L'Australie qui brûle, les glaciers qui fondent, les plages qui reculent, les espèces animales qui disparaissent… Ces bouleversements de la nature nous amènent à nous pencher sur les fragiles équilibres de notre petite planète perdue dans l'immensité intergalactique… C'est un sujet d'une importance extrême, puisque c'est notre survie qui est en jeu.
Pourquoi et comment en parler à nos élèves, y compris en maternelle ?
En préambule, je tiens à vous dire que je ne suis pas un spécialiste des questions climatiques (et l'immense majorité d'entre vous non plus, d'ailleurs ). Je me garderai donc bien de pointer un doigt haineux et accusateur sur… sur qui, au fait ? Sur moi-même, sur nos habitudes, sur nos dirigeants, sur la révolution industrielle, sur les gaz à effet de serre, sur les moteurs à explosion, sur les énergies fossiles, sur la pollution, sur les anciens, sur les jeunes, sur la surpopulation humaine, sur la société de consommation ? (je vous laisse le soin de compléter cette liste)…
Toujours est-il que des ÉQUILIBRES sont rompus, qui vont -peut-être- laisser la place à d'autres équilibres au sein desquels l'être humain aura été éjecté…
Et les petits humains qui fréquentent les cours de maternelle, qui seront certainement impactés bien plus que les adultes actuels, méritent quand même de recevoir une information à propos de la situation. S'ils prennent très tôt, très jeunes, le problème à bras-le-corps, peut-être que les générations futures TROUVERONT comment faire, comment changer la donne, comment s'adapter (ce que les hommes ont toujours su faire) et comment sauvegarder ce qui peut l'être dans la nature environnante, qui n'est pas là uniquement pour faire joli…
Mais bon, quand on est un élève de petite, moyenne ou grande section, on est plus concerné par Petit Ours Brun ou par la Reine des Neiges…
Oui, mais attendez un peu… Petit Ours Brun est un ours (espèce en danger)… Olaf le Bonhomme de Neige est directement concerné par le risque de se voir transformé en flaque d'eau…
Hmmm, nous tenons peut-être quelque chose. Il faut des éléments qui parlent à un enfant de quatre ans…
Des éléments visuels, des SYMBOLES.
Tiens, comme les animaux des pôles.
Nous allons revenir un peu plus loin (et également mercredi prochain) sur les animaux des pôles, mais d'abord, faisons un petit tour du côté des instructions officielles.
Renforcement des enseignements relatifs au changement climatique, à la biodiversité et au développement durable
il se trouve que le Conseil Supérieur des Programmes a publié tout récemment (en décembre dernier) un document intitulé “Renforcement des enseignements relatifs au changement climatique, à la biodiversité et au développement durable – Programme de l’école maternelle – Cycle 1”
Il est disponible sous la forme d'un fichier PDF particulièrement intéressant.
Ses concepteurs ont eu une excellente idée, simple et efficace, qui va vous faciliter la tâche : ils ont repris le texte des instructions officielles que vous connaissez, ils ont surligné en jaune les éléments du texte se rapportant à la problématique “changement climatique, biodiversité et développement durable”, et ils ont surligné en vert des propositions d'ajouts.
…Et si je vous copiais-collais ici même les éléments surlignés ?
Les domaines « Construire les premiers outils pour structurer sa pensée » et « Explorer le monde » s’attachent à développer une première compréhension de l’environnement des enfants et à susciter leur questionnement.
Découvrir le monde vivant :
“Enfin, les questions de la protection du vivant et de son environnement sont abordées dans le cadre d’une découverte de différents milieux, par une initiation concrète à une attitude responsable.”
Explorer la matière :
“Tout au long du cycle, ils découvrent les effets de leurs actions et ils utilisent quelques matières ou matériaux naturels (l’eau, le bois, la terre, le sable, l’air…) ou fabriqués par l’homme (le papier, le carton, la semoule, le tissu…).
Les activités qui conduisent à des mélanges, des dissolutions, des transformations mécaniques ou sous l’effet de la chaleur ou du froid permettent progressivement d’approcher quelques propriétés de ces matières et matériaux, quelques aspects de leurs transformations possibles.”
Découvrir l’environnement (remplace “découvrir différents milieux”) :
L’observation constitue une activité centrale. Elle est d’abord conduite à « hauteur d’élève » au sein de l’école et de ses abords (la classe, l'école, le village, le quartier…) puis permet la découverte d'espaces moins familiers (selon les cas, campagne, ville, mer, montagne…), à partir de documents. L'observation des constructions humaines (maisons, commerces, monuments, routes, ponts…) relève du même cheminement. Ces différentes situations se prêtent à des questionnements et aux premiers classements, à la production d’images (l'appareil photographique numérique est un auxiliaire pertinent), de recherche d’informations, grâce à la médiation du maître, sur le terrain, dans des documentaires, sur des sites Internet. Cette exploration des milieux permet d’interroger les gestes du quotidien, de faire prendre conscience aux élèves d’interactions simples, de les initier à une attitude responsable (respect des lieux, de la vie, connaissance de l'impact de certains comportements sur l’environnement…).
