Savez-vous que dans certaines circonstance, le cerveau d'un homard fond littéralement, et qu'un nouveau cerveau repousse, totalement différent de l'ancien ? Savez-vous qu'on peut tirer de l'observation d'un combat de homards des leçons de vie essentielles pour nous humains ?

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Certes, cette photo représente une langouste et non un homard, mais quel regard !

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Et savez-vous qu'un simple détail dans notre posture peut conditionner notre vie entière ?

Je suis tombé complètement par hasard sur un bouquin qui a attiré mon attention. J'en ai terminé hier le premier chapitre, et je l'ai trouvé tellement intéressant que je me suis dit que j'allais vous en parler.

Quelque chose me dit que ça devrait vous intéresser aussi…

Le livre s'appelle “12 règles pour une vie : une antidote au chaos“. Et j'aime bien le dernier mot de la phrase de présentation officielle de son auteur : “Docteur en psychologie, professeur à Harvard puis à l'université de Toronto, Jordan B. Peterson est un intellectuel subversif.”

Franchement, je n'ai pas trouvé ce chapitre “subversif”. Quoi que.

Une vraie règle de vie

Plutôt “étonnant”, “passionnant”, “érudit”. Je voyais la construction de son raisonnement s'élaborer au fil des pages, et la conclusion m'est apparue à la fois évidente et pleine de sagesse. Et amusante. Et aussi, j'ai trouvé qu'effectivement, il s'agissait d'une vraie règle de vie. A partager.

Voici mon compte-rendu de ce premier chapitre. N'essayez pas d'aller directement à la fin : ce sera la surprise.

Les passages en gras/italique sont directement tirés du livre.

Affrontements de homards

Mais entrons immédiatement dans le vif du sujet et parlons des homards !

Ces charmants crustacés se chamaillent entre eux. Pourquoi ? Parce qu'ils aiment avoir leur petit chez soi, un endroit accueillant et qui les protège des prédateurs. Un “home sweet home”, un appartement “bien situé avec de beaux volumes et un voisinage tranquille”. Comme les humains.

Les homards ont besoin d'avoir un territoire bien à eux. Et ils sont en concurrence avec d'autres homards. Et donc, il y a parfois des conflits.

Les conflits entre homards peuvent prendre plusieurs formes.

Tout d'abord, il y a la bataille aux armes chimiques.

Ces charmantes bestioles se projettent mutuellement un liquide, qui contient les informations sur leur sexe, leur taille, leur santé, leur humeur.

Parfois, c'est suffisant pour mettre fin aux hostilités. Le moins armé pour la bataille comprend qu'il est face à un adversaire coriace, et bat en retraite.

Mais parfois, c'est insuffisant. On entre donc dans la phase 2 : l'intimidation physique.

Comme vous vous l'imaginez, les protagonistes font les fiers à bras, s'avancent l'un vers l'autre en gesticulant, mais sans se toucher.

Là aussi, il est possible que l'un des deux décide qu'il ne veut pas d'histoire et aille voir ailleurs si l'eau est plus fraîche.

Mais – vous l'avez compris – il y a des fois où la phase 3 est inévitable. Le combat commence.

Il s'agit d'un combat avec des règles, un peu comme deux lutteurs s'affrontant aux Jeux Olympiques. Le but est de retourner l'adversaire sur le dos pour que celui-ci s'avoue vaincu.

L'escalade des hostilités peut s'arrêter là. Mais pas toujours, bien entendu.

Et dans ce cas, la phase 4 s'enclenche. Et là, c'est la guerre.

Il y a un gagnant et il y a un perdant, qui d'ailleurs ne survit pas toujours.

Cerveau, sérotonine, octopamine

Et c'est là que les scientifiques font une observation très intéressante.

Le cerveau du perdant se dissout littéralement. Et lui en pousse un nouveau !

Et ce nouveau cerveau est différent du précédent. C'est un cerveau de peureux, de faible, de déprimé. Le cerveau de quelqu'un qui a subi un stress post-traumatique.

Il est en quelque sorte conditionné par la production d'une hormone, l'octopamine. L'hormone des déprimés.

Le vainqueur, à l'inverse, est rempli de sérotonine, qui le gonfle à bloc, le rend sûr de lui. Il se sent invincible. C'est le Rambo des fonds marins. Il n'aura plus besoin de se battre, il lui suffira de bouger ses antennes d'un air menaçant pour que ses potentiels adversaires aient la trouille. C'est lui le Boss.

Et le pauvre vaincu, quant à lui, connaitra une vie difficile, il aura perdu confiance en lui, n'osera plus combattre, ne pourra pas se protéger correctement, sera une proie facile pour les prédateurs.

On peut faire le parallèle avec les humains.

L'auteur a ce passage terrible :

“Lorsque nous sommes vaincus, nous nous conduisons comme un homard qui a perdu un combat. Nous nous affaissons. Nous baissons les yeux. Nous nous sentons menacés, blessés, angoissés et affaiblis. Si la situation ne s’améliore pas, nous entrons dans une phase de dépression chronique. Dans de telles conditions, nous sommes dans l’incapacité de livrer les combats imposés par la vie. Nous devenons des proies faciles pour les brutes à la carapace plus dure.”

Il ne s'agit pas d'une simple comparaison. La similitude est bien réelle, elle concerne la production de sérotonine, l'hormone de la puissance et de la confiance en soi, mais pas uniquement :

“Plus haut dans la hiérarchie, avec un degré plus élevé de sérotonine, on tombe moins souvent malade et on meurt moins facilement, même à des niveaux de revenus et de nourriture équivalents. Difficile d’exagérer l’importance de ce fait.”

