Voilà une idée qui peut séduire et également faire peur : suivre ses élèves de grande section en CP, sur deux ans. Ou avoir une classe de GS/CP. Etablir un lien, un vrai, entre maternelle et élémentaire, entre cycles 1 et 2, comprendre les deux problématiques, partager avec les deux équipes, et surtout, surtout…
…Avoir le plaisir d'assister au miracle !
Etant enseignant de grande section, j'ai toujours rêvé de connaître cette expérience : suivre mes élèves sur deux ans, être aussi leur maître de cours préparatoire, et en quelque sorte “terminer le travail”, particulièrement (mais “pas que”) de l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Ce doit être ultra-gratifiant !
Malheureusement, travaillant en maternelle “pure”, cela n'a pas été possible. Il aurait fallu changer d'école, et surtout convaincre un enseignant de CP de “descendre” en maternelle lui aussi, pour que se crée une alternance. Un peu compliqué.
Et pourtant… Je pense que ce doit être le plaisir pédagogique ultime. Vraiment. Vous vous rendez compte ? Je n'y vois que des avantages. Passer du stade de “gros bébé” sortant de MS à celui de lecteur-scripteur… Laisser les maturités se faire à leur rythme… Etre d'attaque dès le jour de la rentrée… Connaître les enfants sur le bout des doigts… Faire une transition harmonieuse…
Je ne parle pas d'un double niveau, mais d'une “vraie GS”, suivie d'un “vrai CP”. Lorsque je vois les résultats de certains de mes grands en fin d'année qui ont eu le “double déclic” (lecture et écriture), j'aimerais réellement voir tous les autres déclics se faire, les uns après les autres, en être l'instigateur, le complice, le facilitateur… Du concret, rien que du concret !
Témoignages
Vous le savez peut-être, mais Tilekol a une “annexe” bien sympathique, où de mini-discussions s'établissent dans la facilité. Je parle de la page Facebook, où, récemment, j'ai lancé un appel à témoin. Et j'ai eu des réponses, que j'ai aujourd'hui le plaisir de partager avec vous.
Précision : ces témoignages concernent des doubles niveaux associant GS et CP. Je n'ai pas eu de témoignage d'enseignant suivant ses élèves de GS au CP. Si c'est le cas pour vous, les commentaires vous sont ouverts !
Katell
Katell travaille en Bretagne, où elle est directrice de l'école d'un petit village : Saint-Ganton. Elle est enseignante depuis 2005.
Elle nous explique comment elle en est arrivée à enseigner pour les GS et les CP :
L'école où j'enseigne a 4 classes de la PS au CM2, donc nécessairement des doubles niveaux.
Lorsque j'ai été nommée sur l'école en 2012, c'était une création d'école à 3 classes. Prenant la direction (du coup sans décharge), j'ai choisi la classe de TPS-PS-MS en 2012-2013.
J'ai gardé ce même niveau en 2013-2014, cette fois avec 4 classes dans l'école.
Pour l'année 2014-2015, vu nos effectifs, nous avons fait le choix de faire 2 classes de maternelle jumelles (TPS-PS-MS-GS).
Cette année, retour à une organisation plus “standard”, une classe de TPS-PS-MS et une classe de GS-CP. Envie pour moi de retrouver du cycle 2 que j'avais déjà eu dans une autre école donc j'ai opté pour les GS-CP.
Du coup pour la moitié de mes élèves, je les ai depuis la PS ou la TPS (les autres je ne les ai pas eu l'an dernier sauf en décloisonnement). Les GS, je les aurai encore l'an prochain en CP.
Quels sont les principaux avantages de cette organisation ?
Les avantages de garder les mêmes élèves, c'est que je les connais très bien et eux aussi. Je sais exactement où ils en sont et je vois vraiment leur évolution sur du long terme.
