Cette tendance pourrait s'appeler la sur-évaluation.
De la même manière que la sur-alimentation provoque l'obésité, qui à son tour empêche de bouger, la sur-évaluation produit la paralysie pédagogique.
Et pourtant, l'évaluation est indispensable !
Je recevais tout-à-l'heure le mail d'une enseignante, une “tilékolière” qui me faisait remarquer qu'elle ne disposait pas d'assez de lignes dans Tilékol pour pouvoir entrer toutes les compétences du livret scolaire de son école.
La philosophie de Tilékol
Voici quelle a été ma réponse:
“Tilékol est conçu au départ pour être un outil utile au quotidien de l'enseignant, c'est à dire qu'il fonctionne de la manière suivante:
Lorsque je prépare ma journée, ma semaine, ma période de classe, je définis les évaluations que je vais faire “à chaud”, en situation, dans la classe, au milieu de mes élèves et de manière presque invisible.
Dans ma classe de maternelle, par exemple, j'évalue pendant mes dirigés, et cela ne me prend réellement que quelques secondes par enfant.
Ces évaluations me servent avant tout au pilotage de ma classe, et me permettent de repérer les enfants qui ont besoin d'une personnalisation de tel ou tel apprentissage précis. Personnalisation que je mettrai en place dès la séance suivante ou en aide personnalisée du soir.
On peut appeler Tilékol “outil de repérage immédiat de la difficulté et d'aide à son traitement”.
Lorsque je reçois un parent, ou en fin de période, j'édite le petit rapport.
Ce petit rapport n'est PAS un outil institutionnel, c'est un outil pratique, utilisé en continu dans l'année.
Bref, Tilékol n'est pas fait pour “rendre compte” mais pour “se rendre compte”, selon l'expression d'un talentueux conseiller pédagogique de mes amis.
C'est la raison pour laquelle il est volontairement limité à 300 lignes, ce qui est amplement suffisant (et même trop) pour avoir une idée claire d'un enfant ou d'une classe.
Il y a (si je ne me trompe pas) 36 semaines de classe en France, à raison de quatre jours par semaine, cela fait 144 jours. Plus d'une évaluation par jour est inutile et même nuisible, parce qu'on ne peut pas traiter correctement la difficulté repérée.”
Trop d'évaluation tue l'évaluation
L'évaluation est à mes yeux absolument indispensable au pilotage d'une classe.
Mais elle n'est pas une fin en soi, elle n'est que le moyen le plus efficace de personnaliser FACILEMENT son enseignement.
Le mot-clé est ici “facilement”.
Une fois de plus (et vous qui commencez à me connaître, vous savez que c'est mon credo), l'efficacité passe par la simplification.
Si vous passez votre temps à collectionner des petites croix, vous n'aurez pas le temps de les analyser et d'agir concrètement. Or, c'est bien une action concrète, précise et individualisée de la part de l'enseignant qui permettra à chaque élève de progresser selon ses propres caractéristiques.
Je me suis heurté à ce problème en cherchant à chaque fois à répondre à la question “comment ?”
Avec Tilékol, je pense avoir trouvé une réponse. A condition d'utiliser ce minuscule outil de la bonne manière…
Si vous prenez un tournevis pour ouvrir une boîte de conserve, vous courez à l'échec.
Si vous utilisez Tilékol pour piloter votre classe au jour le jour, vous marchez tranquillement vers la réussite…
Vrai de vrai mais pas toujours évident c
Bonjour Sabine
Je comprends très bien ce que tu veux dire.
Et je te promets que lorsqu’on a une procédure simplifiée et qu’on sait où on va, tout devient plus facile lorsqu’on agit.
Je te donne un petit exemple, tiré de ma classe, en grande section:
-Ma classe est divisée en trois groupes, que je prends en dirigé à tour de rôle.
-Je travaille sur le rond. Pendant ma séance, j’observe que quelques élèves font le rond “à l’envers”.
Sur mon iPhone, tout en parlant avec eux, j’écris mes petits chiffres en face de chaque nom d’élève. Cette évaluation m’a pris réellement 1 minute à tout casser.
-En rentrant chez moi, je transfère le tout sur Tilékol. J’observe les résultats, je note les noms de ceux qui ont des difficultés.
