Parfois, les choses les plus énormes passent totalement inaperçues. Parce qu’elles sont sous nos yeux tous les jours et que du coup, on oublie de leur accorder de l’attention, de se poser quelques questions à leur sujet.

Et pourtant…
Je vous propose aujourd’hui de vous intéresser tout simplement à la première lettre de l’alphabet : le sympathique et vaillant petit « a », tous derrière et lui devant.

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Voilà longtemps que je m’interroge à son sujet, et plus particulièrement que je m’interroge sur la manière de l’écrire en cursive. Ou plutôt sur la manière dont je le fais écrire en cursive à mes élèves de grande section.

En effet, il y a de nombreuses manières d’appréhender l’écriture de cette lettre, comme nous allons le voir.

En ce qui me concerne, j’ai été en quelque sorte touché par la lumière l’an dernier, lorsque j’ai lu « Le geste d’écriture », extraordinaire livre de Danièle Dumont, qui a remis en place mes idées sur la manière d’écrire et d’apprendre à écrire.

Le problème que nous rencontrons tous s’appelle « fiches d’exercices ». Parce que selon leur origine, le « a » n’est pas écrit pareil, tout simplement. (C’est d’ailleurs le cas d’autres lettres comme le « e » sur lequel nous reviendrons également).

Et nos élèves doivent se dire que les adultes sont un peu compliqués, quand même.

Vous ne voyez pas ce que je veux dire ?

Je vais vous donner un exemple précis, tiré d’une application pour iPad qui s’appelle « abc cursives », et qui est vraiment révélateur de la question.

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Vue de la fenêtre du logiciel “abc cursives”

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Le principe du logiciel est tout simple : il s’agit pour l’enfant de tracer avec son index les lettres de l’alphabet en suivant des pointillés, avec un point de départ et un sens indiqué par des flèches.

Sa grande originalité est la suivante : les auteurs ont distingué les variantes du « glyphe » selon les pays. On y voit donc les lettres telles qu’elles sont apprises en France, en Angleterre, en Allemagne, en Belgique, en Suisse, aux Pays-Bas, en Espagne et en Italie.

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Wikipedia : “Un glyphe est une représentation graphique (parmi une infinité possible) d'un signe typographique, autrement dit d'un caractère (glyphe de caractère) ou d'un accent (glyphe d'accent).”
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…Et les différences sont énormes !

 

Dis-moi comment tu écris,
je te dirai de quel pays tu viens…

 

Intéressons-nous donc au tracé du « a » :

Voici le « a à la française »
Remarquez la « petite queue » qui le précède, le rond qui le forme et la « canne » qui le termine.

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Le tracé du “a” selon le glyphe français

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Franchement, lorsque VOUS écrivez, dans la “vraie vie”, pas au tableau, vous faites le « a » comme ça, vous ?
…Pas moi, en tout cas.

Tenez, je prends une feuille de papier, un stylo, et j'écris rapidement et sans réfléchir :

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Je ne prétends pas avoir une belle écriture, simplement j’observe mon tracé et je le trouve logique, parce que fluide, sans a-coups, sans rupture. Efficace.

Quant à la « petite queue », elle n’a tout simplement pas de raison d’être. Lorsque vous écrivez par exemple le mot « papa », il n’y a pas de queue mais la lettre « p » et la lettre « a » accolées.

Bref.

Passons à la manière belge :

Personnellement, je trouve cela beaucoup mieux. La petite queue a disparu, le tracé est logique et fluide.

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Le tracé du “a” selon le glyphe belge

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Et chez les suisses ?

Ah, pas mal non plus !
Comparez la complication de l’écriture du « a » français à côté ! C’est le jour et la nuit.

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Le tracé du “a” selon le glyphe suisse

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Je ne sais pas si ces « glyphes » nationaux sont officiels ou non, d’ailleurs j’aimerais bien le savoir.

Je ne porte pas de jugement de valeur. Je me dis simplement qu’une réflexion s’impose.

Et je me propose de la mener dans la deuxième partie de cet article, en compagnie de la spécialiste française en la matière, Danièle Dumont.

A suivre donc…

La deuxième partie de ce feuilleton est ici :
https://www.tilekol.org/comment-ecrire-le-a-en-cursive-deuxieme-partie

Et la troisième partie est là :
https://www.tilekol.org/comment-ecrire-le-a-en-cursive-conclusion