La tenue correcte du scripteur est une question récurrente chez les enseignants de maternelle et d’élémentaire. Dans cet article, nous allons essayer de faire un point le plus complet possible sur la question en compagnie de Danièle Dumont, qui est la grande spécialiste française de l’apprentissage de l’écriture.
Cette rencontre fait suite à l’article « Danièle Dumont et le geste d’écriture » de février dernier. A cette époque, je vous avais présenté son ouvrage, un véritable “livre-culte” pour nombre d'enseignants curieux et soucieux d'améliorer leur pratique.
Danièle avait accepté de revenir de temps à autre sur Tilékol.org pour que nous puissions traiter de points précis de l'apprentissage de l'écriture.
La voici donc de retour, pour notre plus grand plaisir à tous (pour le mien en tout cas !).
Hum, c'est pas gagné… mais jamais perdu non plus !
Curieusement, la tenue du crayon ne semble pas faire l’objet de questionnements particuliers, de pistes, d’indications, de recommandations, en un mot de “littérature” de la part des instances de l’éducation.
Le seul texte officiel qui semble exister – mais il y en a certainement d’autres – est le BO Hors Série du 14 février 2002, qui précise :
“Qu'il soit droitier ou gaucher, (l'élève) doit apprendre à tenir ses instruments sans crisper la main (en utilisant la pince du pouce et de l'index et le support du majeur), à disposer la surface qu'il utilise dans le prolongement de l'avant-bras (correctement placé) tout en adoptant une posture adéquate.”
Voilà l’objet d’une bonne entrée en matière.
Tout le monde est persuadé qu'il tient son crayon “entre le pouce et l'index”
-Bonjour Danièle. Y a-t-il une “bonne” manière de tenir son crayon ?
On peut répondre « oui » dans la mesure où on comprend que cette manière supporte de petites variantes d’une personne à l’autre et d’un outil à l’autre.
-Pourquoi ?
Parce que l’objectif d’une bonne tenue de crayon est d’écrire avec le plus d’aisance possible donc avec le moins de fatigue possible, ce qui, physiologiquement, suppose une tenue de crayon analogue pour tout le monde.
-Est-ce que “la pince du pouce et de l'index et le support du majeur” est à adopter sans réserve ?
Tout le monde est persuadé qu'il tient son crayon “entre le pouce et l'index”. Il suffit d'enlever le majeur de dessous pour se rendre compte que c'est faux. En revanche, si on enlève l'index de dessus le crayon, on voit qu'il tient.
-La consigne “pincer” entre le pouce et l'index et “placer le grand doigt derrière” est-elle donc à éviter ?
Quand on sait que les jeunes enfants essaient de faire exactement ce qu'on leur dit et qu'on constate que, lorsqu'on pince entre le pouce et l'index comme avec une pince à épiler, on ne peut pas placer le majeur dessous, on voit dans quelle difficultés cette consigne place l'enfant.
-Quel est le moment-clé à ne pas rater pour faire acquérir la bonne tenue du crayon ?
Je dirai là une banalité : il faut soigner les commencements.
-Parlons de la petite section. En début d’année, les enfants ont souvent les mains “molles”. Que peut-on faire dans ces conditions pour les préparer correctement ?
Les tonifier par toutes sortes de manipulations.
-Que pensez-vous des petits accessoires en plastique destinés à faciliter la tenue du crayon ?
Je pense qu’ils sont inutiles dès lors qu’on apprend à tenir le crayon et contraignants puisqu’ils imposent une position des doigts qui n’a que très peu de chance de correspondre à la position optimum de celui qui utilise cet outil.
Une fois le crayon en place, il suffit de rabattre l’index dessus pour le guider.
-Comment veiller à ce que chaque enfant tienne correctement son crayon lorsqu'on a 25 élèves ?
La difficulté à répondre à cette question met en évidence qu’il faut apprendre aux enfants à tenir le crayon dès la maternelle, ce qui élimine de facto la nécessité de veiller à une bonne tenue de crayon pour chaque enfant.
La récurrence de la question de la tenue et du maniement du crayon m’a incitée à y apporter une triple réponse pratique :
-D’une part pour les cas banals qui peuvent être pris en charge au sein de l’école j’ai consacré à ce sujet des exercices spécifiques du nouveau cahier « remédiation » à paraître bientôt chez Hatier.
-D’autre part, pour les enseignants qui souhaiteraient approfondir la question une entière des trois journées de l’écriture de juillet est consacrée à « la tenue et le maniement du stylo, la posture, le stylo, le papier, les tables et les chaises ».
