Chaque adulte écrit à sa manière : “pattes de mouches” pour les uns, fantaisie graphique pour d'autres, lettres droites, lettres penchées, lettres bizarroïdes, écriture appliquée d'” instits de CM2 “, script, écriture ronde, pointue, étalée… Les graphologues se targuent même de connaître nos traits de caractères les plus fins, simplement en observant notre écriture. Une question se pose cependant : les enseignants doivent-ils proposer un modèle d'écriture uniforme à tous les élèves, et pourquoi ?
Et surtout… lequel ?
Les enseignants de grande section et de CP ont une lourde responsabilité. Celle de faire entrer leurs élèves dans le monde merveilleux et complexe de l'écriture manuscrite cursive.
Pour y arriver, ils se documentent, achètent des livres traitant du sujet, ou des ouvrages proposant des exercices. De plus en plus souvent, ils utilisent les outils numériques, tablettes ou ordinateurs, qui leur proposent des petites applications souvent ludiques destinées à s'entraîner au tracé des lettres.
En ce qui me concerne (et si vous cherchez dans les archives de ce site vous constaterez que je vous en ai parlé régulièrement), je suis très sensible à la question.
Tout d'abord – et c'est pour moi une de mes rares certitudes pédagogiques – je suis très réservé quant à l'utilisation de polices de caractères informatiques pour l'apprentissage de l'écriture manuscrite. Je trouve qu'il y a un paradoxe fondamental et une absence de logique, qui s'explique simplement par une recherche de facilité de la part des éditeurs et aussi des enseignants lors de la phase de création des exercices.
Expérience
Prenons l'exemple de la lettre e.
Faisons une expérience.
Prenez une feuille et un stylo et écrivez :
le
be
oe
se
ve
Vous constaterez que le “point d'attaque” du e change selon la lettre qui le précède.
Comme 99,99% (je ne connais pas les 0,01% restantes) des polices de caractère ne savent pas prendre en compte cette particularité, elles vont écrire un e passe-partout, qui va plus ou moins bien se relier à la lettre précédente, provoquant une “cassure” dans le tracé et le rendant moins fluide.
Idem (parmi de nombreux autres exemples) pour la “petite patte” qui précède parfois la lettre a ou o.
Plusieurs approches
Vous me direz, et vous aurez raison : “J'adore écrire à la main le a avec une petite patte, et j'ai appris à l'école à écrire le e dont le tracé démarre à l'horizontale.”
C'est donc qu'il y a plusieurs manières de faire.
Mais y en a-t-il une qui soit “meilleure” que les autres ?
Certains pensent que non, certains pensent que oui. Pour information, en ce qui me concerne, je pense que oui, depuis que j'ai lu “Le geste d'écriture” de Danièle Dumont, ma “bible” en la matière.
Je pense que lorsqu'on y réfléchit, on peut introduire une logique objective dans le tracé des lettres, qui facilite son apprentissage, et plus globalement qui facilitera la vie future des apprentis-scripteurs. (Le scripteur étant celui qui écrit et non pas le dispositif d'écriture : stylo, crayon).
Par exemple, la “petite patte” du a (ou du o) n'existe que pour le relier à la lettre qui le précède, et donc qu'il est totalement superflu d'écrire des lignes de “a avec patte”. Par contre, il est très intéressant de s'entraîner à écrire des petits mots dans lesquels le a est relié à d'autres lettres. Exemple : la, ma maman, ta, rat, etc…
L'enseignant qui s'inscrit dans cette démarche voit immédiatement des difficultés se dresser devant lui. Et vous devinez lesquelles : les ouvrages, numériques ou papier, sur lesquels il se propose de s'appuyer montrent une grande disparité dans leur manière de tracer les lettres.
On peut décider de faire une croix définitive dessus. C'est une position qui se défend. Mais il y a un gros “mais” : que va-t-il se passer dans les années qui suivent, pour ces élèves ? Par exemple, en grande section, je leur apprends à tracer un a sans la petite patte, et l'enseignant du CP va insister pour qu'ils tracent cette patte. Cela pourrait poser des problèmes.
