Voici une “programmation de compétition” pour le coloriage en maternelle. Cette progression a été utilisée dans une classe de petite section, mais son esprit est valable pour les autres classes de maternelle si le besoin s'en fait ressentir.

.
.

Qui dit “progression” dit “progressivité”. En la suivant pas à pas, les obstacles s'effaceront au fur et à mesure et vos élèves seront des virtuoses du crayon, crayon cire, feutre, pinceau.

Je commence par un petit élément de vocabulaire concernant le mot “scripteur”.

Le Larousse nous en donne la définition suivante : “Émetteur d'un message écrit (par opposition au locuteur).”

Le scripteur est donc celui qui écrit. Et le crayon, le stylo, le feutre, etc… sont donc les outils du scripteur.

Les enseignants de maternelle désignent fréquemment le crayon comme étant le “scripteur”, alors qu'en réalité, le scripteur est celui qui le tient.

Est-ce que c'est grave ? Franchement ? Est-ce que ça va empêcher les apprentissages ? Bien sur que non. En ce qui me concerne, même si j'aime utiliser les justes mots, je déteste le jargon pédagogique. Donc, pour me venger sournoisement de toutes ces années où j'ai dû l'encaisser sans broncher, je suis largement tolérant envers ceux qui considèrent qu'un crayon est un scripteur !

Technique du coloriage

Le coloriage est une technique qui demande un apprentissage. Un grand nombre de facteurs entrent en jeu.

La MAIN, organe extraordinaire, va apprendre le travail en finesse. La préhension, le contrôle de la pression, le mouvement contrôlé, en lien avec le bras, l'épaule, le cerveau, la table, la feuille. Ce n'est pas simple.

D'où l'importance d'une bonne progression, réfléchie, maîtrisée, testée et améliorée.

Partir de grands mouvements du bras et petit à petit, affiner le geste, maîtriser l'outil, jusqu'à obtenir des tracés précis basés sur d'imperceptibles mouvements des doigts.

Aimer colorier

Bien entendu, un apprentissage de geste technique ne suscite pas forcément l'enthousiasme des élèves. Surtout quand le niveau de difficulté est élevé.

C'est la raison pour laquelle, à mon avis, il faut garder en tête trois choses :

  • Une grande progressivité, pour que l'aisance s'installe en douceur…
  • Une répétition des séances, pour que l'habitude s'installe…
  • Un subtil dosage entre exercices imposés et liberté accordée à la créativité, pour que le plaisir de la maîtrise du geste s'accompagne du plaisir de création (ce en quoi Nanoug excelle).

La progression de Marc

Vous pouvez télécharger le document PDF en cliquant ici.

Marc Salort, aujourd'hui retraité (mais restant un pédagogue hyperactif ) a été enseignant puis conseiller pédagogique.

Il se définit comme un petit artisan de la pédagogie. Il est modeste. C'est en réalité un expert passionné qui – lui – a réellement eu une classe avec de vrais élèves dedans.

Lorsqu'il enseignant en REP+, en petite section, il a patiemment mis au point ses progressions, qui ont donné des résultats probants, et qu'il met à la disposition des collègues.

A vous de l'utiliser ou pas, en la modifiant, ou pas !

Je ne vais pas vous montrer le détail de la progression ici, puisque tout est dans le document, y compris de nombreuses photos. Je vous encourage donc à le télécharger. (Téléchargement immédiat et gratuit)

Quelques remarques cependant :

Marc commence par le “gribouillage rotatif”. Il est important, et je l'ai vérifié maintes fois avec mes élèves, que les cercles soient tracés dans le sens inverse des aiguilles d'une montre.

Pourquoi ?

Parce qu'ensuite, lorsque viendra le temps de l'apprentissage de l'écriture, le tracé des lettres à ductus positif (le a, le o, le d, le g) sera GRANDEMENT facilité, sans effort, sans réfléchir. La main aura mémorisé le sens du tracé.