-Le lendemain, en EPS, les élèves en question font, à part, un petit jeu qui consiste à tourner dans le bon sens autour d’un plot . Et ils adorent ça 🙂
-En classe, ce petit groupe passe au plan vertical sur le tableau, puis l’après-midi, en arts plastiques, ils font une oeuvre d’art à base de gros ronds dessinés “au doigt”.
-Dans les jours qui suivent, je les observe ponctuellement, et je constate que progressivement tout rentre dans l’ordre: le “ductus” est acquis.
Compliqué ? Non.
Efficace ? Oui.
Mais si j’avais tenté dans la journée d’évaluer 4 items d’un livret d’évaluation archi-complet et pléthorique, j’aurais perdu une heure d’enseignement et je n’aurais rien tiré de cette évaluation.
Bonjour, c’est “bateau” ce que je vais dire, mais ce que “tu ” fais, chèr collègue est formidable. Ton outil d’évaluation, nous nous en sommes emparés dans mon école avec “délectation”..Cela n’empêche pas de penser comme tu l’as dit que “trop d’évaluation tue l’évaluation…”Nous sommes “pressurés” et avons le sentiment de passer parfois(de plus en plus souvent ) à côté de l’essentiel : “ENSEIGNER”..Nous ne dénigrons pas que soit claire la necessité d’évaluer pour “remédier”(et dans remédier” il y a “aider”..bon avec un peu de bonne volonté !!)mais..
De Guadeloupe, Cher Collègue DOMIEN, je te transmets mes confraternelles amitiés et mes sincères remerciements!
Catherine
Bonjour la Guadeloupe !
Ce que tu décris, c’est précisément la différence entre “rendre compte” et “se rendre compte”.
Quand on est organisé et qu’on a simplifié la procédure, évaluer pour enseigner est une évidence.
Mais lorsque l’évaluation a pour objectif l’évaluation et elle seule, enseigner en évaluant est un supplice…
Que tout cela est bien dit.
Moi qui aie des “livrets” à remplir pour samedi prochain, je ne peux qu’être d’accord avec ça “trop d’évaluation tue l’évaluation” ! 92 items à remplir pour des GS ! non mais on rêve !
Personnellement, j’utilise Tilékol depuis la rentrée de janvier seulement, mais je trouve cet outil formidable (et Michel a toujours répondu à mes appels au secours quand j’étais larguée ! Merci encore Michel)
Je me sers beaucoup de la fenêtre RAPPORT qui me permet de reporter au jour le jour les petites remarques que je me suis faites sur tel ou tel élève et qui jusqu’à présent se perdaient sur des petits bouts de papier ou des grilles sans place pour les noter.
Maintenant, si je remarque que Kévin ne tourne pas ses ronds dans le bon sens, que Kimberley hésite encore entre sa main droite et sa main gauche ou que John-John ne sait toujours pas où sont rangés les feutres dans la classe : Zou Tac Vlan je le note sur Tilékol et ensuite remédiation, aide personnalisée, appelez ça comme vous voulez, on rectifie le tir !
Alors moi je dis : merci Tilékol, merci Michel et vive les livrets sans fin !
Alors moi je dis: Vive les Tilékolières !
(Et bonjour de ma part à Kévin, Kimberley et John-John )
Je ne peux qu’être d’accord, en gs surtout on nous demande d’évaluer de plus en plus de choses, et il m’est arrivé de perdre deux semaines entières de classe à cause des évaluations départementales… tout cela pour une liaison GS CP que personne ne regardera jamais !
Je viens aux nouvelles pour le tilékol version 4 critères… il existera un jour ?
Bonjour Nadine
Eh bien oui, voilà un cas de sur-évaluation “pour rendre compte” qui bloque tout…
Des nouvelles du nouveau Tilékol ? Bientôt !
Version 4 critères ? Oui !
Génial ! J’attends ça avec impatience !
Et si on pensait d’abord à évaluer pour mettre en valeur les qualités et les compétences de nos élèves ? J’essaie de garder ça en tête .
Merci Michel et j’admire sincérement ce que tu mets en place pour alléger notre tâche parfois lourde …
Bonjour Nut’s Breizh
L’évaluation est le seul moyen d’individualiser l’enseignement, pour le rendre efficace et pour permettre aux qualités “potentielles” de se révéler au grand jour.
Tout est dans la manière de mettre en oeuvre cette évaluation…