Ce serait penser que nos élèves n'ont aucune capacité de réflexion…
Pour résoudre ce dilemme, lorsque j'aborde le tracé des lettres avec mes élèves, je consacre un moment particulier où j'utilise en quelque sorte les principes de la pédagogie explicite :
Costumes
J'explique à mes élèves pourquoi je leur demande de tracer telle lettre de telle manière, et je leur explique également que les lettres sont comme les humains : elles aiment bien mettre des “costumes” différents. Ce qui fait qu'ils seront amenés à rencontrer des a “avec patte”, des a “sans patte”, des a qui auront été écrits d'une autre manière, avec un geste différent.
Eh bien, vous savez quoi ? Ils comprennent parfaitement pourquoi je leur explique tout ça. Ils comprennent parfaitement pourquoi je leur propose d'écrire telle lettre de telle manière. Et l'image du costume leur “parle” parfaitement.
Et à chaque fois, je repense à cette phrase de Maria Montessori que je devrais afficher en gros au-dessus de mon tableau :
” N'élevons pas nos enfants pour le monde d'aujourd'hui. Ce monde n'existera plus lorsqu'ils seront grands. Et rien ne nous permet de savoir quel monde sera le leur : alors, apprenons-leur à s'adapter. “ |
…Et ils vont vraiment devoir s'adapter, si on jette un oeil aux nouveaux futurs programmes pour l'école maternelle. On y trouve cette phrase qui aura sans doute attiré votre attention :
“En GS, ils écrivent leur prénom et leur nom en cursive (Document d’accompagnement : Modèles d’écriture scolaire).”
Si les modèles d'écriture scolaire sont ceux qui ont été proposés il y a quelques mois sur Eduscol, et si cette proposition devient “norme obligatoire”, nos charmants apprenants vont devoir faire preuve d'une sacrée capacité d'adaptation.
Nous aurons certainement l'occasion d'en reparler…
Hello Michel,
Merci d’avoir partagé cette réflexion très intéressante.
@+
Merci Spino, toujours fidèle au poste à ce que je vois 🙂
Merci Michel.Tu as parfaitement raison; on n’explique trop peu aux enfants le pourquoi des choses alors qu’ils sont tout a fait près à l’entendre et ça les aide à trouver du sens à ce qu’ils font.
Exactement. Il ne faut pas les sous-estimer 🙂
Je ne comprends pas pourquoi nous ne sommes pas formés à la méthode DUMONT. Ce serait bien plus intéressant que ce que l’on nous propose actuellement. Je retiens ton histoire de costume pour expliquer à mes loulous les différentes graphies d’une même lettre.
Bon mercredi et à bientôt !
On nous dit même que l’apprentissage de la cursive doit commencer en MS. Bof bof ….
Bonjour Loïs
Pourquoi opposer les capitales d’imprimerie et la cursive ?
Il me semble que même en petite section on peut aborder le tracé de la boucle, et donc ce faisant on attaque l’apprentissage de la forme de base de l’écriture cursive…
Bien entendu, ce ne sont que les bases, mais tout commence par des bases.
Bonjour Michel,
enseignante à Genève, l’écriture cursive est un peu différente de ce côté de la frontière. Mais ce qui est intéressant dans la démarche de Danièle Dumont c’est qu’elle s’adapte aux différents systèmes d’écritures. Je l’ai testée avec succès l’année dernière dans ma classe de GS.
Cette année j’ai des MS et je reprends la démarche de Danièle Dumont pour préparer mes élèves à l’écriture cursive !
Bonjour Sophie
L’écriture est différente, mais la fluidité du geste est tout aussi indispensable…
Bonjour aux tilékoliers suisses !
Bonjour,
Quand Mme DUMONT doit-elle venir à La Réunion ? Et sur quelle circo?
Moi j’utilise sa méthode et je suis fan! J’aimerai beaucoup assister à l’une de ses conférences….
Merci
Bonjour
Je ne pense pas que ce soit dans une circo. Je vais essayer d’avoir plus de renseignements.
Bonjour Michel
L’an dernier, j’ai fait écrire le “a” sans patte (je le faisais déjà) mais sans faire lever le crayon pour enchaîner la “canne” qui descend; comme tu en avais parlé sur le site! Auparavant ils levaient le stylo pour faire la “canne”.
Résultat de l’expérience: certains sont à l’aise en enchaînant le geste et d’autres préfèrent lever le stylo.
Donc je leur dis de faire comme ils aiment mais que la lettre doit être jolie et être lisible.
Bonjour Malou
Comme toujours, c’est la force de l’habitude qui a tendance à prendre le dessus.
Etre “à l’aise”, c’est avoir une habitude.