De plus, à chaque étape, il est important de multiplier les outils scripteurs : crayon, bâton de cire, feutre, pinceau… y compris sur la même feuille.

Il est également important de réduire progressivement les dimensions des feuilles, surtout au début, afin que les “frontières naturelles” du tracé soient respectées sans même réfléchir.

On ne colorie pas de la même manière une zone allongée, un zone circulaire, une zone irrégulière. C'est pour cela qu'il est important d'affiner le geste en modifiant les mouvements : mouvements circulaires, balayage horizontal, balayage vertical.

Les étapes :

La rotation :

  • Je fais un gribouillage en faisant tourner mon crayon. ( veiller à la bonne tenue du scripteur, au sens du rond)
  • Je fais un gribouillage en faisant tourner mon feutre. ( veiller à la bonne tenue du scripteur)
  • Je fais un gribouillage en faisant tourner mes crayons-cire. ( veiller à la bonne tenue du scripteur)
  • Je fais un gribouillage en faisant tourner mon pinceau. ( veiller à la bonne tenue du scripteur)
  • Je fais tourner mon crayon en resserrant mon tracé. (Choisir une feuille plus petite ou colorier une forme circulaire…(pomme.)
  • Je fais tourner mes crayons- cire en resserrant mon tracé. ( Choisir plusieurs petites surfaces rondes que l’on va colorier sans dépasser.)
  • Je fais tourner mon feutre en resserrant mon tracé. (Choisir une feuille plus petite.)
  • Je fais tourner mon pinceau en resserrant mon tracé. (Choisir une feuille plus petite.)
  • Je colorie une forme arrondie en faisant tourner mon crayon, mon feutre, mon pinceau, mes crayons- cire, je respecte les frontières.
  • Je colorie plusieurs pommes en faisant tourner mon crayon, mon feutre, mon pinceau, mes crayons- cire, je respecte les frontières. (Varier la taille et la variété des supports)
  • J’effectue mes premiers coloriages par la technique de rotation.

Le balayage horizontal, poignet ouvert :

  • J’effectue un balayage horizontal avec mon crayon, je remplis une surface..
  • J’effectue un balayage horizontal avec mes feutres, je remplis une surface.
  • J’effectue un balayage horizontal avec mes crayons-cire, je remplis une surface.
  • J’effectue un balayage horizontal avec mon pinceau, je remplis une surface.
  • Je colorie une forme allongée en effectuant un balayage horizontal, je respecte les frontières.
  • Je colorie plusieurs petites formes allongées en effectuant un balayage horizontal, je respecte les frontières.
  • J’utilise cette technique lorsque la forme à coloriée est allongée.

Le balayage vertical, poignet fermé :

  • J’effectue un balayage vertical avec mon crayon, je remplis une surface.
  • J’effectue un balayage vertical avec mes feutres, je remplis une surface.
  • J’effectue un balayage vertical avec mes crayons-cire, je remplis une surface.
  • J’effectue un balayage vertical avec mon pinceau, je remplis une surface.
  • Je colorie une forme allongée en effectuant un balayage vertical, je respecte les frontières.
  • Je colorie plusieurs petites formes allongées en effectuant un balayage vertical, je respecte les frontières.
  • J'utilise cette technique lorsque que la forme à colorier est allongée.

La mise en pratique :

En fonction des formes rencontrées, j'adapte mon geste en fonction du motif à colorier.

Les résultats

Ici, à la Réunion, la rentrée des classes a lieu aux alentours du 15 août.

Voici le travail d'une élève à la mi-octobre, soit au bout de deux mois, en petite section :

.
.

Pour les enseignants allergiques aux progressions (ou les utilisant sans grande rigueur) : franchement, essayez, vous verrez que votre travail sera facilité, et vous verrez vos élèves faire de grands progrès.

L'enseignement n'a pas à être ardu, pénible, laborieux. Avec la bonne approche, le bon état d'esprit, vos élèves progresseront rapidement et vous irez au travail le matin en chantant !