C'est une chanson. Une chanson écrite il y a bien longtemps. Une guitare, un harmonica, une voix et une description quasi prophétique des bouleversements auxquels nous avons à faire face en 2020.
Venez découvrir ces paroles. Laissez-vous hypnotiser par la mélodie. Car les temps sont en train de changer.
C'était en 1963.
Un jeune chanteur folk, Bob Dylan, venait d'enregistrer une chanson dont les paroles, fortes et poétiques, allaient accompagner des événements aussi divers et parfois tragiques que l'assassinat du président Kennedy ou le mouvement des droits civiques de Martin Luther King et Rosa Parks.
L'Amérique était en crise, elle se transformait dans la douleur.
Le monde est en crise
Aujourd'hui, en 2020, c'est le monde qui est en crise, et ce qui est particulièrement inquiétant, c'est que la crise a lieu dans tous les domaines.
La Terre se réchauffe, laissant entrevoir des cataclysmes climatiques qui ont d'ailleurs déjà commencé et qui vont aller s'accélérant.
Un virus minuscule est en train de mettre à genoux des pays et des continents entiers.
La crise économique, qui est déjà là mais qui va s'amplifier jusqu'à des niveaux difficilement imaginables, risque d'écraser, de laminer des humains qui ne comprendront pas ce qui leur arrive.
Le terrorisme frappe froidement, réveillant des antagonismes et des prémisses de guerres qui nous paraissaient enfouies à jamais dans les livres d'histoire ancienne.
De plus en plus de pays se rêvent en empires écrasant leurs concurrents et agrandissant leur influence, par la force si nécessaire.
La pollution étouffe la planète, l'asphyxie, l'enveloppe, la gangrène. Les perturbateurs endocriniens s'attaquent à l'équilibre hormonal de populations entières.
Les espèces animales, les forêts primaires disparaissent à un rythme soutenu.
Jusqu'au quotient intellectuel moyen qui est en baisse franche en occident !
Tout montre que l'humanité est au pied du mur.
La planète ? Oh, elle survivra sans souci. Mais l'humanité, c'est autre chose.
Les temps sont en train de changer.
Revenons à la chanson de Bob Dylan.
Une mélodie pure et hypnotique, une voix de légende et des paroles incroyables :
En voici une traduction en français, tirée du site bobdylan-fr.com , qui ma donné l'autorisation de la publier ici. Merci François pour ces traductions réalisées avec passion ! Quand ont connaît les subtilités poétiques de Bob Dylan, ça n'a pas dû être toujours chose simple.
Lisez ces lignes, tranquillement.
Ne les prenez pas au pied de la lettre, interprétez-les, tirez-en la substance.
Les temps sont en train de changer.
Rassemblez-vous braves gens
D'où que vous soyez,
Et admettez qu'autour de vous
L'eau commence à monter.
Acceptez que bientôt
Vous serez trempés jusqu'aux os,
Et que si vous valez
La peine d'être sauvés,
Vous feriez bien de commencer à nager
Ou vous coulerez comme une pierre,
Car les temps sont en train de changer.
Venez écrivains et critiques
Qui prophétisez avec votre plume,
Et gardez les yeux ouverts
La chance ne reviendra pas.
Ne parlez pas trop tôt
Car la roue tourne toujours,
Et elle n'a pas encore dit
Qui était désigné.
Le perdant de maintenant
Pourrait être le prochain gagnant,
Car les temps sont en train de changer.
Allons sénateurs et députés
S'il vous plaît écoutez l'appel,
Ne restez pas dans l'embrasure
N'encombrez pas le hall.
Car celui qui sera blessé
Sera celui qui n’a pas avancé.
Il y a une bataille dehors
Qui fait rage,
Elle secouera bientôt vos fenêtres
Et ébranlera vos murs,
Car les temps sont en train de changer.
Venez mères et pères
De partout dans le pays,
Et ne critiquez pas
Ce que vous ne pouvez pas comprendre.
Vos fils et vos filles
Sont au-delà de vos ordres,
Votre vieille route
Est en train de vieillir rapidement.
Ne restez pas sur la nouvelle
Si vous ne pouvez pas nous aider,
Car les temps sont en train de changer.
La ligne est tracée
La malédiction est lancée,
Ce qui arrive lentement maintenant
Va bientôt s'accélérer.