Bonne ou mauvaise, ensuite tout est question d’appréciation…
Bonjour Michel,
Je suis d’accord avec toi pour les costumes des lettres , je travaille aussi de la même façon.
Avec mes collègues, nous avons été choquees des commentaires du doc des nouveaux programmes commentés portant sur l’écriture aussi; le graphisme est totalement dissocié de l’activité d’écriture, soit.
Il est préconisé de préparer les élèves à écrire en moyenne section, mais pas en capitales!!! Ce sera en écriture cursive, mais comment car le graphisme est à part? Pas un mot là-dessus, et surtout l’écriture en capitale est à exclure pour une raison que je ne comprends pas, car les élèves sont normalement accompagnés dans les séances d’écritures, les gestes expliqués , les écrits porteurs de sens !
Voici l’extrait des programmes:
“L’objectif étant de construire la valeur symbolique des lettres, l’enseignant veille à ne jamais isoler les trois composantes de l’écriture : la composante sémantique (le sens de ce qui est écrit), la composante symbolique (le code alphabétique) et la composante motrice (la dextérité graphique). L’écriture en capitales, plus facile graphiquement, ne fait pas l’objet d’un enseignement systématique. En effet, lorsque les enfants recopient des mots en capitales, ils tracent souvent les lettres dans un ordre aléatoire et peuvent ainsi aller jusqu’à désapprendre la valeur symbolique des lettres.”
Comment S’approprier la correspondance entre les 3 écritures si on ne maîtrise pas au moins l’une d’elle pour passer à la cursive, si cet apprentissage n’est que visuel et ne passe pas par le corps ? et pour tous ces enfants qui n’ont pas la maturité du geste pour la cursive, ils n’ont pas accès a l’écriture?
Il reste beaucoup d’interrogations auxquelles ne répondent pas ces nouveaux programmes et qui me laissent dubitative…
Un gros merci en passant pour ton site , les articles sont à propos et nourrissent nos réflexions sur nos missions d’enseignement!
Sabine
Je pense pour ma part, et je l’ai remarqué et ma collègue de GS aussi, que l’apprentissage systématique des lettres MAJUSCULES empêchent la mobilité naturelle du poignet; si vous remarquez bien, l’enfant de PS, dans ses premiers dessins, trace beaucoup de ronds, de formes courbes; nous, nous lui demandons avec les lettres majuscules de tracer des traits debout, couchés, bien droits, ce qui bloque à la longue son poignet. C’est ce que l’on nous enseigne aussi en Montessori; on commence directement la cursive, mais pas trop tôt, il faut que l’enfant soit demandeur. S’il ne l’est pas en MS, ce sera en GS.
Je me demande toujours pourquoi on tient à cloisonner les apprentissages par section, alors qu’on doit partir de l’enfant. D’où je pense l’intérêt d’avoir les 3 sections de maternelle dans une même classe pour faire évoluer l’enfant à son rythme !
Bonjour Sev
Je pense que les trois sections correspondent quand même un peu au degré de maturité générale des enfants.
Il est néanmoins relativement facile d’adapter l’apprentissage de l’écriture au niveau de chaque élève dans une même section. C’est une matière qui s’y prête bien.
Ceci dit, l’option des trois niveaux dans une même classe est certainement l’idéal pour les enseignants convaincus et motivés.
Pour d’autres, c’est une option quelque peu effrayante 🙂
Oui oui oui, ça va choquer de nombreux enseignants de voir que les majuscules scipts ne sontpas un passage obligatoire.
Dans mon école, on utilise la “méthode” de Danièle Dumont depuis 2 ans en MS et PS et en GS depuis cette année (on a réussi à convaincre la maitresse des GS!) et franchement ce matin, en analyse des programmes, on a de suite dit à l’unisson : “C’est sûr ils ont lu le livre de Danièle Dumont pour écrire ça!”. Alors oui, il va falloir changer les habitudes de travail. Alors oui, comme dit ma collègue de MS, il va falloir refaire toutes ses progrssions. Mais oui aussi à l’avancée vers le plaisir d’écrire des enfants. Je crie haut et fort que les réflexions de Danièle Dumont devraient être lues par TOUS les enseignants de maternelle et CP et plus encore. ça marche et c’est chouette. Laissez tomber les vieux ancrages, ouvrez-vous. Maria Montessori parlait déjà de cette écriture cursive il y a plus d’un siècle. Et surtout faire confiance aux enfants.