-Enfin lorsque la difficulté est conséquente et fortement ancrée l’enfant peut être dirigé vers une rééducatrice (un rééducateur) en écriture.
-Avez-vous une astuce pour que les enfants comprennent comment placer leurs doigts et tenir leur stylo ?
Il y en a plusieurs. Elles sont adaptées aux circonstances de l’apprentissage et à l’âge des enfants.
En voici une parmi d’autres ; elle fonctionne quel que soit l’âge : on lève le doigt comme pour interpeller l’enseignant, puis on fait glisser le pouce le long de la face latérale du majeur jusqu’à ce que la pulpe du pouce arrive face à la dernière articulation du majeur. On appuie là avec son pouce en le pliant : cela permet de se rendre compte que si on place le crayon entre, il est fermement tenu puisque fermement appuyé contre le majeur. Une fois le crayon en place, il suffit de rabattre l’index dessus pour le guider.
-Comment expliquer aux parents l'importance de la bonne tenue du crayon lorsqu'eux-mêmes le tiennent mal ?
Si eux-mêmes ou une personne de leur entourage souffrent du bras ou du dos en écrivant, ils comprendront rapidement l’importance d’une bonne tenue et d’un bon maniement du crayon. Sinon, je pense qu’ils peuvent comprendre qu’un muscle inutilement tendu se fatigue et que faire travailler un muscle inutilement fatigué rend l’acte d’écriture désagréable voire douloureux.
-Quelle est la première intervention pédagogique à faire lorsqu'on constate, par exemple en grande section, que certains enfants tiennent leur crayon de manière catastrophique ?
Proposer au collègue – ou à la collègue – de petite section d’apprendre dès le début aux enfants à tenir correctement leur crayon 😉 Ce n’est qu’une demi-plaisanterie. Fort heureusement rien n’est jamais perdu. Il faut donc tout reprendre dès le début : tonifier les doigts, apprendre à plier le pouce, apprendre à le placer correctement extrémité de la pulpe contre la face latérale de la dernière articulation du majeur. Voila les tout débuts. C’est donc toute une suite d’interventions qui sont nécessaires à une bonne préhension du crayon.
-On a parfois l’impression que les enfants savent bien placer leurs doigts sur leur crayon mais pourtant quelque chose ne va pas.
En effet, placer correctement ses doigts sur le crayon ne suffit pas, encore faut-il placer sa main correctement (dans l’axe de l’avant-bras), placer sa feuille correctement (grosso-modo dans le même axe), plier et déplier ses doigts (et non son poignet) et ne pas écrire d’un mouvement de l’épaule. Tout un programme !
Merci pour ces éclaircissements, et à bientôt…
Danièle Dumont a un site web que je vous encourage à visiter: http://www.legestedecrituredanieledumont.fr
Vous y trouverez des informations précieuses, comme ces petits fichiers PDF qui détaillent à chaque fois un point précis.
Rappelons également que Danièle Dumont est l'auteur d'un petit livret destiné théoriquement aux enfants de grande section mais qui convient aussi bien à ceux de moyenne section ou de CP, intitulé “j'apprends à bien tenir mon crayon”.
Ses principaux ouvrages ont fait l'objet d'une section spéciale de la “P'tite boutique Amazon de Tilékol”.
Voilà, cette présentation de la problématique de la tenue du crayon est terminée. Nous en avons fait l'objet d'une séance de concertation dans ma petite école maternelle et croyez-moi, une rencontre autour de ce thème est particulièrement enrichissante.
Les commentaires sont ouverts !
En effet, il ne m’a pas fallu attendre ce nouvel échange bien longtemps…
Je suis bien contente de lire que rien n’est jamais perdu.
Je travaille dans l’enseignement spécialisé, peu nombreux sont les élèves qui arrivent chez nous dès la maternelle. On peut compter sur la ou le collègue qui s’occupe des « petits » au sein de notre établissement, mais la majorité des élèves nous arrivent d’horizons différents en cours de cursus scolaire et nous n’avons pas de contact (sauf exception) avec l’enseignant(e) qui nous a précédé.
Tout reprendre depuis le début donc… savoir que ce n’est pas insurmontable et qu’avec un peu de motivation, les progrès sont visibles de jour en jour… Chouette alors !!! C’est ce dont nos élèves ont grand besoin !
Mes écoles n’ont pas fini d’entendre parler de vos ouvrages, que je viens moi-même de découvrir il y a peu.