En ce qui concerne le niveau GS-CP, les avantages, c'est que les GS sont vraiment imprégnés de ce que font les CP, de l'apprentissage de la lecture, de l'écriture et sont trop contents de faire “comme” les CP ! Ca permet aussi aux élèves les plus performants de commencer (voire plus) l'apprentissage de la lecture. Cette année sur 13 GS, j'ai un élève qui est lecteur (sauf sons complexes), 2 qui commencent à bien déchiffrer et 3 qui sont prêts et qui essayent. En maths, j'ai aussi 2 élèves sui suivent ce que font les CP et plusieurs qui ont déjà compris pas mal de choses vues en CP (dizaines par ex).
J'ai la chance d'avoir une super ATSEM (une vraie perle) 2h chaque matin et ma collègue de PS-MS prend mes GS chaque après-midi 1h. Donc ça me fait 1h avec seulement mes 13 CP.
…Et les obstacles ?
Les inconvénients d'avoir les mêmes élèves plusieurs années, c'est que certains s'avèrent parfois (ou plus souvent) pénibles et que j'ai aussi l'impression d'être parfois moins patiente avec eux.
Pour les élèves, je me dis aussi que ça peut être bien pour certains d'avoir d'autres enseignants pour voir d'autres façons de faire, d'enseigner … Même si chaque année ils ont une autre maitresse une journée par semaine (décharge de direction).
Un autre obstacle est que je n'ai mon ATSEM que 2h par jour.
Et j'ai aussi parfois l'impression de ne pas avoir assez été avec mes GS. les CP m'ont en effet beaucoup pris de temps surtout en début d'année. J'essaierai de faire mieux l'an prochain, maintenant que je connais ce niveau.
Mais que pensent les élèves de cette organisation ?
Je pense que la plupart des élèves étaient contents de me retrouver en CP, que ça leur faisait moins de nouveauté.
Et là en fin de CP, ils ont hâte d'aller dans la classe de CE1 avec ma collègue. Ils seront dans un e classe de “grands”.
Quand aux GS, ils savent qu'ils me retrouvent l'an prochain et ça a l'air de leur convenir. Ils savent ce que je vais attendre d'eux.
Séverine
Séverine habite en Meurthe-et-Moselle, dans le village d'Haraucourt, près de Nancy. Elle est enseignante depuis 21 ans.
Comment elle en est arrivée à enseigner pour les GS et les CP ?
Dans nos petits villages , il y a beaucoup de petites écoles qui regroupent la maternelle et l'élémentaire donc on retrouve souvent le double niveau GS-CP , ma première année a été stressante…
Quels sont les principaux avantages qu'elle trouve à cette organisation ?
On connait exactement les objectifs à atteindre en GS pour aider les enfants à passer un bon CP. On connait les enfants donc c'est plus facile pour adapter nos méthodes dès le début du CP.
Quels ont été les principaux obstacles rencontrés ?
Mes premières années ont été très difficile car cela demande une organisation d'enfer, j'ai la chance d'avoir une aide maternelle avec moi.
Qu’en pensent les parents ?
Les parents se sentent en confiance . Pour anecdote, une maman de GS me demande en fin d'année si c'est moi qui vais prendre les CP, je lui réponds par l'affirmatif et elle m'avoue que du coup elle va reprendre son travail à temps plein car elle sait que ça va rouler. Cela fait plaisir …
Qu’en pensent les élèves ?
Je ressens moins de stress, ils se sentent en confiance, connaissent la classe, ont plaisir de voir ce que font les GS et de dire “moi je sais” et plaisir de prendre cette place de CP. Dés le début d'année , j'entends souvent “c'est fastoche le CP !”
A qui conseillerait-elle cette organisation ?
A des maitresses qui connaissent bien ces niveaux et qui aiment le non stop
Et à qui la déconseillerait-elle ?
A des débutants.
Adeline
Adeline vit dans les alpes, à une trentaine de kilomètres de Grenoble. Elle est enseignante depuis 13 ans.