Beaucoup d’interrogations, comme tu le dis…
Voilà qui donne envie de se replonger dans ces propositions de programmes et d’essayer de se représenter les conséquences dans nos classes.
Voilà qui donne également envie d’interroger des spécialistes (suivez mon regard) pour avoir leur avis !
Bonjour Michel,
Après avoir lu “le geste d’écriture” de Mme Dumont suite à ton article bien sûr, j’ai également modifié ma manière de faire pour tracer mon a sans lever le crayon, et ce qui me paraissait difficile au début est tout à fait acquis pour moi maintenant. Question d’habitude. Il a fallu que je me rôde.
Par contre, bien que j’adhère pour l’écriture du e sur le principe, (j’ai appris à l’écrire avec la cassure donc je trouve qu’il a moins une “tête” de e en écrivant une petite boucle, même si j’en vois tous les avantages), je reste finalement avec mes habitudes car la maîtresse de CP travaille également de cette manière.
Je pense que ce serait plus difficile pour eux d’apprendre à la manière de Mme Dumont et de s’adapter ensuite, au CP, pour écrire le e avec cassure. Tandis que l’inverse devrait poser moins de problème vu que je l’écris naturellement sans cassure lorsque je me dépêche.
Mais, ce point reste sensible pour moi, et je me trompe peut être, mes élèves sont peut être plus adaptables que je ne pense (c’est certainement le cas, mais il faut également garder de la cohérence vis à vis des parents). Oui, je sais… je me prends par la main et je lance le sujet en conseil de cycle. Mais nous avons d’autres “problèmes” dans la maternelle avec des avis qui divergent pour l’écriture en capitales. Chacun reste sur ses positions, rien n’avance et je ne veux pas créer de conflit. Alors, aller encore à contre courant…
Pour le reste, la police d’écriture d’Eduscol m’a fait bondir. Mais d’où sortent-ils ? Le genre de choses qui me fait lever les yeux au ciel et avoir l’impression que les enseignants sont vraiment seuls. Heureusement qu’il existe des sites comme le tien qui nous facilitent la démarche pédagogique en nous présentant véritablement des experts comme Mme Dumont.
Bonjour Séverine,
Tu dis “je l’écris naturellement sans cassure lorsque je me dépêche.”
Preuve que la fluidité a des avantages 🙂
Quant à la police d’Eduscol, lorsque je la regarde, je n’ai qu’une réaction : mes yeux sortent de leurs orbites, je plisse le front et je me gratte la tête…
Cette police me fait penser à l’écriture cursive allemande.
Ne t’en fais pas Séverine, tu n’es pas seule. ça grince dans toutes les écoles cette histoire d’écriture. Et surtout il faudrait une grande cohérence entre les enseignants de primaire et maternelle et ce n’est malheureusement pas toujours le cas.
Faire confiance à l'”adaptabilité” de tes élèves, ça tu peux à 100%. Les enfants s’adaptent toujours. Et surtout fais toi confiance à toi et à ce que tu lis et découvre avec les enfants.
Un jour, il y a une 10aine d’années, en Inspection en GS, l’IEN me dit à propos de l’écriture cursive : “Savez vous ce que veut dire cursive?” Et moi de lui répondre par la négative, je ne voyais pas vraiment ce qu’il voulait dire. Alors il me dit : “Cursive ça veut dire que ça court. Donc l’écriture cursive va servir à écrire plus vite, à courir sur les pages. Orientez donc vos réflexions sur la formation des lettres dans ce sens et vous verrez, vos modèles viendront tout seul.” Depuis ce jour, j’apprends les e en petite boucle et non en cassure. ça court beaucoup mieux!Essaye de faire courir d’autres lettres et tu verras, ça va te faciliter tes réflexions.
Bravo !
🙂
L’écriture en cursive, c’est vraiment LE sujet qui engendre des débats passionnés parce que cela touche à quelque chose qui est personnel(intime) à chacun et que l’on est voué à transmettre. Les enfants s’adaptent, c’est sûr ! Il suffit de leur expliquer clairement les choses.
J’ai également adopté la méthode Dumont, tout simplement parce qu’elle s’adresse à tous les élèves. Et surtout à ceux qui ont du mal avec la gestion de l’espace, la position du corps, la tenue du crayon etc…Bref, il ne s’agit pas seulement de la forme des lettres, loin de là. D’ailleurs j’aime que les lettres proposées soient si simplement formées. Les “bons en écriture”, ceux qui aiment tracer, ajouteront peut-être des attaches, des flons flons, à leur guise ou pour imiter les grands frères et soeurs. Et les autres auront à leur disposition un modèle d’écriture accessible et lisible.