Merci !
Ce serait quand même triste si tout était perdu alors que la vie commence à peine !
D’ailleurs, l’être humain est capable d’apprendre, de se perfectionner, de se transformer toute sa vie durant.
L’apprentissage de l’écriture et de la lecture est un moment magique de la vie, c’est un peu comme la chenille qui se transforme en papillon… Avec un peu de vigilance, de patience et de conseils éclairés comme ceux de Danièle Dumont, on peut assister à des petits miracles…
Rien n’est jamais perdu ! Même les adultes peuvent suivre une rééducation de la tenue et du maniement du crayon. sauf cas particulier, s’ils suivent bien les consignes en deux séances c’est fait plus une troisième pour vérifier que tout va bien. C’est magique ! (ou presque … )
Si en matière de pédagogie tout était perdu d’avance, on n’aurait plus qu’à fermer toutes les écoles…
Cette méthode est vraiment bien dès la PS pour commencer l’apprentissage, mais pour ceux qui ont de mauvaises habitudes bien ancrées ce n’est pas si simple.
Nombre d’élèves qui arrivent en GS avec une mauvaise tenue du crayon, à qui on a appris comment bien le tenir, même en passant par toutes les activités prévues dans la méthode, ne le tiennent correctement que quand l’enseignante regarde… Dès qu’on a le dos tourné les mauvaises habitudes reprennent souvent le dessus !
J’ai l’exemple dans ma classe d’une petite fille très scolaire, plutôt bonne élève, qui sait très bien tenir son crayon quand je le lui demande mais qui n’arrive pas à le faire spontanément… elle tient son crayon avec tous les bouts de doigts depuis toujours et est très crispée dès qu’elle travaille seule en autonomie…
Son cas n’est pas unique, et s’il est vrai qu’on obtient souvent de bons résultats avec une bonne partie des enfants, il n’y a pas de formule magique qui marche à tous les coups.
C’est très culpabilisant de dire aux enseignants “il suffit de… pour que le problème soit résolu” !
Hello Nadine
Le problème n’est jamais résolu en un clin d’oeil.
La tenue du crayon est un point pédagogique sur lequel bien des enseignants de maternelle – moi compris – s’arrachent les cheveux.
C’est bien pour cela que nous avons besoin du maximum d’informations dans le domaine, et que nous devons sans relâche travailler dessus.
Personne ne dit “il suffit que”. Il n’y a pas de formule magique, il y a des techniques à découvrir, à tester, à utiliser, à tenter, à mettre en pratique, à appliquer, et surtout, il ne faut ni culpabiliser ni se décourager, parce qu’il est possible d’y arriver !
Ce qui me ferait culpabiliser, ce serait plutôt de baisser les bras…
Cet article donne plein de pistes intéressantes.
Lorsque je l’ai préparé, je me suis bien imprégné du problème, j’ai expliqué à mes élèves que nous devions tous ensemble y arriver, j’ai fait un petit atelier pendant l’accueil avec les parents, et je suis vigilant pendant la journée de classe.
Je te renvoie à l’article http://www.tilekol.org/lequation-de-la-reussite
Et je te GARANTIS que lorsque tous les ingrédients sont réunis, on arrive à des résultats.
Ah, c’est certain, dans l’enseignement spécialisé, nous avons des moyens humains que l’enseignement ordinaire ne possède hélas pas. Nous travaillons avec un petit nombre d’élèves. Et puis, nous sommes aussi entourés d’une équipe paramédicale (logopèdes, kinésithérapeutes, …) qui se charge de la rééducation individuelle ou en touts petits groupes de besoins. Je précise quand même que toute cette aide n’exclu évidemment pas une éventuelle intervention d’un spécialiste extérieur.
Je suis dans la même situation que Nadine et je me demande aussi si je dois insister auprès des enfants pour qui la mauvaise tenue de l’outil scripteur ne les empêchent pas de produire un écrit correct, lisible. Ils ne se crispent pas non plus.
Lorsque je passe à une remédiation quand à la tenue, j’ai l’impression de perdre mon temps. Cette habitude est déjà bien ancrée.
Je voudrais rebondir sur deux points :
– en ce qui concerne les mauvaises tenues de crayon récalcitrantes (généralement assorties d’un mauvais maniement du crayon) ce n’est pas dans le cadre de la classe qu’elles pourront être traitées mais par une rééducation appropriée. Mais, bien entendu, il y faut l’adhésion de l’intéressé. Sans cela on ne peut rien ; c’est valable pour tout.
