Il y a des trilogies Pagnolesques, des sagas à la Dallas, et il y a l'histoire de Nanoug… Découvrons chaque jour une facette de sa personnalité, levons le voile sur son histoire, et aujourd'hui rencontrons nanoug, jeune institutrice fraîchement émoulue de l'Ecole Normale et qui découvre les joies du poële à mazout…
Déjà, une première découverte, et de taille : Nanoug garde une trace de chacune de ses coupes de cheveux. Ce qui n'était qu'une hypothèse à la réception de cette photo s'est transformé en certitude en lisant la conclusion du texte ci-dessous.
Deuxième découverte : Nanoug sait parfaitement où se trouvent les photos de son enfance. Et elle nous en fait profiter. Qui aurait aimé l'avoir pour élève ?
A cette époque, c'était une petite fille qui avait rapidement repéré que sa maîtresse avait des genoux, et que ces genoux n'attendaient qu'elle. Et pour atteindre ces genoux, une seule solution : pleurer, pleurer et encore pleurer. Avec au bout du compte une place de choix pour la photo de classe…
A partir d'ici, c'est Nanoug qui parle…
Première partie : Nanoug institutrice
Nanoug enseignante ????
Ouh là là ! il va falloir prendre la machine à remonter le temps et faire un bond en arrière jusqu’en 1985 !
Après 3 années géniales à l’école normale de Niort (c’était l’avant dernière année avant que la formation niveau BAC ne passe niveau DEUG), me voilà nommée fin août 1985, dans le fin fond des Deux-Sèvres, dans un tout petit village d’environ 500 habitants à l’époque , directrice et en charge de la classe de PS/MS/GS/CP, la deuxième classe allant du CE1 au CM2 !
Pas facile à 21 ans mais bon quand il faut y aller, il faut y aller !
J’ai passé 3 ans dans cette petite école, avec des souris dans la classe et dans mon logement de fonction, les toilettes au fond de la cour, le poële à mazout qui fume au fond de la classe, mais des enfants gentils et des parents sympas qui m’apportaient volontiers des salades , des volailles ou des fromages de chèvre de leur fabrication…
Et finalement c’étaient trois belles années où on n’avait pas encore la « réunionite », où on partait en classe de neige en train avec ses petits en prévenant juste l’inspection des dates et du lieu , où on ne remplissait pas des livrets en maternelle, où on prenait son temps pour découvrir la nature autour de l’école, où on faisait des gâteaux avec les œufs de la ferme donnés par les parents …Bref le bon temps même si je n’en avais pas conscience !
Et puis je me suis mariée et j’ai suivi mon mari dans l’Oise où je suis restée 4 ans (dont 3ans en maternelle) avec la hâte de revenir « par chez moi », c'est-à-dire en Charente-Maritime, mon département d’origine.
En 1992, j’obtiens ma mutation et me voilà de retour dans ma région, enceinte de mon deuxième enfant.
Ce sera ma deuxième année en primaire (je n’avais pas eu le choix) et j’avoue que ce n’est pas ma tasse de thé !
Les CM2 sont plus grands que moi et les parents sont étonnés de voir sur la photo de classe « qu’on se maquille déjà en CM2 !!!» avant de savoir que « mais non, c’est la maîtresse ! ».
Mais dès l’année suivante, retour au milieu des petits avec la direction d’une école à deux classes où j’avais la classe enfantine de PS/MS/GS.
Là encore, peu de moyens, pas de photocopieur, pas de salle de motricité, pas de matériel mais Nanoug joue à Mac Gyver pour fabriquer des outils, inventer ce qui manque avec les moyens du bord…C’est marrant au début mais peu à peu on se lasse et on revient parfois en pleurant des conférences pédagogiques dans les belles écoles de ville avec du matériel qu’on n’aura même pas en rêve !
Alors 7 ans plus tard (oui quand même !), changement radical pour avoir plus de matériel, plus de collègues et surtout plus d’échanges car on finit par tourner en rond dans sa classe de Cycle 1 sans personne avec qui partager et échanger.
Je me retrouve pendant 3 ans sur un « poste fractionné » avec 2 quart temps de décharges de direction en primaire et un mi-temps en PS/MS.
