Les “controverses de Descartes” sont des conférences-débats organisées chaque année à l'université Paris-Descartes. Elles sont filmées.
Voici les interventions de Roland Goigoux, Franck Ramus et Bruno Germain à propos du “Rapport Goigoux”.
Si vous aimez les approches rigoureuses, vous aimerez la première partie.
Si vous souhaitez conserver votre esprit critique, et questionner une démarche scientifique, vous aimerez la deuxième partie.
J'ai trouvé intéressants les exposés expliquant la démarche proposée et en montrant ses limites.
Bien entendu, une étude, quelle qu'elle soit, n'apporte des conclusions que sur le prisme choisi arbitrairement au départ.
De la même manière, un thermomètre donnera toujours exactement la température… du thermomètre.
Merci à Philippe Vadot de m'avoir fait connaître cette vidéo.
Je crois que je connaissais son existence, mais je n’ai jamais regardé cette vidéo. Merci de me la remettre sous les yeux. Je vais regarder
Pour un autre jour éventuellement, il y en a une plus petite de Franck Ramus avec en fin de vidéo une courte bibliographie de livres intéressants à lire pour sa réflexion personnelle et aussi sa pratique pédagogique. Je n’en ai lu qu’un, mais les autres m’ont été chaudement recommandé. Le contenu de la vidéo est bien aussi ceci dit.
https://vimeo.com/166064288
D’ailleurs en y réfléchissant, c’est peut-être un extrait de celle que tu présentes.
Je vais voir ça.
Franck Ramus souligne l’erreur de procédure de l’étude “lire-écrire de Goigoux :
« Il reste à faire évaluer les résultats et à publier au niveau international. C’est comme ça que le travail est expertisé. Ce processus est propre à la recherche scientifique, il est essentiel. Alors on peut commencer à parler des résultats mais pas avant. Ici, on a fait le contraire. On a communiqué avec une conférence de presse. Peut être un jour écrira-t-on un article pour une revue internationale.»
La vidéo des entretiens de Descartes montre un Goigoux perplexe pour répondre à F Ramus.
Loin d’être un partisan de la méthode photographique de recherche utilisée par l’étude “lire et écrire” qui n’est qu’un constat apportant finalement très peu d’informations nouvelles, il est bon de s’interroger sur le point de vue de F Ramus.
Selon lui, seul le fait de publier, et en anglais s’il vous plaît, dans une revue scientifique internationale, permet d’apporter une valeur réelle à toute expérimentation. Les pairs jugeant, demandant de corriger, de préciser, apportent une caution “scientifique” au travail. Et quand il est dit scientifique, on comprend vérité. Or, il y a eu déjà tellement de découvertes “scientifiques” qui sont devenues fausses qu’il est difficile de partager ce point de vue.
En remontant dans l’histoire, de nombreux savants n’ont dû leur compréhension qu’à leur obstination à aider les contemporains à accéder à leur point de vue, point de vue qui n’est pas forcément réalité, même appuyé sur des études “scientifiques”. Quand l’église imposait son diktat à la science, certains, publiant en latin, l’anglais de l’époque, ont dû abjurer et revenir à une conception plaçant la terre au centre de l’univers.
Je ne crois donc pas qu’une recherche soit plus certaine parce qu’elle a été soumise à une évaluation de personnes pensant exactement ce que démontre la recherche. Je pense plutôt, et mon expérience me permet de l’affirmer, que même si vous avez réalisé une trouvaille nouvelle, les “anciens” feront tout pour faire croire que vous êtes dans l’erreur. Ainsi en affirmant que le codage de l’oral était la porte d’entrée en écriture je n’ai rencontré que désaveu, mépris ou sourire. Pensez donc s’il y avait une procédure d’apprentissage de la lecture qui fonctionne cela se saurait. Continuons donc à décoder il en restera bien quelques lecteurs. De plus illustres que moi ont subi le même sort. Les scientifiques de l’académie des sciences ont longtemps maintenu que la génération spontanée était plus scientifique que les propositions nouvelles de Pasteur. Les journalistes n’ont pas été moins sceptiques, faisant inoculer le charbon tour à tour à un mouton vacciné puis à un non vacciné. Et quand ce physicien met au point le vaccin contre la rage, on a du mal à le croire et ce n’est pas lui qui soigne Meister, mais un docteur, même si Pasteur, on le comprend, veille sur les suites qu’on connaît. Et qu’est-ce qu’il y avait de scientifique dans la découverte de Jenner (vaccin de la variole) ou même dans la découverte de la pénicilline (des boîtes de Pétri oubliés dans une armoire…) ?