– Sacha parlait plus haut de “méthode intuitive”. Si c’est vrai que tout travail de recherche suppose – ou présuppose – sa part d’intuition, c’est bien une vraie recherche qui m’a conduite aux propositions pédagogiques actuelles. J’en ai développé les fondements dans deux mémoires universitaires de linguistique fonctionnelle, un de Master 1 sur la relation entre discours et pratiques de classe dans l’enseignement de l’écriture en maternelle ; un de Master 2 sur la place de l’enseignement de l’écriture dans l’apprentissage de l’écriture.
Une autre recherche, sur l’écriture des personnes atteintes de la maladie de Parkinson, réalisée dans le cadre de mon DU d’expertise en écritures et documents m’a apporté aussi.
(Je sais que mes fonctions de rééducatrice en écriture occultent pas mal la dimension universitaire de mon travail).
Mais bien sûr !
Promis, tout au long de ma lecture, jamais je n’ai perdu de vue qu’il s’agit d’une recherche 🙂
J’hésitais mais là j’ai lancé la commande!! J’ai des ce2-cm1-cm2 et pour certains c’est vraiment illisible!! Je pense avoir de quoi bosser maintenant!
N’hésite pas à t’investir sur ce thème, parce que tu verras des résultats.
En ce qui me concerne, j’ai commencé à travailler de manière systématique sur la tenue du crayon dans la semaine qui a précédé l’article.
Je continue depuis, c’est devenu une habitude pour moi ET pour mes élèves, qui sont très motivés, parce que je leur ai expliqué que je voulais leur faire faire des progrès sur ce point précis.
Par exemple, en début de dirigé, on fait un petit jeu qui est devenu un rituel: tout le monde pose son stylo sur la table et à mon signal, hop, tout le monde doit prendre son stylo et le tenir correctement “sans réfléchir”.
Je pense que le problème est résolu pour environ la moitié des enfants, et que les autres sont sur la bonne voie.
On peut y arriver !
Merci, ça motive! Je me lance après les vacances! J’aurais la fin pour lire les livres!
Bonjour,
J’ai suivi la méthode de Danièle Dumont avec mes moyens l’année passée. Quels progrès!
Quelques uns tiennent encore mal leur outil (3/4 sur 31) et donc je suis préoccupée. Je suis un peu à court, enfin je pense quand même à les faire réaliser un pense-bête pour qu’ils se souviennent de la bonne tenue quand ils prennent un crayon. De plus j’ai bien aimé l’idée ci-dessus de faire intervenir un parent a un atelier à l’accueil pour être avec eux. jE PENSE à un parent d’enfant qui tient mal son crayon.
Dans l’interview vous parlez d’un livre de remédiation. Je possède les livres pour élèves des maternelle, est ce utile que j’achète celui-ci POUR DES grandes sections?
Est-ce qu’il faut à cet âge là penser à la rééducatrice? C’est tôt, je pense. Et puis il y en a peu.
Voilà mes questions, merci de votre attention et de cet article très clair.
Alexandra
Bonjour Alexandra
Avoir 28 élèves sur 31 qui tiennent correctement leur crayon en début de grande section est à mon avis assez phénoménal !
je pense que la communication avec les parents est une bonne chose.
Personnellement, j’explique à mes élèves que tenir correctement un crayon, c’est comme conduire une voiture : il faut prendre des leçons, se tromper, et on finit par y arriver.
D’ailleurs, j’ai prévu de délivrer à mes élèves un “permis de conduire le crayon”, ils ont beaucoup aimé l’idée. La motivation est le meilleur outil pédagogique !
Chers tous,
Mon témoignage est celui d’une maman qui a bien compris combien il est important d’avoir une bonne tenue de l’instrument graphique pour qu’écrire ne devienne pas une torture.
Témoignage aussi d’une maman qui ne rend pas l’enseignant responsable de toute faille, défaillance, lacune scolaires chez son enfant. Une dialogue, une collaboration doivent d’instaurer entre enseignant et parents pour faire progresser l’enfant. Ce n’est pas toujours facile mais il faut essayer. Parfois les solutions sont trouvées ensemble, parfois non. Ce dernier cas fut le mien après une discussion sur la mauvaise tenue du crayon par mon petit garçon. La maîtresse – encore novice- n’avait pas de pistes à proposer pour remédier à ce problème. Je ne me suis pas fâchée. Je cherche de mon côté et je lui ferais part de mes découvertes.