J’attends avec impatience une “police Dumont” ! Les scans et les bidouillages c’est chronophage !
J’en crois pas mes zyeux zébahis devant la police Eduscol !!! Du second degré ? On va dire ça !!!
Bonjour Virega.
La “police Dumont” existe depuis très longtemps : elle fonctionne sans ordinateur et utilise les doigts et le stylo 🙂
Bravo !
Depuis que j’ai lu Danièle Dumont, j’utilise la police “Simple Ronde” sur mes affichages (date, étiquettes…). C’est, je trouve, celle qui correspond le mieux aux formes apprises avec “Le geste d’écriture”.
On peut la trouver facilement en cherchant “Simple Ronde” sur n’importe quel moteur de recherche ! 🙂
Ah, mais c’est qu’elle n’est pas si mal cette police…
Bon, le “e” reste un compromis, mais c’est bien mieux que tout ce que j’ai pu voir jusqu’à présent…
Merci pour l’info, Marie-Pierre.
aaaahh l’apprentissage de l’écriture…que de responsabilité pour la maitresse de CP que je suis devenue cette année!
Sujet très important qui, comme tu l’as bien précisé, Michel, m’a coûté un peu d’argent pour me documenter et surtout beaucoup de temps pour savoir quoi, quand et comment!
Mes expériences et découvertes sont régulièrement renforcées par les réflexions de Tilékol et autres bloggueurs (entres autres: http://classeurdecole.fr/wordpress/gestes-decriture-methode-conseils-outils/) mais elles ont surtout de bonnes fondations!!
Merci Danièle Dumont!
Il y a bien longtemps, je me suis sentie obligée de faire toute la progression de sa méthode pour améliorer mon écriture de gauchère! Comment enseigner la bonne écriture si moi-même je ne l’ai pas??
Mes conclusions et mon argument majeur qui convainc tous mes élèves aux gestes pas forcément très adaptés : les gestes sont ceux qui nous permettent d’écrire vite les lettres et de toujours les reconnaître! Exemple: le fameux a … et bien un rond suivi d’une canne à l’envers le tout en 2 gestes peut conduire en écriture rapide à un quelque chose qui pourrait ressembler à un oi alors qu’un a fait en 1 seul geste, et bien même vite fait, il ressemblera toujours à un a. On peut pousser ce raisonnement pour de nombreux signes “d’écriture”… même avec les chiffres… le 5… en 1 geste ou en 2???
Une fois ces fondations construites, libre à chacun de choisir les costumes! 😉
Vivement un retour sur la visite de Danièle Dumont. En tant que convaincu, je n’ai pas de question particulière, je prendrai tous les conseils qui me permettront d’améliorer ma pratique!
Bonjour, ton article sur le geste d’écriture m’a beaucoup intéressée. Merci. Je suis tout à fait d’accord avec tes remarques concernant les attaques de certaines lettres. Nos futurs élèves devront faire preuve d’une grande capacité d’adaptation: les polices proposées par éduscol sont euh…..inappropriées! Pour rester souple.
Bonne continuation.
Bonsoir à tou-te-s,
Je vais essayer de répondre à tou-te-s de façon synthétique. Tout d’abord au sujet du programme. Je ne sais pas si le Conseil supérieur des programmes a lu Le geste d’écriture ; ce que je suppose, c’est qu’il a lu les recommandations qu’il m’a demandées. Vous en avez vu des traces dans le programme. Ce que je regrette c’est qu’il ait zappé des choses (comme disent les jeunes… à moins que le vocabulaire ait évolué et que ça m’ait échappé…). Je suis justement en train de rédiger un article pour synthétiser et donner une version “enseignants” du long commentaire que je lui ai envoyé. En attendant on peut trouver sur le brouillon de mon site – qui, lui, est toujours en panne faute de temps – des précisions concrètes sur la façon dont je vois les choses. C’est ici : http://gd.darmandesign.fr/?s=programme+2014 . Particulièrement sur les formes de base et dérivées qui permettent d’écrire l’ensemble des lettres cursives c’est ici : http://gd.darmandesign.fr/le-programme-2014-pour-lecole-maternelle-les-formes-de-base-et-leurs-derivees/.