Les “humains-homards vaincus”, noyés dans l'octopamine, sont hyper-sensibles à toutes les émotions négatives. Ils sont stressés. Ils s'épuisent. Ils ont du mal à gérer les relations sociales. Ils sont impulsifs. Ils sur-réagissent. Ils déversent leur fiel sur Facebook ou Twitter. Ils ne sont pas heureux.

Mais ce n'est pas tout. Au fil des pages, l'auteur, qui est également psychologue clinicien, décrit les comportement qu'il observe chez ses patients. Je ne vais pas vous en donner le détail ici, ce serait comme si je vous racontais un film de A à Z.

Sachez simplement que c'est passionnant, instructif et aussi que, progressivement, je me suis mis à mieux comprendre certains comportements humains. Décidément, la psychologie est une discipline extraordinaire.

Montrer les crocs pour éviter de mordre

Et nous en arrivons à l'observation des personnes qui ont pour règle de vie de refuser les conflits, quels qu'ils soient, et qui sont guidés par de bonnes intentions. Attention, si vous en faites partie, vous êtes en danger :

“Avec leur agressivité contenue par une morale trop étroite, ceux qui sont uniquement ou principalement charitables et altruistes – et naïfs et manipulables – sont incapables d’invoquer une colère justifiée et protectrice nécessaire à leur défense. Généralement, il suffit de montrer les crocs pour ne pas avoir à mordre. Lorsqu’elle est savamment intégrée, notre capacité à réagir avec agressivité et violence diminue au lieu d’augmenter la probabilité pour qu’une véritable offensive soit nécessaire.”

Ce passage est fondamental, je vais vous le répéter de manière différente :

En situation de conflit, quand on se montre ferme et sûr de soi, on évite que ça dégénère. Une agressivité contrôlée diminue les risques de violence. C'est le principe de l'autorité.

Mais si on ne réagit pas, alors on va vers la catastrophe. je vous laisse méditer sur les deux citations suivantes :

Les forces de la tyrannie s’étendent inexorablement afin d’occuper tout l’espace qui leur est offert. Ceux qui refusent de réagir de manière adéquate pour protéger leur territoire risquent autant de se faire exploiter que ceux qui ne peuvent se défendre pour des raisons d’incapacité ou de déséquilibre flagrant des forces en présence.

“Le pire, c’est que ces croyances naïves peuvent devenir une véritable invitation aux mauvais traitements. Ceux qui visent à faire mal n’hésitent pas à s’en prendre aux personnes qui ont ce genre de convictions.”

Mais alors, comment faire ?

Faut-il être un loup au milieu des loups ?

Devons-nous passer notre temps à montrer nos muscles et nos dents comme des homards prétentieux ?

…Non !

La solution…

Souvenez-vous : tout est en grande partie lié à la production d'hormones. Vive la sérotonine.

Et l'auteur nous propose une solution extrêmement simple, qui peut porter à sourire, mais qui, à la réflexion, devient évidente.

Avant de vous donner cette solution, je pose quelques questions à mes amis enseignants :

  • Pourquoi certains profs, qui ne haussent jamais la voix, sont respectés par leurs élèves, alors que d'autres n'y arrivent pas, malgré tous leurs efforts et alors que, bien souvent, ils s'épuisent, crient, s'arrachent les cheveux ?
  • Comment faire pour mettre nos élèves en confiance, pour les protéger et les armer pour le restant de leur vie ? Surtout ceux qui, dès l'enfance, adoptent une position de vaincu ?
  • Comment leur donner envie d'aller de l'avant, d'affronter les difficultés ?
  • Comment expliquer que, souvent, les plus petits mènent par le bout du nez les plus grands ?

Voici la solution :

“Puisez votre inspiration chez le homard vainqueur, avec ses trois cent cinquante millions d’années de sagesse. Tenez-vous droit, les épaules en arrière !”

“Tenez-vous droit, les épaules en arrière”

“Alors, soignez votre posture. Cessez de vous avachir et de voûter le dos. Exprimez le fond de votre pensée et vos désirs, comme si vous aviez le droit de les assouvir. Comme les autres. Redressez-vous et regardez devant vous.”

Se tenir droit, au propre comme au figuré, c'est être serein, sûr de soi.

C'est utiliser le langage corporel pour s'intégrer à la société, pour susciter le respect. Sans avoir besoin d'ouvrir la bouche.

C'est favoriser la production de sérotonine.

C'est affronter positivement les difficultés de la vie, par une attitude volontaire.

C'est aller de l'avant.

…Et c'est éviter les maux de dos 🙂

C'est étonnant et c'est tellement vrai… Ce chapitre nous explique les bases des rapports humains, nous montre l'importance de la production hormonale, nous expose les dangers de certains comportements qu'on pourrait penser vertueux, et nous fournit une clé nous permettant de prendre une simple habitude qui peut réellement changer la vie.

…Pas mal ! Inutile de vous dire que je suis impatient de lire les 11 autres chapitres !


Voici les références du livre, à indiquer à votre libraire de quartier, commerce ô combien essentiel !

Titre : “12 règles pour une vie: Un antidote au chaos”

Auteur : Jordan B. Peterson

Editeur : J'ai lu

  • ISBN-10 : 2290203130
  • ISBN-13 : 978-2290203132

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