croyez-moi, il faut être extrêmement vigilant. Et pas uniquement pour les enfants. Nous vivons une mutation de nos sociétés qui se produit à une vitesse folle et qui est difficilement contrôlable, même par les états. Même par les multinationales du numérique. La créature échappe à son créateur, parce que l'utilisateur se l'approprie et invente de nouvelles manières de s'en servir, et souvent de s'y aliéner.
…Et l'école, dans tout ça ?
L'école a bien entendu un rôle énorme à jouer dans la problématique de l'irruption du numérique dans nos vies. Elle a tout simplement un rôle d'éducation.
Et pour éduquer, il faut connaître. Et pour connaître, il faut apprendre.
Apprendre l'outil. Apprendre à distinguer bonnes et mauvaises utilisations. Apprendre à utiliser son fantastique potentiel. Apprendre à l'inclure dans sa pédagogie. Apprendre à ne pas tomber dans les pièges.
Refuser les tablettes à l'école, c'est priver les enfants de l'apprentissage d'un outil qui risque de devenir leur ennemi plus tard. Si personne ne leur en montre des formes d'utilisation enrichissantes, intelligentes, qui va les aider, les faire progresser. Les éduquer.
Parce que, s'il faut être conscient des dangers potentiels, il faut également être conscient des qualités des tablettes. Je parle des qualités pédagogiques.
Partageons
Vous connaissez la devise de Tilékol : “enseigner, apprendre, partager.”
Mettons-là en pratique. Adaptons notre enseignement à la nouvelle donne. Apprenons les nouveaux codes. Partageons les nouveaux usages.
Dans les classes maternelles, les tablettes sont aussi utiles que la pâte à modeler ou la gouache. Elles permettent de créer des interactions inédites.
Tenez, un simple exemple. Vous faites une vidéo d'un élève en train de parler. Vous retournez l'appareil, vous touchez la vitre, et immédiatement, il se voit et s'entend.
Vous en profitez pour lui envoyer un petit feedback sur un mot qu'il a mal prononcé, sur une tournure de phrase incorrecte. Lorsque ce ne sont pas ses camarades qui le font. Il peut alors se revoir, se réécouter, plusieurs fois et immédiatement.
Vous l'enregistrez de nouveau. Il réfléchit, s'applique, se corrige. Ce n'est plus un album-écho, mais une vidéo-écho instantanée.
Ce petit exercice ne demande que quelques manipulations ultra-simples et immédiates, impossibles à réaliser avec une caméra ou un ordinateur. Il ne va pas rendre les enfants aveugles, il ne va pas les enchaîner à l'écran, il va leur apprendre à parler.
Des exemples comme celui-ci, il y en a des dizaines. Une utilisation facile, mobile, à effet immédiatement palpable. Et nous devrions nous en priver ?
“Tablettes en maternelle”
“Tablettes en maternelle”, c'est un lieu de ressources qui se trouve ici:
Vous y trouvez :
- Des fiches pédagogiques créées par vos collègues et téléchargeables.
- Un modèle de fiche à remplir et à me renvoyer, si vous désirez partager une utilisation que vous faites vous-même des tablettes dans votre classe.
- Des liens vers les articles de Tilékol traitant du sujet, et aussi vers d'autres sites ou blogs présentant un intérêt dans le domaine.
Cette rubrique va progressivement s'épaissir.
L'aventure risque d'être bien sympathique, vous ne croyez pas ?
Enfin je laisse un mot… J’aime lire Tilekol depuis un moment et j’y trouve une réflexion riche, simple et argumentée qui fait progresser mon approche et ma pratique des apprentissages. Ainsi, on ne s’en sent plus seul(e) lorsqu’on arrive en salle des maîtres avec des idées soi disant “folles”! Et c’est le cas une fois encore avec cette nouvelle rubrique sur les tablettes en maternelle! Chouette idée et superbe travail qui fait écho à d’autres blog, comme celui des maternailes qui m’avait fait regarder ces fameuses tablettes ( dont on ne peut plus se passer à la maison) de plus près. Merci et bravo Michel!!!
Je dois dire que ton article tombe à pic. En effet, le CRDP me prête à la rentrée une quinzaine de tablettes pendant 3 semaines. Je vais donc pouvoir tester et je ne manquerai pas de te faire un retour de mon expérience.
PS: Je te suis grâce à Bloglovin et bien que recevant la notification des nouveaux articles, je n’arrive plus en cliquant dessus à arriver sur ton site. As-tu une idée de ce qui se passe et sais-tu si d’autres personnes ont le même problème que moi ?
Bon mercredi !
Bonjour Christine,
Ah oui, tiens, c’est bizarre ce bug de Bloglovin.
Pour le résoudre, il te suffit de cliquer sur la petite croix qui se trouve en haut à droite de la page, sur le bandeau Bloglovin, et hop, l’URL réelle se met en place et tu atterris ici 🙂
Merci !
Quelle belle et riche idée tu as eu…comme toutes les autres! Tu le sais déjà, je suis fan! Oui, les tablettes ont un avenir prometteur dans nos classes et il ne manque que…les sous! Du contenu, que ce soit sur Android ou sur Ipad, il y en a pléthore, du bon comme du mauvais. Il faut tester et j’y ai mis mes neveux à l’oeuvre, avant de pouvoir en disposer en classe. Tiens, par exemple, la petite appli (qui a tout d’une grande) d’Elisabeth Fabre de Morlhon et sa méthode “serpodile”: j’apprends l’écriture cursive. Mes élèves adorent quand j’amène ma tablette. Que de perspectives langagières, visuelles, sonores nouvelles s’ouvrent à nous pour faire évoluer positivement nos pratiques de classe et nos projets! Bisous Michel et encore merci.
Oh, Evelyne, si tu décides d’équiper ta classe, tu vas te rendre compte qu’il ne manque pas que les sous…
Il manque aussi une prise de conscience du potentiel des tablettes par bien des gens, y compris au sein de l’Education Nationale…
Bonjour Michel,
je n’ai pas encore de tablette ni à titre perso ni dans ma classe ou dans mon école….Mais ça me donne pas mal envie tout ce que je viens de lire.
Bonjour,
Merci pour cette nouvelle rubrique très intéressante. Je me demandais quels étaient les différents moyens pour se faire preter des tablettes. Visiblement, le CRDP pourrait nous en preter, c est ca? Y a t il d autres possibilités?
Merci beaucoup
Karyn
Bonjour Karyn
Je pense que la fortune sourit aux audacieux, et que pour pouvoir se faire prêter des tablettes, il faut un mélange de chance et d’action.
Dans mon école, c’est le représentant local d’Apple qui nous a prêté les iPads.
Ça y est c’est parti !
Les IPad sont arrivés dans ma classe cette semaine et vont rester jusqu’aux prochaines vacances. Sur mon blog “de partage” (http://moncahierjournal.canalblog.com/), je vais essayer de vous tenir au courant de mes impressions et de la manière dont je vais les utiliser. J’ai déjà publié quelques articles. Bon dimanche à tous !