Vous l’aurez compris je pense, pour moi il y a à la fois une seule et mille façons de former chaque lettre minuscule cursive romaine en usage dans les écoles françaises : une seule parce que la définition de chaque lettre est unique, mille parce que chacun a son propre geste.
Exemple la lettre e observée par Michel. Les caractères d’imprimerie prévoient une seule forme et elle est … sans cassure. Regardez le “”””modèle”””” rappelé ci-dessus, vous voyez bien qu’il n’en a pas, cf. “Les avec un L majuscule. Ce que vous voyez dans l’écriture de “les” (avec l minuscule)ce n’est pas une cassure, c’est l’enchaînement avec la fin du l. Le e est bien composé d’une petite boucle, c’est à dire d’une forme qui va de la gauche vers la droite par un geste concave qui a pour lieu d’attaque la gauche et pour degré d’arrondi, l’arrondi. (l’autre degré étant le non arrondi, c’est celui de l’étrécie). La différence avec les e habituellement tracés à la main est le recodage du début qui consiste à supprimer le dépassement derrière la boucle et à remonter le lieu d’attaque pour donner une impression de liaison. Comme tous les recodages, il s’agit d’ajuster le début (ou la fin) de la lettre pour assurer un enchainement judicieux avec la lettre qui précède (ou qui suit).
En revanche, si vous comparez le mot “créée” écrit par plusieurs personnes vous verrez que – hormis la question de la cassure – certains font des e plus gros, d’autres plus petits, d’autres plus arrondis, d’autres plus étrécis, certains auront tendance à faire un axe un peu incliné, d’autres un axe bien droit, ; certains vont faire une finale courte, d’autres une finale allongée ; pareil pour l’attaque ; l’une et l’autre pourront être plus ou moins courbes. L’attaque pourra commencer bas, c’est à dire très près de la ligne, voire sous la ligne, ou plus haut. Mais tous ces e répondront bien cependant à la même définition : forme de 1ère unité (c’est à dire qui va de la droite vers la gauche “en passant par en bas”) attaquée en bas à gauche et arrondie.
Bien que mon nom soit cité dans le document de présentation des nouveaux “”””modèles”””” je ne suis pas du tout d’accord avec ces modèles-là, pas plus qu’avec ceux auxquels ils succèdent. Mais là c’est une question complexe que je ne développerai pas ici.
Autre question : celle de ma venue sur l’île. Ceux qui voudraient discuter avec moi un moment vendredi 31 octobre au soir, samedi 1er novembre ou dimanche 2 voient avec Michel ce qu’il est possible de faire (pas les trois jours hein ! 😉 ) Les autres jours ce n’est pas possible (sauf à voir cela un autre soir – du 28 octobre au 4 novembre – mais il faut penser que je travaille le lendemain).
J’espère avoir fait le tour de l’essentiel.
Bonne lecture.
Merci Danièle
C’est un privilège de te voir ici, et ce sera un privilège de te rencontrer de nouveau “pour de vrai” dans quelques jours…
Tes explications sont limpides, comme d’habitude, et comblent ma gourmandise de phrases ciselées et de mots choisis avec une précision chirurgicale.
J’adore par exemple celle ci : “Le e est bien composé d’une petite boucle, c’est à dire d’une forme qui va de la gauche vers la droite par un geste concave qui a pour lieu d’attaque la gauche et pour degré d’arrondi, l’arrondi. (l’autre degré étant le non arrondi, c’est celui de l’étrécie)”
Il va y avoir de l’animation dans les mois qui viennent autour de ces nouveaux programmes. Nous serons aux premières loges !
Vous avez bien de la chance qu’elle vienne à la Réunion. Même si notre Inspectrice a fait de la pub pour sa démarche, ce n’est pas pour cette année que nous aurons une formation …
Cette année, j’ai réussi à convaincre mes deux nouveaux collègues de PS… Pour le primaire, la maîtresse de CP utilisait aussi la méthode et le cahier CP, mais elle prend les CE1… Pour la nouvelle maîtresse de CP, j’ai piqué ma crise lors du dernier Conseil des Maîtres avec l’élémentaire (pas top mais cela a été efficace !) et nous avons formé la nouvelle maîtresse de CP… le e cassé a été abandonné (inutile et même dangereux) tout comme les petites attaques des lettres rondes…
Pour la justification des propositions de D. Dumont, il suffit de lire sa thèse (ce fut mon chantier de cet été) et l’on comprend pourquoi les lettres s’écrivent plus facilement selon ce qu’elle propose et comment elles n’en sont que plus lisibles.
