Voici la présentation en vidéo d'une application pour iPad destinée à acquérir un geste fluide lors du tracé des lettres en écriture cursive. Elle est basée sur une gestuelle toute simple, originale et efficace. A placer sans hésitations dans sa boîte à outils numériques !
La vidéo est suivie par une mini-interview de Sylvie Tramasure, graphologue et grapho-thérapeute, qui est à l'origine de l'application.
J'ai ici le plaisir de vous présenter une des multiples créations d'Emmanuel Crombez, qui est en quelque sorte un magicien, puisqu'il arrive à donner corps, sous forme d'applications pour iPad, à des concepts jaillis du cerveau fertile d'enseignants et autres professionnels de l'enfance (graphothérapeutes, orthophonistes).
Souvenez-vous, je vous l'avais présenté ainsi que son app “Fais comme moi”, un outil d'apprentissage du tracé des lettres que j'utilise chaque jour dans ma classe, vraiment.
Tourne, tourne joli moulin
…C'est une célèbre comptine, et d'ailleurs je la fredonne inconsciemment à chaque fois que j'allume mon iPad pour travailler avec mes élèves le “tracé des lettres sans s'arrêter”.
Mais plutôt que de longues explications, voici une courte vidéo :
Voilà, comme vous le constatez, nous sommes ici dans le simple et l'efficace.
[Mise à jour] : suite à la publication de cette vidéo, Emmanuel m'a fait remarquer qu'il était inutile de lever le doigt en haut de l'anneau, effectivement, on trace sans s'arrêter et c'est encore mieux !
Rencontre avec Sylvie Tramasure
J'ai contacté Sylvie Tramasure, graphologue et graphothérapeute belge, qui est l'instigatrice du moulin à lettres.
Elle a gentiment accepté de répondre à quelques questions.
-Bonjour Sylvie, merci beaucoup pour votre collaboration. Puis-je vous demander en quoi consiste exactement votre métier ?
Nous aidons les enfants qui ont des difficultés avec l'écriture (lenteur, lisibilité, douleurs… ) Vous trouverez beaucoup d'infos sur le site www.gbgt.be, www.grapho-graphotherapie.be
-Depuis quand le pratiquez-vous et comment devient-on graphothérapeute ?
J'exerce personnellement depuis presque 15 ans, je vais bientôt recevoir mon millième patient. Pourquoi ? Pour pouvoir aider les enfants confrontés à des soucis d'apprentissage, pour les aider à reprendre confiance en eux car une production écrite, c'est aussi laisser une trace dont on doit être fier. Mais aussi parce que j'adore l'écriture.
-Est-ce que la Belgique a des caractéristiques de tracé de certaines lettres différentes de celles de la France ?
Non, il n'y a pas de différence mais en même temps, chaque enseignant fait un peu comme il veut : peu d'information au niveau de l'Education nationale pour cet apprentissage qui laisse d'ailleurs de plus en plus à désirer. En rééducation, nous suivons la calligraphie proposée par Danièle Dumont.
-Quel est l'intérêt du tracé au doigt ?
On trace avec son corps sans intermédiaire, c'est aussi important que de le tracer dans le sable, en l'air. Le moulin à lettres permet de rester dans la dynamique du mouvement et d'adopter la bonne liaison par la suite. C'est un exercice sur papier utilisé par de nombreux graphothérapeutes tant en Belgique qu'en France.
-L'iPad est-il un gadget ou au contraire un outil professionnel de premier ordre ?
C'est une autre approche, une parmi d'autres, et il est important de les varier. C'est ludique et les enfants qui ont la chance d'en avoir un à la maison peuvent s'exercer seuls.
-A quel moment utiliser cette application, et avec quel type d'élèves ?
Les enfants parfois découragés, les enfants qui ont du mal à automatiser. Ce n'est pas forcément pour toutes les lettres, cela dépend, c'est au cas par cas même pour un même enfant, certains ductus sont plus difficiles. Pour s'exercer c'est top.
-Avez-vous des anecdotes à propos d'enfants ayant fait des progrès grâce à cette application ?
Certains enfants disent, non cela ne va pas, je n'y arrive pas, je crois que je dois faire le moulin à lettres…
-Comment se passe la collaboration avec Emmanuel Crombez ?
Au mieux ! Nous avons des contacts très réguliers.
-Avez-vous collaboré à la création d'autres applications de préparation à la lecture et si oui, lesquelles ?
J'ai proposé quelques idées à Emmanuel mais il a aussi adapté des applications existantes pour qu'elles correspondent à ce que les GT belges préconisent et cela plutôt dans l'esprit de Danièle Dumont :
-Merci Sylvie !
…Et un grand merci à Emmanuel, également !
coucou Michel
C’est un super article et je verrai bien à qui proposer ces petits exercices.
Mais je me refuse à amener mon ipad perso à l’école.
J’aime bien le système du sable coloré dans une assiette! Seulement, quand il n’y a personne à côté de l’élève, personne ne peut arrêter et corriger le geste si on constate une erreur de direction!
Super, cette app. Merci de me l’avoir fait découvrir !
Hello Delphine, heureux de te voir ici 🙂
Je te donne l’adresse d’une mine d’or à explorer : les apps d’Emmanuel !
http://www.abc-applications.com/
Personnellement j’ai du mal à adhérer…
Je me bagarre pour que mes élèves commencent les lettres et mots au bon endroit (surtout ceux qui ont fait trop de fiches de graphisme en MS et commencent systématiquement les boucles ou les étrécies en haut).
Les habituer à commencer au dessus du mot ou de la lettre ne me semble pas très pertinent… mais je ne suis pas une spécialiste !
Je me demande ce qu’en penseraient D Dumont ou M T Zerbato Poudou !
