Un nouveau réseau social mobile a vu le jour hier. Un de plus. Une (r)évolution. Avec un postulat vraiment très intéressant : le smartphone cesse d’être un filtre entre nous et la réalité, mais un témoin. Il s’efface. Il disparaît. Et le vrai contact s’établit.
Beme (c'est son nom) nous montre tels que nous sommes, sans artifice et sans mise en scène.
La révolution numérique est provoquée par des nouvelles technologies et des appareils en tous genres, certes, mais elle va infiniment plus loin que de simples assemblages de microprocesseurs.
Nous constatons qu’Apple, par exemple, semble totalement obsédée par la quête de la finesse de ses ordinateurs et de ses smartphones. Certains s’en moquent, mais c’est parce qu’ils n’ont pas compris que progressivement, les appareils vont se miniaturiser, s’effacer, se faire oublier. La révolution sera bouclée lorsque le contenu et la création de contenu, et son partage, seront accessibles à tous, tout le temps, sans frein technique, de la manière la plus directe possible. L'écran sera fin et flexible comme une feuille de papier.
Les nouvelles technologies, la vidéo et les réseaux sociaux sont à Casey Neistat ce que l’aquarium est au poisson rouge : il baigne dedans, il les pratique, il les respire, il les vit. Il est donc parfaitement placé pour avoir une vision globale de ce qu’elles peuvent apporter, et des progrès qu’il reste à réaliser dans le domaine.
Filtre déformant
Pour lui, le principal problème est le filtre de l’écran et de ce que nous voulons montrer de nous-mêmes. Il a bien raison. Il n’y a jamais eu autant de « bouches-canard » que depuis l’apparition de Facebook et lorsque nous prenons un « selfie », nous nous arrangeons toujours pour, nous présenter sous notre meilleur jour, c’est-à-dire que nous ne sommes pas nous-mêmes.
De plus, lorsque nous voulons partager un moment avec nos amis via Internet, que faisons-nous ? Nous le photographions, ou nous le filmons, et nous trouvons un moyen de l’envoyer en ligne, ou bien nous utilisons des réseaux comme Vine ou Snapchat.
Mais lorsque nous filmons pour partager ce moment, nous nous coupons de la réalité. Le satané smartphone s’interpose. Et le partage est parfois compliqué.
Beme prétend combler le vide entre la vraie vie et son partage en ligne.
Beme est le successeur logique de Vine et de Snapchat. Comme Vine, il capture de petits instants et comme Snapchat, il ne les stocke pas, ils s’effaceront automatiquement une fois lus, resteront éphémères.
Pour lire ce que vos amis vous ont envoyé, il suffit de toucher leur nom à l’écran, la vidéo se lance. Si vous l’aimez, vous touchez l’écran et une photo de vous-même en train de vivre le moment est prise et envoyée à la personne qui a partagé sa vidéo.
Je vous laisse réfléchir à cette manière de partager.
Amis enseignants, vous touchez peut-être là un moyen de plus pour que vos élèves s’expriment et diffusent les petits moments de leur journée vers le monde extérieur (ou à l'intérieur à l'école).
Beme a été rendu public hier vendredi 17 juillet 2015. C’est une app pour iPhone (la version Android sortira certainement dans un second temps, Snapchat avait par exemple mis un an après la sortie sous IOS pour se lancer sur Android). Pour l’instant, elle ne permet qu’une chose : créer son nom d’utilisateur. Le véritable lancement sera dans une semaine. D’ici là, vous avez le temps de vous inscrire et de rameuter votre famille et vos amis.
Pour débloquer l’app, vous aurez besoin d’un code, que Casey dévoilera dans une prochaine vidéo. Vous pourrez alors à votre tour l’envoyer à vos connaissances pour qu’ils débloquent la leur.
Le buzz social va se répandre…
La vidéo d'annonce
Voici la vidéo dans laquelle Casey annonce son « nouveau bébé ». Je vous ai traduit ses explications au-dessous.
“Les réseaux sociaux sont supposés être une version numérique, virtuelle, de ce que nous sommes [ de « qui nous sommes » selon l’expression de Casey ]. Une version sculptée, calibrée, calculée de qui nous sommes. Nous sélectionnons soigneusement les images que nous montrons, pour créer « une version de ce que nous sommes ». Cela ne ressemble pas à la réalité.