Cela fait 10 ans que j’utilise sa méthode et je n’attaque la cursive qu’en GS (même si les PS font et refont le 1er cahier comme les MS qui commencent aussi les boucles…). Rien ne sert de courir … Par contre, en un an, les élèves acquièrent une écriture cursive lisible et plutôt rapide. Sans compter les mômes (bon d’accord surtout des filles) qui automatisent l’écriture cursive à la fin de la GS (et, tiens c’est amusant, ont aussi tout compris au système alphabétique … grâce au travail d’écriture).
Elle a aussi répondu à l’usage de l’écriture majuscule : écriture d’attente, et facilement maîtrisable avec sa méthode sans passer par des tonnes de feuilles de graphisme … puisque constituée principalement de traits droits (et d’arrondis).
N’oublions pas qu’elle est indispensable en tout cas pour écrire un titre …
Pour les nouveaux programmes, non je ne crois pas qu’ils aient lus D. Dumont…
J’ai lu avec beaucoup d’intérêt vos échanges, car je viens d’être confrontée à un “cas” intéressant : un élève de CE1 dont l’écriture parait assez conforme aux normes établies, mais qui écrit très très lentement. Je l’ai observé en train d’écrire…
Il trace la lettre “e” de la façon suivante : une petite attaque, il lève le stylo, il trace un petit rond (en tournant dans le mauvais sens, vers la droite) il lève le stylo trace la cane inversée qui termine la lettre.Trois geste pour une lettre, dont un à l’envers… et beaucoup d’autres lettres à l’avenant.
Dans l’école où je travaille, au moins la moitié des élèves tiennent leur crayon ou stylo de façon incorrecte. En arrivant au CP, près d’un tiers des élèves écrivent les lettres rondes en tournant dans le mauvais sens et les chiffres en partant du bas. Certains n’écrivent qu’en “lettres bâtons” et ignorent la correspondance scripte/cursive. Que faire ? qu’est ce qui est le plus urgent à mettre en place ? Le temps consacré à l’écriture ne peut suffire à tenter de remédier à toutes les mauvaises habitudes, car les élèves ont d’autres difficultés (lecture, numération, capacité de concentration…) et il est impossible d’être derrière chaque enfant pour veiller à tout.
Quant au modèle d’écriture qui a fait bondir nombre d’entre vous, j’ai reconnu la façon d’écrire d’une de mes nièces qui partage sa scolarité entre les États-Unis et l’Espagne.
Bonjour Michel,
c’est toujours un plaisir de vous lire, en particulier lorsque vous parler de l’écriture. J’adhère totalement à ce que vous dites, mais je rencontre très peu d’enseignants traçant le “e” en une boucle sans la cassure.
Enseignante en GS-CP, chaque année, la personne qui complète mon temps partiel doit s’adapter à “ma manière” de faire (c’est-à-dire celle de Danièle Dumont). Comme elle change tous les ans, je vais finir par avoir “formé” un bon paquet d’enseignants au geste d’écriture! J’espère juste les avoir convaincus…
Parce qu’il n’y a pas de secrets: pour faire les modèles dans les cahiers, pas d’informatique possible, il faut s’y coller avec son beau stylo. Et quand on a beaucoup de CP, ça peut prendre du temps. Je pourrais acheter les cahiers d’écriture “hatier”, mais je trouve que ça fait un peu cher, et en plus je préfère commencer avec de plus grands interlignes en début de CP.
Le principal, c’est que le résultat est là: l’écriture de mes élèves “court” et ils parviennent à écrire vite et plutôt bien.
Encore merci à Danièle Dumont pour son excellent travail.
Bonjour Delphine
Je n’ai jamais trouvé gênant d’écrire les modèles dans les cahiers des élèves, d’autant que ça permet de s’adapter très facilement au niveau de chaque élève.
En fait, je trouve que c’est avec l’écriture qu’il est le plus facile de différencier les apprentissages en fonction du niveau de chacun.
Et en travaillant en petits groupes, ce n’est vraiment pas compliqué à gérer.
Je leur fais faire des petits exercices courts, ils me montrent le résultat, j’adapte l’exercice suivant, et en 20 minutes chacun a travaillé à son rythme et selon son niveau. Les petites progressions sont personnalisées très facilement. Il suffit juste d’avoir envie de démarrer, et ensuite ça va tout seul.