Comment en est-elle arrivée à avoir une classe de GS-CP ?
Dans mon ancienne école où j’ai eu ce double niveau plusieurs années, nous n’avions que deux classes, traditionnellement de la PS au CP. Ensuite les enfants partaient dans l’autre école du RPI du CE1 au CM2. Il y a eu plusieurs découpages différents, mais j’ai eu la chance pour ma part d’avoir des GS/CP plusieurs années (jusqu’à la fermeture d’une des deux classes et mon départ pour mon école actuelle), qui reste ma classe préférée (malgré le double niveau).
Quels sont les principaux obstacles rencontrés ?
Je n’ai pas trouvé d’obstacles, par contre il me semble qu’il faut être très vigilant avec les GS : ne pas les laisser en autonomie trop souvent ; ne pas transformer leur dernière année de maternelle en année « fiches » pour te laisser du temps pour aller travailler avec les CP. J’avais été très heureuse d’entendre un de mes GS, lecteur en juin, me dire « c’était chouette cette année, on a appris des choses mais en jouant, on a presque jamais travaillé ! ».
Par contre, la difficulté selon moi est l’arrivée d’un nouvel élève pour la rentrée de CP, car du coup le groupe a avancé, a des habitudes… A chaque fois qu’on m’a contactée pour une arrivée en CP c’était un peu le stress de savoir où en était l’enfant. Je ne voulais pas qu’il puisse se sentir en difficulté car arrivant d’une autre école et donc ayant avancé différemment, ne connaissant pas les alphas, Borel Maissonny…
Karine
Karine enseigne à Blois, dans le Loir-et-Cher, après 7 ans de Guyane. Elle a 17 ans d'ancienneté.
Voici son témoignage :
La première fois que j'ai suivi mes élèves ce n'était pas une volonté mais personne ne voulait prendre la GS/CP et l'année d'après le CP/CE1 donc j'ai suivi une cohorte pendant trois ans.
C'est super de les voir évoluer et surtout de pouvoir commencer l'année en sachant exactement d'où tu pars. Tu connais chacun d'entre eux. Les limites sont qu'ils s'habituent à tes méthodes de travail et c'est tout de même bien de changer de têtes et d'exigences.
La deuxième fois que j'ai tenté l'expérience c'était en Guyane et par choix. Il s'agissait d'élèves allophones et je souhaitais voir leur entrée dans l'apprentissage de la lecture après le travail effectué en grande section. Il s'agissait de prendre du recul sur nos pratiques pour voir les points que nous devions travailler en maternelle avec ces élèves.
Cela permet de bien connaître les attentes de chaque niveau pour programmer les apprentissages.
Les parents étaient ravis de me retrouver c'est plutôt la séparation à la fin qui est difficile car on s'attache encore plus
J'ai gardé des contacts avec tous les élèves et ils ne s'enfuient pas quand ils me croisent donc je pense que ça va. Maintenant je pense qu'on ne peut pas plaire à tout le monde et peut être que certains n'ont rien dit mais n'ont pas apprécié. Dans l'ensemble je dirai que j'ai toujours eu des retours positifs
Je pense que c'est intéressant d'aller voir la section qui accueille tes élèves après car cela te permet de vraiment te rendre compte des points que tu dois aborder en amont. Que cela permet d'éviter les angoisses de la rentrée au CP pour les élèves car ils nous connaissent.
Sandrine
Sandrine enseigne à Hyères, dans le Var. Elle est enseignante depuis 16 ans.
Voici son témoignage :
J’ai une classe avec 8 CP, 3 GS, 6 MS et 3PS. Bien sûr cela a généré un gros coup de stress lorsqu’on a pris cette décision. Cela a aussi demandé une réorganisation spatiale de ma classe : mise en place d’un tableau, de bureaux de CP , déplacement du coin regroupement dans la salle de motricité accolée à ma classe, mise en place des tableaux à hauteur des élèves de maternelles et d’une table dans cette même salle. Un investissement de mon ATSEM a aussi été indispensable !!