Bonjour,
Qu’est-ce que j’en pense, Nadine ? Je crois, à votre réponse, que vous avez deviné que quelque chose ne me convient pas dans cette proposition.
Avant tout, je voudrais saluer, à travers Sylvie Tramasure, mes ami-e-s belges qui me font l’honneur depuis 20 ans de s’intéresser à mes travaux.
Cette pratique (que j’ai eu l’occasion de rencontrer chez Ajuriaguerra me semble-t-il, en tout cas chez Olivaux, ceci étant dit pour les spécialistes) cette pratique, donc, pèche doublement :
– tout d’abord il me semble que le support interdit que le poignet soit en appui ; si tel est bien le cas il faudra ensuite apprendre à l’enfant à poser le poignet pour écrire. Je trouve fâcheux de commencer par faire faire quelque chose qu’il faudra déconstruire après.
– ensuite, comme cela a été remarqué, ce tracé induit et systématise un lieu d’attaque et une finale inadaptés. C’est fâcheux pour l’un comme pour l’autre. Je reste convaincue qu’il est préférable de ne pas enseigner aux enfants des pratiques qu’il faudra ensuite combattre.
Donc, pour moi, le principe est alléchant mais il n’est pas à conseiller.
Bonsoir Michel,
J’ai le premier Ipad et je ne peux pratiquement plus rien installer puisque je ne peux pas mettre à jour l’IOS.
Zut ! J’aurais bien aimé tester.
Excellent!
Encore une nouvelle découverte! très intéressant! Merci Michel!
et la même application pour android??!!
Bonjour Elise
Emmanuel a en quelque sorte répondu par avance à ta question ici, dans la partie qui s’appelle, justement, “Android” :
http://www.tilekol.org/abc-applications-et-le-numerique-educatif-lapproche-interessante-demmanuel-crombez
Comme Nadine, je m’interroge sur la pertinence du geste continué par au dessus, même si je comprends bien l’intérêt de l’élan que cela donne, qui permet le geste continu … Mais alors quel sens cela a-t-il pour le c , le a, le o, qui nécessitent de lever le doigt ? J’hésite à tester, partagée entre la crainte que le tracé au-dessus perturbe les enfants, et en même temps l’attrait que je trouve aux tracés de lettres qui sont simplifiés (pas toutes ces boucles parasites que l’on voit trop souvent dans les appli comme dans les polices de caractère …) Merci en tout cas de continuer à nous faire découvrir et partager tes retours d’expérience sur ces applis.
Marie et Nadine,
Pour ma part, je ne m’inquiète pas, pour deux raisons :
-D’une part, mes élèves n’apprennent pas à écrire “avec une tablette” et encore moins avec une seule app. Ce petit outil intervient ponctuellement, et j’ai remarqué qu’il fonctionnait bien. C’est un petit coup de pouce.
-D’autre part, dans cet exercice, qu’il soit fait sur feuille ou sur tablette, chaque lettre a un point d’attaque correct, même la première. La boucle ne sert qu’à comprendre le côté dynamique et fluide du tracé. Idéalement, d’ailleurs, on pourrait – en théorie – remplacer l’écran de la tablette par un cylindre qui tournerait et sur lequel on écrirait sans fin…
Alors, Michel, si tu considères qu’il y a un “point d’attaque” et qu’il est correcte, alors le tracé ne peut pas être fluide. Regardons d’ailleurs l’attaque des m et n de “me” et “ne” de la figure de la vidéo. Elle comporte une cassure comme si l’auteur avait compris que quelque chose n’allait pas.
Tu parles ici du côté dynamique du tracé.
Si tu parles en termes de vitesse et d’élan, ta position peut se défendre.
Si tu parles en termes de ce que j’appelle la gestion dynamique de l’espace graphique alors cet exercice est parfaitement inadapté pour la 2ème raison que j’ai évoquée. La gestion dynamique de l’espace graphique, c’est la mise en place du mouvement qui servira à créer la forme de base de 1ère unité(la boucle) et, par voie de conséquence, impactera ses dérivées (l’étrécie et le rond). Les attaques et les finales ne sont bonnes ni pour les boucles ni pour les autres formes;
En revanche, je ne doute pas que cet exercice plaise aux enfants, raison de plus pour ne pas le conseiller : les effets induite seront en effet d’autant plus difficile à combattre.
Désolée pour la faute d’orthographe, j’avais écrit “l’attaque” et quand j’ai changé pour “le point d’attaque” j’ai oublié de modifier l’adjectif : “il est correct”
Faute de frappe aussi pour “les effets induite” –> induits.
On me pardonnera l’une et l’autre, j’espère.
Bonjour, pour ma part, je trouve cette technique intéressante, à chacun de l’adapter à sa manière et en fonction de l’objectif à travailler. La tablette reste un support “différent” et attrayant qui permet de motiver les enfants si l’activité s’inscrit dans une pédagogie construite avec passage sur format papier rapidement pour ancrer les bonnes positions.
Pour ma part, j’utilise en effet davantage cette technique sur papier, poignet posé pour travailler l’enchaînement des lettres (réduction les levers de plume) ….elle permet d’éviter les levers de crayons inutiles pour les mots sans lettres rondes. Elle incite donc les enfants à déposer leurs “passagers” (barres de t, points sur les i et accents à la fin du mot, après avoir refermé la bulle.
Suggestion peut être pour éviter les attaques au mauvais endroit: et je l’utilise de cette manière notamment pour le travail des lettres rondes en un seul morceau : commencer comme pour le @ directement au bon endroit pour venir ensuite “enrober” la lettre. (mais l’appli ne le permet malheureusement pas…)
Nous perdons l’élan initial certes, mais finalement nous préservons l’attaque correcte de la lettre et donc la mise ne place du mouvement dynamique évoquée par Danièle Dumont.