Puis arrive un départ à la retraite en maternelle dans une de mes écoles dans un petit village à côté de Saintes.
Je tente ma chance et obtiens le poste où je resterai de 2002 jusqu’en 2010 en PS/MS ou MS.
Mon départ en retraite n’était pas prévu si tôt car j’adorais mon travail, mon poste, mon école, mes petits, mon Atsem, ma directrice …. mais l’opportunité de partir dans de bonnes conditions avant le changement de loi était trop tentante !
J’ai rangé mon cartable en juin 2010.
Sans regrets car j’ai eu une vie professionnelle bien remplie et passionnante mais où la paperasserie, les réunions, les compte-rendus, les projets, les bilans, les évaluations… prenaient malheureusement de plus en plus le pas sur la pédagogie et l’action en classe.
Alors avant de m’épuiser j’ai fait le grand saut vers une nouvelle vie où la peinture et les voyages ont pris une grande place… au milieu d’autres projets qui n’étaient absolument pas prémédités comme l’écriture des Nanoug’bouquins ou la création d’un blog en arts visuels…
Bilan :
-25 ans de vie d’instit (dont 23 en maternelle)
-3 départements
-9 écoles
-11 déménagements
-Environ 600 élèves
-Au moins 15 coupes de cheveux
Et ….Zéro regret !
Si vous ne l'avez pas encore fait, entrez votre adresse ci-dessous pour recevoir le recueil “Présentation des Nanoug'bouquins” ainsi que le cadeau surprise…
Remerciements:
Un grand merci aux blogs partenaires qui relaient l'information sur leur page :
Quel beau parcours! Et que de changements capillaires! 😉 Je suis enseignante en TPS/PS et je suis ton blog depuis plusieurs années. j’apprécie beaucoup ton travail sur la représentation du temps. A quand un livre sur ce sujet? Un grand merci à Michel pour ses idées merveilleuses. Tilékol est un outil de suivi des élèves que j’ai hâte d’expérimenter cette année. Les articles sur la procrastination sont aussi très intéressants.
Ayant débuté en 2002, moi aussi je déplore la réunionite aiguë, la paperasse, les évaluations. En effet, en 10 ans, la soi-disant professionnalisation du métier a amené les enseignants à avoir moins de temps pour laisser parler leur créativité, leur intuition. Tout doit être pensé, réfléchi, analysé, disséqué… Ce manque de spontanéité risque peu à peu de ternir la bonne humeur de nos classes. Moi je rêve d’une école où chaque jour est une fête, où chaque apprentissage est un jeu. Du plaisir!!!
Merci à vous 2 pour votre générosité, votre partage qui nous amènent à réfléchir sur nos pratiques de classe et nous donnent du courage en ce début d’année scolaire.
Bonjour Patricia
Merci pour ce long commentaire…
Il est vrai que les choses ont bien changé… je me souviens quant à moi de l’ambiance dans la salle des maîtres d’une grosse école maternelle, où tout le monde fumait et buvait le café à la récré, dans un joyeux tapage.
Dans la cour, il y avait une pataugeoire (fermée depuis), un bac à sable (interdit depuis)…
J’adore, j’adore,j’adore! Nanoug, j’adore ton site et il me donne plein d’idées. Jeune enseignante (et directrice…)dans une école primaire de 3 classe, en charge des PS/MS/GS, je me sens un peu moins seule!
Continue s’il te plait à nous donner des tas d’idées et ainsi nous donner de la gniak pour ce si beau métier
Bises
Emilie
Avec seulement 7 années d’ancienneté, le début de votre parcours me fait penser au mien: 4 ans en classe unique dans un tout petit village (160 habitants) avec du CP au CM2 et le logement de fonction au bout de la cour.