Quels sont les avantages de cette organisation ?
Ensuite, l'autre grand avantage est de bien connaître les élèves et de savoir exactement où ils en sont dès le début du CP, j’ai pu choisir ma méthode de lecture en fonction d’eux et de leur niveau, anticiper les difficultés qui allaient se présenter et prévoir bien en amont quel type de différenciation mettre en place. De ce fait, on gagne beaucoup de temps en début d’année. De plus, les élèves me connaissent bien puisque la plupart est avec moi depuis la PS. Ils sont en confiance et n’ont pas le stress du passage à la « grande école ».
Et les inconvénients ?
Les obstacles rencontrés sont bien sûr la réorganisation de la classe, la réorganisation de mon emploi du temps avec 4 niveaux, prévoir des temps calmes et silencieux pour faire la lecture avec les CP (ce qui est très difficile avec les maternelles à côté, j’ai d’ailleurs connu de grands moments de solitude en début d’année quand les petits jouent et qu’on fait une leçon avec les CP !!). Il est aussi difficile de faire comprendre aux élèves de CP que les coins jeux et certaines activités sont pour les maternelles et plus pour eux !!
Qu'en disent les parents ?
Du côté des parents, j’ai eu plusieurs types de réactions. Certains m’ont fait confiance dés le départ, et ceux qui avaient des élèves en difficulté en GS étaient même rassurés de savoir que je serais encore avec eux. Un papa m’a même dit : « Pour nous il n’y a pas de problème, mais pour toi ça va aller ? Ça ne va pas être trop difficile ? » ce qui est plutôt gentil comme réaction. Bien sûr, il y a aussi eu des réactions négatives mais celles-là ne se manifestent pas directement malheureusement. Je sais que certains parents étaient inquiets que leurs enfants « restent »en maternelle, j’ai essayé de les rassurer mais ils ne me l’ont jamais dit en face. Je l’ai su par des bruits de couloirs. D’ailleurs, sur mes 3 GS, deux ont demandé à changer d’école pour la rentrée prochaine et le fait que j’ai le CP n’y est pas étranger mais encore une fois rien n’est dit directement !! Les parents ont du mal à comprendre que les enfants ne font pas de la maternelle, qu’ils suivent un CP « normal ».
Et les enfants ?
Du côté des élèves, ils étaient plutôt contents de rester dans la même classe, moins stressés comme je l’ai déjà dit. Certains ont été un peu déçus de ne pas passer dans le bâtiment des grands (ma classe est dans un bâtiment à part des deux autres classes). C’est une organisation qui est très bien pour les élèves un peu fragiles qui ont besoin d’être encore un peu maternés. Pour ceux qui sont plus matures c’est un peu plus difficiles de rester avec les « petits », heureusement on décloisonne avec ma collègue de CE1 du coup ils voient aussi le fonctionnement d’une classe de primaire.
Pour les GS, c’est un bon moteur d’avoir les CP avec eux. J’utilise beaucoup des ateliers autonomes qui aident à la différenciation, autant les CP un peu fragiles peuvent faire ceux de GS autant les GS sont super fiers de faire des ateliers initialement prévus pour les CP. Ils ont hâte d’être au CP et pour eux le projet de lecteur se fera naturellement !!
Conseillerais-tu cette organisation ?
Je ne suis pas sûre de pouvoir conseiller ou non cette organisation. De mon côté, je l’ai bien vécue parce que j’avais déjà enseigné de nombreuses années en CP simple (6 ans), du coup c’est un niveau que je connaissais bien. De la même manière, je travaille depuis 8 ans en cours multiples. Alors oui lorsqu’on a de l’expérience en CP et en cours multiple c’est plus facile !!
