Instaurer un bref moment de calme dans sa classe, sans avoir besoin de crier, sans s'énerver, et avec la complicité des élèves. Utiliser ce moment pour “reprendre la main” en douceur. En faisant appel à un pachyderme rigolo, et à une particularité du cerveau humain. Venez, je vous explique.
Parfois, les recettes les plus simples sont les plus efficaces.
Et on peut les appliquer n'importe où, même… dans une salle de classe.
Exemple : là, tout de suite, imaginez que vous teniez entre vos mains ballon de foot. Ca y est, vous le visualisez ? Vous savez, un ballon blanc et noir, en cuir, bien gonflé, qui ne demande qu'à rebondir sur une pelouse. Bon, maintenant, oubliez-le.
Problème : il ne s'en va pas. Vous savez, comme les petites chansons à la mode qui s'installent dans notre esprit et qui tournent en boucle, alors que nous les détestons…
Vous avez cette idée bizarre de ballon de foot qui flotte dans votre esprit, certainement d'ailleurs parce que vous ne voyez pas où je veux en venir. D'ailleurs, vous êtes sur le terrain de foot, et vous vous apprêtez à tirer un penalty. Le but est devant vous, le goal vous regarde fixement, vous prenez votre élan…
Hop, maintenant, ce n'est plus un ballon de foot que vous tenez entre vos mains, mais un ballon de basket, orange, en plastique, bien lourd, avec une surface légèrement alvéolée.
Imaginez. Vous êtes debout devant un panier de basket, vous faites rebondir plusieurs fois le ballon, et… mais au fait, où est passé le ballon de foot ? Il a disparu. Envolé. Allez-y, lancez votre gros ballon de basket. En plein dedans. Félicitations, vous avez bien visé, vous marquez deux points.
Vous n'avez pas supprimé l'idée du ballon de foot, vous l'avez remplacée par celle du ballon de basket.
Au lieu d'essayer de l'arrêter, remplacez la chanson stupide par votre air favori, et vous vous sentirez mieux.
Cette petite technique mentale consiste à substituer une pensée à une autre plutôt qu'à la combattre. C'est tout bête, mais ça fonctionne.
Travaux pratiques
La prochaine fois que vous aurez le nez collé à une vitrine de pâtissier que vous aurez croisée par hasard et que vous vous apprêterez à franchir la porte et à vous jeter sur les éclairs au chocolat, en culpabilisant à mort et en criant désespérément “non” dans votre esprit effaré de ne pas pouvoir vous retenir, fermez les yeux une seconde et imaginez-vous en train de marcher sur un petit sentier de montagne, entouré d'une nature verdoyante, dans le parfums des fleurs et sous le bourdonnement des abeilles. Vous vous surprendrez à ne plus penser aux éclairs au chocolat qui vous veulent du mal. Vous passerez votre chemin, la tête emplie de vision de sapins au soleil couchant.
Elephants
Dans ma classe de grande section, j'ai trouvé une “variante” de la technique de la grenouille. C'est le jeu de l'éléphant. Il utilise cette faculté de substitution mentale.
Un jour, en regroupement, j'ai dit à mes élèves :”fermons tous les yeux et pensons à un gros éléphant bleu. Ca y est ? Maintenant l'éléphant est jaune. Vous le voyez ? Attention, il va changer de couleur. C'est un éléphant rouge !”
Ils ont adoré ce petit jeu, ils se sont appliqués, leur esprit s'est focalisé sur quelque chose de précis (et d'amusant). A l'issue de cette mini-séance, ils étaient disponibles, calmes, prêts à partir à l'assaut des mystères de la boucle du “b” écrit “en attaché”…
Depuis, lorsque je vois que mes élèves sont en train de partir dans tous les sens, n'écoutent plus rien et ne sont pas concentrés, je leur dis “éléphant rouge !“. Immédiatement, ils sourient, ferment les yeux et leur esprit se focalise sur gros animal d'une couleur rigolote. C'est bien plus efficace que de leur dire “taisez-vous”, ce qui est dans la plupart des cas absolument inefficace, bien des enseignants vous le diront.
“Eléphant rouge”, et tout le monde se calme un bref instant. Profitons de cet instant de calme pour reprendre tranquillement le contrôle de la situation, décider d'un petit regroupement, lancer une nouvelle activité.
Un de mes élèves a même poussé de lui-même l'expérience un peu plus loin. Il m'a dit “je n'aime pas les éléphants rouges. Mon éléphant est bleu”. Qu'à cela ne tienne, pense à un éléphant bleu, mon ami.
Et quelques jours plus tard, il m'a dit : “l'éléphant bleu, c'est quand je bavarde. Mais quand je veux vraiment me concentrer sur mon exercice, je pense à un éléphant rose”.
Alors là, bravo. Le voilà avec une collection de pensées-éléphants de substitution, qu'il actionne suivant la situation dans laquelle il se trouve. Il a réinventé du haut de ses six ans une des bases de la programmation neuro-linguistique, et il y puise à la demande.
Il a même un éléphant vert, dont il se sert pour oublier ses petits “soucis personnels” qui le perturbent parfois outre mesure.
Et je projette de mettre en service un éléphant blanc pour calmer les chamailleries et les petites bagarres de la cour de récréation.
Oh, bien sûr, ce n'est pas efficace à 100%, et tant mieux d'ailleurs. Cela signifierait que nous ne sommes que des robots.