Il m’a été suggéré de recourir au dessin des lettres dans le sable, ou bien dans l’air au moyen d’un de ces rubans utilisés par les gymnastes. Je pense que cela sert surtout à assouplir le poignet et à éprouver physiquement le plaisir d’écrire. Il me semble que la sensualité et du geste, et du medium et du support est parfois omise.
Les témoignages lus sont très encourageants pour qui douterait de l’engagement du corps enseignant. Plus qu’encourageant, je dirais même “émouvants”.
Merci pour l’idée de délivrer un permis de conduire le crayon. Mon petit garçon qui adore ” Star Wars” sera-t’il sensible à la suggestion qu’avant de piloter un engin spatial, peut-être faudrait-il d’abord montrer sa maîtrise du crayon?
Avec tous mes encouragements
Christine Rimbaud
Bonjour Christine,
L’utilisation du plateau de sable et du ruban va bien plus loin que le plaisir tactile. Le stylo n’est que le prolongement d’une extrémité du corps. L’enfant a besoin de “vivre” les formes, de les intégrer physiquement, en utilisant ses sens. Cela facilite grandement l’apprentissage du petit geste fin de l’écriture. Ce n’est pas un gadget…
Cet article est à lire : http://montessouris.blogspot.com/2013/04/plateau-de-sable.html
Merci pour vos partages et votre ouverture.
Bonsoir
Mon enfant tient son crayon avec son pouce ‘inutile’ qui recouvre la phalange de index…
Dur dur habitude a changer…
Des idees SVP?
Bonjour,
Je réagis 11 ans après cet article. On parle ici des enfants qui tiennent de plus en plus mal leur stylo/crayon. Je suis dessinateur de métier et donne parfois des ateliers, mais aussi regarde un peu tout ce qui se fait comme cours de dessin sur le net. Et je constate que le problème ne concerne plus aujourd’hui les enfants, mais bel et bien (je m’avance un peu) une majorité des personnes de moins de 35 ans ! Oui, les adultes, et même les profs (j’ai même vu des profs de français tenir atrocement leur stylo) tiennent leur stylo le pouce qui recouvre totalement l’index, la main recroquevillée au bout (ce qui fait que la personne a peu de visibilité de ce qui se passe sous la pointe, à moins de se pencher sur le côté)… parfois même le pouce totalement raide pointé vers le haut !
Les conséquences sont comme pour celles de la baisse du niveau de l’orthographe : puisque tout le monde a l’air de faire comme ça, alors celles et ceux qui nous corrigent ne sont que des imbéciles réactionnaires. “On s’en fout”, c’est la réponse qu’on obtient généralement lorsque l’on tente de faire une remarque.
J’ai lu dans autre article de 2018 qu’aux Etats-Unis (et d’autres pays comme la Finlande) donnent peu d’importance à ça et privilégient l’écriture clavier. Encore un truc stupide qui nous vient des américains ? Savoir utiliser un écran, un clavier, oui, ça fait partie de l’évolution, mais il y aura toujours besoin de savoir écrire dans beaucoup de situations… ou même, pour le sujet qui me touche personnellement, pour dessiner !
Et le souci, c’est que je vois sur les réseaux des artistes (moins de 35 ans) doués, tenir leur crayon ou leur pinceau ainsi. “Si cet artiste réussit à faire de si belles choses, c’est bien la preuve que bien tenir son crayon n’a aucune importance !”… oui, avec de l’entraînement, on peut aussi dessiner avec un pied !!… Et si l’on étudie un peu les commentaires, on voit bien que personne n’y prête attention ! Si l’artiste a beaucoup de succès, et que ce qu’il ou elle fait est très beau, venir avec vos gros sabots critiquer sa façon de tenir son crayon c’est prendre le risque de se faire insulter.
Et pourtant… l’artiste gagnerait beaucoup en souplesse et en visibilité. Et surtout, que se passera-t-il dans 20 ou 30 ans ? Tendinites, lésions ou paralysie des nerfs, déformation du cartilage…
En fait, ne plus apprendre correctement à l’enfant à bien tenir son crayon (ne pas le forcer, surtout ! Pauvre petit, lol, laissons-le faire), c’est une des nombreuses choses qui sont de plus en plus mises de côté. On laisse faire, mais un jour il sera trop tard pour revenir en arrière.
Parce qu’un jour, qui apprendra à bien tenir un crayon si les adultes eux-mêmes en sont incapables ?