Je ne sais pas encore si je vais conserver cette classe à la rentrée, cela dépendra des effectifs de l’école mais c’est une bonne expérience que je souhaiterai prolonger et je pense sincèrement que c’est bénéfique pour les élèves qui vivent un CP plus serein.
Qu'en conclure ?
Voici un avis personnel : un double niveau, c'est particulier. Un double niveau GS/CP, c'est encore plus particulier. Ne parlons pas des triples ou quadruples niveaux !
Certains adorent, ne jurent que par ça, d'autres ne peuvent pas faire autrement. Il est évident que ceux qui sont à l'aise avec des niveaux multiples trouveront des avantages à mixer GS et CP au sein d'une même classe.
Pourtant, il y a une autre forme d'organisation, proche mais différente, qu'on peut facilement mettre en oeuvre dans les écoles primaires (donc avec des classes maternelle et élémentaires). Il s'agit d'avoir une classe de GS à simple niveau, et ensuite de suivre cette classe au CP, toujours à simple niveau.
C'est cette forme d'organisation que je trouve très attirante, bien que ne l'ayant jamais expérimentée.
Je remercie sincèrement Katell, Séverine, Adeline, Karine et Sandrine d'avoir accepté de passer du temps à écrire leur témoignage. C'est super-gentil !
Bonjour,
je suis enseignante en classe bilingue français breton et depuis des années j’aice double niveau GS CP. Je suis toujours émerveillée de voir la transformation des élèves en l’espace de deux ans. C’est intéressant ce double niveau qui permet les travaux en commun entre des enfants lecteurs-scripteurs et ceux qui ne le sont pas. Les uns sont très fiers de leurs nouveaux acquis et les autres les envient et sont aussi pressés d’y arriver.La situation permet aussi de faire le passage en douceur. Merci pour les différents témoignages.
Bonnes vacances
Bonjour,
je trouve ces témoignages très intéressants, et je m’y retrouve bien. Etant moi-même enseignante en GS/CP depuis 5 ans, je suis d’accord sur le fait que ce sont 2 années extrêmement valorisantes pour les enseignants.
D’ailleurs, je finis par me dire que je ne voudrais même plus de simple niveaux, car il manque l’émulation provoquée par les différentes classes d’âge.
Et puis en plus, ça oblige à penser à l’autonomie des élèves, ce qui n’est pas un mal…
Mais c’est vrai aussi qu’il vaut mieux ne pas être débutant. Pour ma part, je l’étais quand j’ai eu cette classe (1 an d’ancienneté seulement), et la 1ère année a été rock’n roll… Il faut dire aussi que notre formation est tellement bien!!… 😉
Bonnes vacances à tous
Merci pour les témoignages !
Pour ma part, c’était ma première année en GS/CP, dans des locaux de maternelle. Ce sont deux niveaux qui fonctionnent plutôt bien ensemble, c’est dommage qu’il y ait habituellement cette sorte de “barrière” entre la grande et la petite école.
Mes CP avaient une plus longue récré que leur copains de CP classique dans d’autres écoles, un moment de regroupement dans la matinée et des activités sportives et plasticiennes plus fréquentes.
Mes GS laissaient trainer leurs oreilles au CP très souvent.
Ils écoutent maintenant des histoires lues par les CP et sont très motivés pour l’année prochaine. Ils n’ont aucune appréhension.
Ce que je modifierai pour l’année prochaine : j’essayerai d’être disponible à part égale pour les GS et les CP. J’aurai une ATSEM (youpi tralala ! On ne devrait jamais laisser une classe de GS/CP sans ATSEM, c’est mon avis), ce qui n’était pas le cas cette année , et cela me permettra de revenir à une GS bien plus ludique (disparition programmée de la fiche que je remercie tout de même pour son aide précieuse pendant la lecture des CP, ainsi que ses amis ciseaux et colle qui savent occuper longtemps et en silence !).