Un petit éclair au chocolat de temps en temps, ça ne se refuse pas…
🙂 j’adore l’idée
“La prochaine fois que vous aurez le nez collé à une vitrine de pâtissier que vous aurez croisée par hasard et que vous vous apprêterez à franchir la porte et à vous jeter sur les éclairs au chocolat, en culpabilisant à mort et en criant désespérément « non » dans votre esprit effaré de ne pas pouvoir vous retenir, fermez les yeux une seconde et imaginez-vous en train de marcher sur un petit sentier de montagne, entouré d’une nature verdoyante, dans le parfums des fleurs et sous le bourdonnement des abeilles.”
Alors pour moi ça serait plutôt: le sable fin sous les pieds au bord de la plage, le bruit des vagues qui se fracassent et l’odeur des embruns!!!
mais l’idée est trop top; je la retiens à titre personnel!!
Pour mes élèves, je vais essayer parce que les “chut” ne font plus rien en cette fin d’année!
Bonne journée à tous
C’est la technique employée par les émissions de télé-achat pour nous faire acheter le dernier balai à la mode : une vision floue, en noir et blanc d’une ménagère à quatre pattes en train de passer une serpillère sale, immédiatement suivie par la vision en couleurs de la même ménagère, pimpante, entourée d’étoiles brillantes, qui nettoie en dansant et en un clin d’oeil les tâches les plus tenaces grâce au balai magique.
Là, inventons un tout petit film en noir et blanc montrant des éclairs dégoulinant de crème industrielle, aplatis, mous, survolés par des mouches. Et hop, changeons la vidéo mentale, en nous projetant en 3D, en THX et en odorama, “le sable fin sous les pieds au bord de la plage, le bruit des vagues qui se fracassent et l’odeur des embruns”.
Y’a pas photo !
Bonjour Michel,
Je suis une adepte de la grenouille et avec mes tps/ps ça marche très bien. Parfois on fait la tortue, “on rentre dans sa carapace pour voir comment ça va à l’intérieur”. J’ai aussi un galet avec des bruits que je plaçais dans le berceau de mes enfants. On peut y entendre la mer, la rivière, les oiseaux ou un cœur qui bat. Personnellement j’aime bien le bruit de la mer.Les enfants le mettent eux même quand on se regroupe et ils préfèrent le cœur qui bat. C’est étonnant de voir (et d’entendre) le niveau sonore qui baisse d’un coup quand ils entendent ce cœur qui bat.
Un de mes enfants qui a 14 ans maintenant me disait hier en voyant le galet dans ma classe ” le bruit que je préférais c’était celui du cœur”
J’essaierai l’éléphant la semaine prochaine, les occasions ne manquent pas en ce moment…
Merci pour tes idées.
La technique de l’éléphant est bien différente de celle de la grenouille 🙂
La grenouille est une approche de la méditation, alors que l’éléphant, c’est juste un moyen d’attirer l’attention et de provoquer un court instant de focalisation, à mettre à profit immédiatement.
Chez Michel il y a toujours qqchose de nouveau, de simple et de génial…
Kermesse de fin d’année passée, évaluations terminées et transmises (avec Tilekol bien sûr!)… je ferai bien évidemment des essais éléphantesques dès la semaine prochaine… Cette fin d’année est assez difficile niveau attention chez moi…
Bonjour Michel,
J’adore l’idée! Comme Malou, c’est plus la plage qui me fait rêver. Et en cette fin d’année scolaire les “chut” ou “taisez-vous” ne fonctionnent plus vraiment. Je vais donc appliquer ceci aussi bien personnellement que professionnellement.
Merci à toi Michel bonne semaine
Au plaisir de te lire bientôt”
A tester au plus vite!
De mon côté j’avais un jour croisé la route d’une remplaçante à quelques jours de la retraite qui m’avait montré un petit truc extra (que j’utilise très très ponctuellement). Je pense toujours à elle lorsque je fais cette petite “technique”
Quand le niveau sonore augmentait trop, elle leur demandait d’une voix chuchotée et enthousiaste (?) : “fermez les yeux! Fermez les yeux!”
Essayez, il semblerait que les petits bouts ne soient pas capable de papoter les yeux fermés! 🙂
De mon côté j’ajoute :”fermez les yeux et écoutez!”… Il y a forcément toujours un bruit quelconque que je commente donc en chuchotant… “Vous entendez la pluie qui tombe sur le velux?” “Vous entendez les copains de la classe voisine?” “Vous entendez….”
Je profite de ce silence retrouvé pour leur dire en chuchotant que ce calme est plus agréable et propice au travail et nous nous relançons dans l’activité… Calmement…
Je n’en abuse vraiment pas (pour cette année scolaire je crois l’avoir fait 4 fois) mais effectivement le coup de l’éléphant me semble plus que pertinent et je sais d’avance qu’il sera efficace!
Bravo et merci Michel!
Bonjour Michel,
Je réagis avec du retard mais j’avais fait une parenthèse “tilekol” et autres courant juin et ai attendu d’avoir l’esprit “libre” pour m’y remettre !
Donc, en rapport avec ton article, Michel, j’utilise en classe de CM quelque chose qui se rapproche de ton éléphant. Cette année, à la rentrée, nous avons appris une poésie commune à toute la classe (la seule de l’année), une poésie “à tiroir” (Dans Paris il y a une rue, dans cette rue il y a….) et lorsqu’il y a trop de bruit dans la classe, je dis : “dans Paris il y a une rue ” et les élèves continuent ensemble 2 ou 3 vers de la poésie. Ainsi je retrouve le calme et la concentration de mes élèves. C’est comme magique !!
Alors, je crois que l’éléphant peut bien marché aussi !!
Merci Michel