Comme le présent de maintenant
Sera plus tard le passé,
L'ordre établi change rapidement.
Et le premier maintenant
Sera bientôt le dernier.
Car les temps sont en train de changer.
Ne croyons pas aux malédictions Michel…
Ne croyons pas SURTOUT PAS aux malédictions…
Si seulement… si seulement… mais oui cette fois le mur est peut-être trop haut…
Remets-toi vite
@t… alain
Bonjour Alain,
Je ne crois pas aux malédictions, je me contente d’observer le monde et de faire un parallèle avec les paroles d’une ancienne chanson…
Je sais bien Michel que tu es extrêmement rationnel et ton parallèle est oh combien d’actualité malheureusement.
Il y a pourtant quelque chose que je n’aime pas dans les paroles de la chanson et qui me fait peur, au premier et au second degré cat la Covid 19 pourrait bien les prendre au mot, à l’insu du plein gré de nos enfants…
C’est:
“Vos fils et vos filles
Sont au-delà de vos ordres,
Votre vieille route
Est en train de vieillir rapidement.
Ne restez pas sur la nouvelle
Si vous ne pouvez pas nous aider,
Car les temps sont en train de changer.”
[…]
@t… alain
Merci pour cette traduction.Bob Dylan c’est ma jeunesse .Mais on écoutait ses chansons sans prendre trop garde aux paroles, maintenant elles font peur car c’est la réalité.Il faut quand même garder l’espoir .bonne journée.
Bonjour Mariem,
Une chose (un peu) rassurante, c’est que c’était aussi la réalité en 1963 🙂 Disons que c’est la conjonction de tous ces facteurs d’inquiétude qui est étonnante et peu engageante…
comme le disait Mandela:” l’éducation est l’arme la plus puissante pour changer le monde”, et l’école est encore là pour apprendre à vivre ensemble et porter haut les valeurs de solidarité et fraternité dans un monde laïc!
Bonjour Sylvie,
Je ne suis pas certain que l’école seule puisse résoudre tous ces problèmes dans l’urgence, malheureusement.
Mais ce sont des paroles d’espoir, donc crions-les haut et fort !
Merci Michel pour cette magnifique chanson ! Et moi je veux aussi y voir de l’espoir, les temps changent et très vite, nous l’espérons, ils deviendront meilleurs ! Comme toujours, il y aura un avant et un après !
Merci beaucoup Michel.
Tu es incroyable à rester enthousiasmant et communicatif même en venant d’être malade.
J’écoutais Bob Dylan mais ne connaissais pas le sens de ses textes.
Bon et prompt rétablissement complet !
Bonjour Fabienne,
Voilà quelques jours que cet air ne me quitte pas et que je pense à ces paroles et au parallèle avec notre époque.
Il était donc naturel que j’en parle à ma tribu 🙂
Bonjour Michel,
Merci pour ce partage. Toujours tu vises juste ! Je ne suis pas fan de la musique de Bob Dylan et je déteste le son de l’harmonica, mais je reconnais que ses textes sont magnifiques et tellement visionnaire celui-ci !!!
Un bras de fer se joue encore aujourd’hui entre les forces positives et négatives de notre monde… qui gagnera à la fin ?… On ne sera sans doute plus là pour constater, mais nous avons le droit d’espérer qu’effectivement les choses changent en profondeur. En attendant, plein de belles choses arrivent aussi dans ce monde, et tu en fais partie !!
Bon rétablissement Michel. Bisous.
Bonjour Sarah,
Merci pour ces mots gentils !
bon rétablissement, je ne connaissais pas cette chanson, merci pour ma culture musicale
Bonjour Sophie,
Merci !
Les chansons de Dylan sont vraiment de la grande littérature.
Un peu dans la même veine (mais plus en désespéré), il y a aussi cette chanson…
Bonjour Michel, ici au Québec nous avons un artiste qui l’a refaite en français il y a quelques temps déjà, il s’appelle Richard Séguin. À écouter aussi.
Les temps changent, Richard Séguin
https://www.youtube.com/watch?v=b5mitr-F_18
Bonjour,
Il s’agit d’une reprise de la version française de Hugues Aufray de la chanson de Dylan.