En tout cas, connaitre le CP m’a permis aussi de prendre du recul par rapport aux GS : je vois mieux la continuité et ce qui est important. De la même façon, j’apporte un côté plus ludique au CP. Un fonctionnement en ateliers, des projets de classe plus ambitieux (ne serait-ce que parce qu’il y a beaucoup de matériel d’art pla en maternelle…).
j’ai beaucoup aimé en tout cas…je reste !
Le grand saut se fait pour les élèves du CP au CE1 (il faudra prendre le bus en plus !)
Bonne vacances !
Merci pour ces témoignages très intéressants … Moi je vais avoir des MS/GS l’an prochain , plus classique … mais c’est un choix car jusque là j’avais des grands purs… j’introduis de plus en plus d’autonomie, d’ateliers individuels et je pense que ce sera un + d’avoir un double niveau …
Merci pour tous ces partages d’expériences…L’année prochaine j’aurai des MS/GS dans uns nouvelle école après 5 ans de MS et un an de TPS/PS. Il va falloir que je m’y remette…avec ce double niveau.
Après plusieurs années en maternelle, j’avais cette année PS-GS, double niveau très intéressant lui aussi.
Et pour la rentrée, ce sera GS/CP. Je suis à la fois complètement convaincue de l’intérêt des double niveaux, et à la fois très inquiète car je n’ai encore jamais eu de CP. J’ai peur de ne pas être à la hauteur pour les CP, de délaisser mes GS, et en même temps, je suis sûre que une fois en place, ça sera très riche ! Merci pour ces témoignages !
Alors, ? comment ça se passe maintenant que la rentrée est faite ? Moi aussi j’ai une GS-CP, avec CP pour la première fois ….. c’est du boulot ! heureusement que je n’ai que 20 élèves !
Enseignante en GS, en éducation prioritaire depuis 14 ans, j’ai eu la chance de pouvoir suivre mes élèves de GS en CP deux fois. Cela a été possible car une enseignante de l’élémentaire était d’accord elle aussi, nous avions fait une demande auprès de notre inspecteur, les directeurs des deux écoles ayant donné leur aval, la demande a été acceptée.
Mes collègues des deux écoles avaient grande confiance en moi ainsi que les parents. Cela m’a procuré encore plus d’enthousiasme.
Ma motivation était de comprendre pourquoi beaucoup de nos élèves se retrouvent en échec alors que nous pensions passer à nos collègues d’élémentaire des élèves « clé en main » et aussi optimiser mon enseignement en vivant ce passage avec mes élèves.
Comme l’ont déjà bien expliqué les collègues, il y a un côté « frustrant » à enseigner en GS : on prépare les élèves, on les sent prêts pour la suite mais que se passe-t-il et comment ?
J’utilise depuis longtemps et avec bonheur « La planète des Alphas » et bien que j’enseigne en zone d’éducation prioritaire, à la fin de l’année, la plupart des élèves ont compris le principe alphabétique et beaucoup sont capables de lire en autonomie les textes du « recueil de textes ». J’étais désireuse de poursuivre cet enseignement.
Pour les élèves, les points positifs sont indéniables : pas de perte de temps en début d’année, on les connait bien et ils sont rassurés. Pas de grande rupture : j’ai emmené avec moi l’ « état d’esprit » maternelle. J’ai organisé ma classe comme une classe de maternelle (je l’aurais fait de toute façon même en cycle 3) : coin regroupement, coins jeux, ateliers, manipulations, élèves libres de circuler, communiquer, …
Effectivement, les peurs ont été balayées : j’ai à cœur de rendre mon enseignement explicite et chaque fois que nécessaire je rappelais aux enfants tout ce qu’ils savaient déjà. Finalement, le CP ce n’est pas si difficile …
A Noël la plupart des élèves étaient lecteurs. Je n’ai connu qu’un échec, un élève maintenu en CP, que je n’avais donc pas eu en GS, et qui a été orienté en CLIS après le CE1.