Utiliser, fabriquer, manipuler des objets :
“Les utilisations multiples d’instruments et d’objets sont l’occasion de constater des phénomènes physiques, notamment en utilisant des instruments d’optique simples (les loupes notamment) ou en agissant avec des ressorts, des aimants, des poulies, des engrenages, des plans inclinés… Les enfants ont besoin d’agir de nombreuses fois pour constater des régularités qui sont les manifestations des phénomènes physiques qu’ils étudieront beaucoup plus tard (la gravité, l’attraction entre deux pôles aimantés, les effets de la lumière, etc.).
Tout au long du cycle, les enfants prennent conscience des risques liés à l’usage des objets, notamment dans le cadre de la prévention des accidents domestiques.”
Ce qui est attendu des enfants en fin d’école maternelle :
-Reconnaître les principales étapes du développement d'un animal ou d'un végétal, dans une situation d’observation du réel ou sur une image.
-Connaître les besoins essentiels de quelques animaux et végétaux.
-Développer une attitude responsable en matière de respect des lieux et de protection du vivant.
Revenons à nos pôles
Comme je vous le proposais en début d'article, je pense que la sensibilisation est possible en maternelle, en s'appuyant sur des éléments symboliques, voire même à portée affective, facilement identifiables, et qui suscitent l'intérêt ou même la passion !) des enfants.
Ensuite, toutes les activités autour de ces éléments (graphisme, vocabulaire, langage, jeux de rôles, production visuelle etc…) permettront, de manière transversale, une imprégnation de la problématique climatique et provoqueront certainement des débats passionnés pendant le regroupement !
Il fallait quand même que je trouve le moyen de vous montrer cette petite vidéo !
La faune des pôles
Manchot, phoque, morse, pingouin, ours polaire, renne, élan, loup blanc, panthère des neiges, etc…. ces animaux sont une source d'intérêt extraordinaire pour les enfants de maternelle.
- Par leur couleur (blanc bien souvent)
- Par leur mode de vie (comment peut-on vivre sur la banquise ?)
- Par leur alimentation (quelle est la chaîne alimentaire ? Qui se retrouve tout en haut de cette chaîne ?)
- Par leurs interactions entre eux et avec l'homme (ours blancs venant faire les poubelles des villages inuits !)
- Par leur fragilité en cette période de fonte des glaces..
- Etc…
Nanoug au pôle Nord
Notre amie a effectué il y a quelques années un voyage intrépide : elle s'est rendue à Rovaniemi, en Laponie, une ville pratiquement située sur le cercle polaire arctique.
(Elle y a même rencontré le Père Noël Officiel, mais c'est une autre histoire.)
Peut-être est-ce ce voyage, peut-être est-ce le contraste qu'elle y a rencontré en comparaison des îles tropicales (qu'elle connaît bien aussi), toujours est-il que notre Nanoug Internationale y a puisé l'inspiration qui l'a conduit à créer un nouveau livre, que je vous présenterai la semaine prochaine, et qui s'accorde pile-poil avec le contenu du présent article.
Dans vos classes
Et vous ? Comment abordez-vous les bouleversements climatiques dans vos classes ?
Merci de partager votre expérience ici même ! les commentaires sont juste au-dessous.
Merci Michel pour ce partage !!! Je n’étais pas au courant de ce nouveau document officiel… Mais je m’attache depuis toujours à traiter la question des changements climatiques avec mes petits élèves de PS et MS à travers la sensibilisation au vivant et à la biodiversité, et notamment à travers l’exploitation de notre jardin potager en permaculture… cette année, nous avons même pu manger nos tomates cerises à la cantine de l’école !
Mais l’idée de travailler plus spécifiquement sur les animaux polaires m’intéresse bien. Je pense qu’il est important de ne pas dramatiser la situation non plus car il ne faudrait quand même pas leur faire peur… mes ados ont déjà une telle conscience des problèmes à affronter que ça leur sape parfois le moral… Il est important effectivement d’insister sur les bonnes pratiques et la modifications à apporter dans nos habitudes de vie et de consommation. D’autres modèles existent ! Des solutions se développent ! Les mentalités évoluent très vite finalement et nous devons croire que nous trouverons effectivement à nous adapter aux changements nécessaires pour la survie de notre espèce… C’est vrai que nous jouons un peu une course conte la montre…
Bref, on a évidemment notre rôle à jouer pour aider nos petits élèves à comprendre notre lien de dépendance avec notre environnement naturel et les bonnes pratiques à développer !!