Puis une fermeture du RPI par la volonté du maire de l’autre village et bien sûr de l’inspection. Donc un changement de poste, en MS/GS. Je voulais du changement et avec la mater j’ai été servie!!! J’ai découvert un nouvel univers qui me plaît énormément! Votre blog m’a bien aidée au début et m’aide toujours. Je vous remercie pour toute votre générosité. J’aime mon métier et heureusement qu’il y a encore des collègues qui transmettent une très belle image de notre métier!!! encore merci
Un beau parcours et l’amour du métier qui fait tenir malgré la fatigue, les contraintes, toujours plus nombreuses, de l’inspection, les réunions le soir, le mercredi(toute la journée !!)… Je suis enseignante depuis 20 ans et un beau jour j’ai passé le couloir de mon école pour aller du côté maternelle et j’ai découvert un nouveau travail, un nouveau monde et cela fait bientôt 10 ans que je m’éclate toutes les années avec des PS/MS ou des TPS/MS ou des MS et quel bonheur de les voir venir à l’école en courant pour découvrir chaque jour les nouvelles aventures de la classe. C’est mon cadeau et c’est la magie de la maternelle !
très intéressant d’en savoir un peu plus sur cette maicresse pleine de talents et débordante d’énergie ! Pour ma part, j’ai fait l’école normale de 83 à 86 , obtenu mes 2 premiers postes en CLAD (classe d’adaptation avant l’enseignement spécialisé, failli abandonner le métier en cours de 2ème année mais rembourser 3 ans de salaire de l’EN m’a freinée et heureusement, car j’adore mon métier !!! et si je pouvais donner un conseil aux débutants : même si les 1ères années sont difficiles, il faut s’accrocher car c’est formidable, on fait plusieurs métiers en 1 et ce n’est pas donné à tout le monde ! on ne s’ennuie jamais, il y a du nouveau tous les jours, on est acteur, “artiste”, organisateur d’événements, assistante sociale, psy, j’en passe et des meilleures…
En primaire dans un 1er temps (car la maternelle me donnait mal à la tête, après un stage en maternelle, je rentrais le soir et je ne pouvais ni écouter musique, ni parler …il me fallait un bon moment de silence et de solitude, je m’étais dit que je n’étais pas faite pour cela), je suis en maternelle depuis 2000 et franchement je m’éclate , les années ne se ressemblent pas, et même si je vieillis, je ne me retrouve pas dans les propos de certains enseignants désabusés qui disaient : “tu verras, quand tu auras mon âge… ” l’air de dire, laissons la rêver, elle est jeune, elle est naïve…Certes tout n’est pas rose dans notre métier, comme dans la société mais avec de l’enthousiasme et de la passion, on peut faire de grandes choses et ne pas arriver à la retraite comme certains aigris par leur métier, c’est ce qu’il y a de plus dommageable pour les enfants, on se doit d’avoir un regard neuf, pour leur donner l’envie d’apprendre, de découvrir, de s’émerveiller …
Merci à vous 2 Nanoug, et Michel et à tous les instits qui tiennent des blogs de montrer que cela est possible, que les instits sont créatifs, généreux, partageurs (quand j’ai débuté , dans certaines écoles, c’était “je fais comme ça, et je ne dis surtout pas aux collègues “, dans d’autres,(en ZEP notamment où j’ai passé quelques belles années) on mettait tout en commun et on s’entraidait : c’est comme ça que je vois notre métier ! ) Excusez-moi d’avoir été aussi longue , je suis bavarde aussi !
ça ressemble énormément à mes souvenirs
merci pour ce partage!
La première photo de classe m’a fait sourire car moi aussi pour ma première photo j’ai pleuré et donc j’ai terminé… sur les genoux de ma maitresse!
C’est une jolie carrière qui nous est dévoilée ici! On sent une enseignante entièrement passionnée! Merci Nanoug de nous faire partager votre histoire!!
Quand j’ai commencé en maternelle, il y a 15 ans, je n’avais pas de souris dans ma classe ni de toilettes au fond de la cour mais presque!
J’avais des TPS/PS dans une salle (on ne pouvait pas appeler cela autrement!):
Il n’y avait qu’1 seul WC adulte pour 28 enfants!
Les tables et meubles de récup’ étaient tellement bringuebalants qu’ils tenaient ensemble avec du scotch marron aux pieds !
Pas de dortoir, tous les jours je déménageais la classe pour installer les petits matelas de mousse par terre!
Pas d’ATSEM l’après midi!
Mais qu’est ce qu’ils étaient sympas mes élèves de campagne!
super cette semaine, et j’avoue avoir un peu rit des coupes de cheveux!!!!