Avec mon équipe, depuis plus d’un an, nous construisons une nouvelle version de la notion de « social ». Une nouvelle manière de partager.
(…)
Une « version de moi » ou le vrai moi ?
Au lieu de voir le monde par nos yeux, nous le voyons à travers l'écran du smartphone.
Habituellement, nous nous filmons d’une certaine manière, en contrôlant ce que nous voyons?
Au lieu de partager le vrai “moi”, je partage une « version de moi ».
Avec Beme, nous voulons faire quelque chose de différent. Nous voulons maintenir le contact visuel. Nous voulons continuer à regarder le coucher de soleil, nous voulons continuer à assister au concert de rock.
Voilà comment nous partageons avec Beme : nous posons le téléphone sur notre poitrine, il enregistre et il envoie la vidéo. C'est tout.
il n’y a pas de prévisualisation, pas de vérification. Et nous n’avons pas besoin de regarder le smartphone.
Pour prendre un selfie, il suffit de poser le téléphone contre un mur et de lui parler…
Pour réussir ceci, nous avons dû faire quelque chose d’intéressant : nous utilisons le capteur de proximité comme bouton d’enregistrement de la vidéo.
Pour utiliser l’app, vous touchez simplement le nom d’une personne que vous suivez pour voir ses vidéos.
Ephémère
Ce que vous voyez, vous le voyez pour la première et la dernière fois.
Et si vous aimez ce que vous voyez, il n’y a pas de bouton « J’aime » ni de « coeur » : vous touchez juste l’écran et vous prenez une photo de vous-même en temps réel.
Et lorsque vous avez publié une vidéo, vous voyez l’image de la tête des gens au moment même où ils regardent ce que vous avez partagé.
C’est une des interactions les plus libératrices que j'ai pu expérimenter depuis que j'ai cet appareil [et il croque une pomme pour ne pas citer Apple].
Nous voulons créer quelque chose de positif.
Pour l’instant, la version de Beme qui est disponible n’est pas opérationnelle, elle permet uniquement de réserver un nom d’utilisateur.(…)
Beme est plus intéressant avec nos vrais amis. Donc, partageons l’information avec nos vrais amis.”
Il y a un code pour débloquer l’appli. Ce code sera révélé la semaine prochaine.
Mince alors ! Moi qui ne suis pas du tout sur les réseaux sociaux (par choix!), je vois tout à coup Twitter autrement (suite à ton post, bien sûr), et ce Beme me fait de l’œil !
Porteur de réflexion, comme chaque article 😉
Merci Michel d’être toi !!
Hello Marie
Le problème avec les réseaux sociaux, c’est que quelques-uns donnent une image caricaturale de ce qu’on peut en faire.
Un réseau social, c’est simplement un point de rencontre virtuel entre des individus qui ne se trouvent pas dans la même pièce 🙂
Donc, par exemple, Tilékol est un réseau social.
Il y a encore beaucoup de choses à faire pour relier les gens, et l’approche de Beme est très intéressante, parce qu’elle reproduit la vraie vie :
Dans la vraie vie, lorsque nous marchons dans la rue et que nous rencontrons une connaissance :
-Nous ne nous maquillons pas en deux secondes et ne prenons pas la pose pour parler à notre interlocuteur
-Et lorsque nous nous disons “au revoir”, notre rencontre se sera évaporée dans le passé.
Beme reproduit exactement ces deux caractéristiques. Quand on y réfléchit, l’idée de départ est excellente.
Oui, c’est tout à fait ce que je perçois !
Je sais qu’il y a différents usages des réseaux sociaux, comme il y a différents usagers bien sûr. Je ne diabolise pas du tout, je suis juste quelqu’un de timide qui a toujours le sentiment de n’avoir pas grand chose à partager que d’autres n’auraient déjà partagé, et que je n’aurais pas grand chose de neuf à apporter. Quant à ce que les autres nous apportent sur ces réseaux et sur le net, je suis la première à me régaler de fouiller et d’aller de sites en sites, de découvertes en découvertes avec émerveillement, donc je sais ce que tout cela, bien utilisé, peut apporter ! Et je sais aussi à quel point cela peut être chronophage … !