Je ne défends pas Roland Goigoux qui ne m’a jamais écouté (dans la vidéo il est fait allusion à ces “sorciers” qui auraient des “méthodes” qui réussissent), mais je pense que si on fait une découverte, que son application donne des résultats plus que probants, on n’a nul besoin de l’aval de savants qui n’ont aucune idée de ce qu’est le codage et ne peuvent donc en juger. Il ne faudrait pas 130 chercheurs et 2507 élèves pour vérifier par expérimentation que le codage précède et permet le décodage, qu’il est effectivement la porte de l’écrit pour tous. Et si l’expérimentation venait démontrer l’inverse il serait temps pour moi de faire amande honorable. Je n’ai pas peur, ce sont les chercheurs qui ont peur ! Il faudrait déjà qu’ils apprennent ce qu’est le codage, réalisé de plain-pied par les élèves. Il faudrait qu’ils mettent leurs études scientifiques en question, et ce n’est pas facile. Malgré mes demandes j’attends encore une expérimentation d’écrilu. Ce qui est certain pour l’instant c’est que son succès est visible pour ceux qui prennent le temps de réfléchir et de tenter l’expérience.
Et une fois ce succès français prouvé expérimentalement il sera assez tôt pour en informer le monde en langue “planétaire”. Aucune langue ne peut échapper à cette observation naïve : il faut commencer par inventer une écriture de l’oral, quelle que soit sa forme, pour pouvoir relire ce qu’on a écrit. L’œuf de Christophe Colomb, avec une multitude d’applications pédagogiques : je pense qu’une fois compris les liens qui unissent le codage au décodage chaque maître ou maîtresse peut inventer un processus respectant les élèves, la classe et leur milieu tout en activant cette genèse de l’écrit. Pour démarrer ils pourront utiliser quelques recettes des découvreurs. (voir le site http://apprendre-a-lire.pagesperso-orange.fr/)
Le jour viendra où on s’interrogera : ce sera lorsque beaucoup de collègues auront le courage de se lancer, d’essayer les pratiques, de constater l’aisance des élèves et leur plaisir à apprendre finalement à lire et bien lire.
Bonjour,
A mon humble avis, Roland Goigoux ne prétend pas prouver l’efficacité d’une méthode mais de mettre en évidence des pratiques efficaces.
* je regrette d’abord que l’approche par méthode soit écarté si rapidement sans l’ombre d’une démonstration (où sont les chiffres qui montrent que les méthodes n’ont pas d’influences ?).
* il aurait effectivement été intéressant que les classes utilisant la méthode écrilu puissent être intégrées dans ce programme de recherche.
Au final, je pense que Franck RAMUS ne se positionne pas sur le contenu de la recherche (même si il a certainement un avis) mais sur la manie française d’avoir des gourous en sciences de l’éducation. Les neuromythes en éducation sont tenaces et encore plus implantés chez les enseignants qui cherchent à s’autoformer faute de formation continue efficiente.
Par exemple, les styles cognitifs n’ont jamais fait preuve de leur efficacité. Il existe peut-être des “styles cognitifs” mais rien ne prouve qu’il soit efficace de se servir de cette approche pour faire progresser sa classe. Pourtant, les travaux à ce sujet sont véhiculés y compris par des conseillers pédagogiques. A l’inverse des travaux scientifiques qui ont établis des “méthodes efficaces” ailleurs dans le monde ne sont pas reproduits en France et pire sont “cachés” aux enseignants. Qui a entendu des études sur la lecture menées aux Etats Unis depuis les années 70 ? Qui a entendu parler de l’Enseignement Explicite (en tant que méthode) ? Qui a entendu parler des recherches sur la mémorisation du professeur Roediger ?
En France, personne ou quasiment personne car les différents mouvement pédagogiques sont extrêmement sectaires et discréditent immédiatement tout souffle nouveau. La méthode écrilu me semble intéressante même si personnellement je n’accroche pas sur tous les points, pour autant, je pense que l’Education Nationale devrait se donner les moyens de vérifier son efficacité à partir des écoles où elles est appliquée. Si le résultat est positif, je pense qu’elle devrait en promouvoir l’utilisation.