Le problème soulevé par Viva est fort significatif des difficultés rencontrées depuis quelques années : les enfants n’écrivent pas, ils dessinent des lettres, ce qui n’a rien à voir.
Comment y remédier? Je suggère tout d’abord de leur faire connaître le processus de formation des lettres cf. http://gd.darmandesign.fr/le-programme-2014-pour-lecole-maternelle-les-formes-de-base-et-leurs-derivees/ en leur faisant la séance “écrire, c’est facile” : http://gd.darmandesign.fr/comment-commencer-en-cp-avec-des-enfants-deja-en-difficulte/
Par ailleurs on peut toujours reprendre l’écriture à partir du cahier 1 de Cp http://gd.darmandesign.fr/premier-cahier-de-cp/, du cahier 2 perfectionnement http://gd.darmandesign.fr/cahier-de-remediation/ou du cahier remédiaiton http://gd.darmandesign.fr/cahier-de-remediation/ selon le niveau de l’enfant.
Si ça ne marche pas, le mieux est de voir un-e rééducateur/rééducatrice en écriture formé à ma méthode et qui l’applique sans amalgame.
Il faut bien comprendre que tant qu’un enfant se fixera sur le dessin de la lettre (elle monte, elle tourne en direction de la fenêtre etc.) il ne pourra pas passer le cap de l’accès à l’écriture. Ecrire, ce N’EST PAS dessiner des lettres ni au moment où on écrit, ni au moment où on apprend à écrire.
Que j’aime vous lire Mme Dumont….
Bravo à vous de vous affirmer ainsi. Votre méthode d’apprentissage de l’écriture fonctionne et les nombreux témoignages présents ici le révèlent.
Bravo aussi à Michel de tous ses partages. Eh oui, bravo est un mot qui me revient souvent sur ce site.
J’ai découvert votre méthode via les enseignants RASED qui l’utilisent avec les enfants en difficulté, dans notre circonscription. Mais pourquoi donc n’avons nous jamais eu de formation pour cette méthode.Il m’a fallu tout de même attendre 20 ans d’ancienneté pour vous découvrir!!!!!
ça bouge en haut lieu (du moins je crois) et on ose enfin écrire des “gros” mots dans les programmes. Bon ce n’est certes pas parfait mais ça bouge et ça me fait grand plaisir. Reste une autre paire de manches et pas des moindres: convaincre les enseignants. Et ça, ce n’est pas gagné!
Bon séjour dans les îles et peut-être quelques échanges avec vous sur ce site…
Je suis le blog en silence depuis deux rentrées et cette fois encore il m’apporte beaucoup.
Donc merci ! Un article comme celui là ça vaut au moins trois animations pédagogiques…
Je lis le livre de Danielle Dumont et du coup je modifie sensiblement ma pratique.
Faisons un courrier au ministre pour rendre tilekol déductible des 108 heures.
Merci merci merci.
Continue Michel.
Un collègue Réunionnais.
Bonjour Arnaud
Ah, si j’avais 108 heures mises à ma disposition pour écrire des articles, surtout en ce moment, je ne refuserais pas 🙂
Merci pour tes encouragements !
Un message tardif* par rapport à la publication de l’article : pour vous-mêmes et pour l’expliquer aux enfants, j’ai créé un poster du processus de formation des lettres. Il présente toutes les lettres dans l’ordre de leur découverte si on suit un enseignement rationnel. On y voit leur décomposition en formes. On y voit aussi comment l’étrécie et le rond dérivent de la boucle et comment le pont et le jambage dérivent du rouleau.
A afficher et à expliquer aux enfants.
Le poster est accompagné d’une notice explicative, d’un abécédaire innovant et d’un poster des chiffres et de la numération +, aussi, de réglettes à placer sur les tables.
La lecture des commentaires m’incite aussi à attirer votre attention : attention aux contrefaçons !
Merci en tout cas pour vos témoignages et bon courage à tous.
J’allais oublier : en conclusion à ma réponse je vous invite à consulter sur mon site cet article http://legestedecriture.fr/avant-den-arriver-aux-boucles-sur-papier-histoire-dun-pari-suite-au-2011/ qui vous présente les résultats obtenus par un de vos collègues de GS qui travaille en étroite collaboration avec moi.
(* c’est que les posters ne viennent que de paraître cet été)