J’ai donc été globalement satisfaite de l’expérience.
Les points négatifs se situent à mon niveau : la première fois, je n’ai pas anticipé la gestion matérielle et me suis retrouvée croulant sous les feuilles à corriger, à coller, les livres de bibliothèque et le matériel à ranger, les jeux à trier : ATSEM OU ES-TU, AU SECOURS ! La préparation de ma classe me prenait beaucoup de temps : je n’ai pas voulu suivre de méthode de lecture, ni de fichier en maths, j’ai créé tous mes outils et la journée n’est pas extensible ! … Je me suis mieux organisée la fois suivante.
D’un point de vue pédagogique, dans mon école maternelle le travail en équipe est réel et effectif : projets communs, décloisonnements, … et très bonne ambiance entre collègues. Je n’ai pas retrouvé ça à l’école élémentaire. Les collègues étaient réticents à travailler avec des élèves lecteurs débutants, ils pensaient qu’ils ne seraient pas capables de s’adapter. J’ai vécu ces deux années un peu toute seule dans ma classe. Ensuite je me suis ennuyée. A partir de janvier-février s’est installée la routine propre à l’élémentaire : enchaînement de séances, plus beaucoup de surprise ni de fantaisie, j’ai eu l’impression que mes élèves ne s’impliquaient plus autant dans les activités expressives et créatives, comme si elles devenaient secondaires. Ils se comparaient entre eux et commençaient à devenir malveillants avec les élèves en difficulté, je vous promets que cela n’est pas venu de la maitresse ! Bref, certains grandissaient mal, quoique l’école fasse ce n’est pas un vase clos : on ne peut empêcher l’influence des plus grands, de l’extérieur, des communautarismes.
En maternelle, on fait au mieux avec les parents, souvent sans et parfois contre. Mais dans l’ensemble, on arrive à faire converger nos intérêts avec ceux des élèves.
Ils se décentrent ensuite et sont plus perméables aux sollicitations extérieures, leurs modèles changent. Les élèves fragiles que j’ai eus en CP se sont retrouvés en échec plus tard. Nous y avions mis tant d’énergie, eux et moi ! Ça a l’air inéluctable, c’est décourageant.
Je n’aurais peut-être pas eu cette impression en milieu ordinaire…
J’ai quand même réussi à faire adopter les Alphas aux collègues de l’élémentaire et les élèves sont toujours aussi contents et rassurés de les retrouver. L’aspect mécanique de l’apprentissage de la lecture est grandement amélioré dans notre groupe scolaire. Il faudrait maintenant que nous soyons aussi efficaces en ce qui concerne la compréhension !
L’expérience n’a pas été renouvelée d’un commun accord : aussi riche soit-elle, je suis et reste une enseignante de maternelle, de part ma nature créative et un peu farfelue j’y suis plus épanouie. Quant à la collègue qui faisait l’échange avec moi, moins expérimentée, elle a apprécié de connaitre les élèves avant le grand saut, mais a déploré des relations difficiles avec certains parents, et dans ces cas là il faut les supporter deux ans…
Je ne voudrais pas que mes propos soient mal interprétés par les enseignants de l’élémentaire. Je sais que certains essaient des choses, se creusent la tête …
Mais, autour de moi en tout cas, je constate que l’enseignement y est souvent frontal et que les élèves s’ennuient. C’est très personnel et surement pas à généraliser.
Enfin, je voudrais dire aux enseignants de GS qui veulent suivre leurs élèves : OUI, faites-le si vous en avez l’envie et la possibilité. Cela est riche et formateur, moi, cela m’a confortée dans ma manière d’enseigner. J’avais des doutes et des interrogations, j’ai maintenant des certitudes (même si je suis du genre à me remettre toujours en question).
Bonne rentrée à tous !
Mille mercis Michel pour tout ce que tu fais et partages.