Bonjour de la capitale, où nous sommes confinés pour ce dernier weekend des 1eres vacances scolaires de l année…
Merci pour cet article et pour la qualité de ce site…
Je pense à chacun d entre vous …
Plein de bonnes ondes, restons connectés par la conscience !
Merci Juliette !
A propos de confinement : le billet de François Morel.
Si vous avez le moral dans les chaussettes, ne lisez pas !
« Je me souviens, le premier confinement, je ne l’avais pas mal pris. Il avait fait beau, on mangeait dehors. Je dinais à heure fixe, ça me changeait. Je réussissais à perdre du poids. J’écrivais. J’ai travaillé mais de manière différente. J’ai regardé des séries. Et puis surtout, j’ai profité de mes proches. Ce fut une parenthèse pas désagréable. Tous les soirs à 20h, comme tout le monde, j’applaudissais le personnel hospitalier. Je me disais que ce n’était pas si mal un pays qui, plutôt que son économie, privilégiait notamment la vie de ses vieux.
Le deuxième confinement, j’ai moins aimé. D’abord, plutôt que vers le printemps, on allait vers l’hiver. On était un peu démoralisé. On se demandait combien de temps ça allait durer, s’ils allaient bientôt réussir à trouver un vaccin. Le soir, à 20h, on n’applaudissait personne. C’est pas quand on met les radiateurs qu’on va ouvrir les fenêtres en grand.
Le troisième confinement, c’est là que l’explosion de la vente des chiens a explosé. C’était encore le meilleur moyen de justifier les promenades en forêt. Ceux qui n’avaient pas les moyens de s’acheter un chien s’achetaient juste une laisse. Quand ils croisaient des gendarmes, ils se mettaient à courir la laisse à la main en criant Sultan ! Sultan ! Reviens ! Reviens Sultan, reviens !
Le quatrième confinement, c’était l’anniversaire de la mort de Samuel Paty. Certains ont eu l’idée, (ça partait d’une bonne intention), d’applaudir tous les soirs à 20H les professeurs des écoles, des collèges, des lycées. Ça a fait des polémiques. Certains ont pensé que ça pouvait passer pour une provocation.
Le cinquième confinement, je ne m’en souviens plus trop. Je crois que j’ai commencé à boire le premier jour et je suis resté torché pendant les six semaines. Je buvais. Parfois, je vomissais pour faire de la place. Puis je rebuvais…
C’est surtout à partir du sixième confinement que j’ai repris du poids.
Je me souviens que entre le septième et le huitième confinement, je ne suis même pas sorti de chez moi, j’avais perdu l’habitude.
Pendant le neuvième confinement, en ouvrant la fenêtre, j’ai le voisin d’en face qui travaille dans le BTP qui m’a crié « Vu votre nouvelle silhouette, vous devriez peut-être faire élargir vos portes au cas où vous auriez envie de ressortir de chez vous entre les deux prochains confinements. « De quoi je m’occupe ? » j’ai répondu en refermant la fenêtre.
Le dix-septième confinement, je me souviens, on a regardé plein de films, des vieux trucs, des comédies sentimentales. Les enfants étaient quand même étonnés, ils ne comprenaient pas quand ça finissait bien, pourquoi le monsieur et la dame, se sentaient obligés de se frotter la bouche l’une contre l’autre, parfois même de sortir la langue en guise de contentement ? « C’est dégueulasse, ils disaient, c’est pas hygiénique et puis ça sert à rien… »
On ne leur répondait pas trop, on avait peur de passer pour des parias, on avait de la nostalgie…
Voilà. J’arrive bientôt à mon vingt-troisième confinement. D’une certaine manière, ça passe vite la vie confinée quand on est dans la torpeur.
Pour les jeunes, on est des dinosaures. Ils nous demandent « Mais avant quand ça n’existait pas les confinements, qu’est-ce que vous pouviez bien faire toute la journée à traîner dehors ? Et pourquoi vous étiez obligés d’être en présentiel pour prendre un apéro avec des potes alors qu’avec Zoom c’est tellement plus pratique ?»
On fait comme si on n’entend pas.
On attend la nuit pour pouvoir faire des rêves de baisers, de poignées de mains, d’étreintes, de terrasses, de cinémas, de théâtres. Nos rêves d’aujourd’hui, c’était le quotidien d’hier. »
François Morel