Au départ, il y a eu la découverte, puis la domestication de l'électricité. S'en est suivi le déploiement du réseau câblé. Au bout du câble, il n'y avait que des ampoules électriques ou des moteurs. Puis des tubes. Puis des transistors (dans les années 60). Et enfin, le microprocesseur a pris son essor.

Le progrès technique a permis l'avènement d'appareils nouveaux, qui ont révolutionné la manière dont les gens vivent. Télévisions, ordinateurs, téléphones cellulaires, smartphones, tablettes sont des créations de sociétés commerciales, qui utilisent avec succès les techniques du marketing pour vendre leur production.

Cette nouvelle révolution industrielle a entraîné l'avènement ultra-rapide de monstres financiers et technologiques, toujours plus riches, toujours plus puissants, toujours plus gros, qui s'appellent par exemple Google, Amazon, Apple, Facebook…

Ces acteurs majeurs, énormes, dominants, possèdent le pouvoir de l'innovation, dont ils ne maîtrisent pas eux-mêmes les conséquences. Exemple : les lunettes connectées et enregistreuses de vidéos discrètes que Google va sortir sans même savoir exactement ce que les gens en feront, ou plutôt en se rendant compte que leur utilisation sera dans certains cas très problématique.

Les consommateurs se ruent en foule sur les derniers appareils à la mode, les derniers réseaux sociaux, les derniers abonnements “tout compris”, et ne peuvent plus concevoir leur existence sans une connection à haut débit permanente, devenus sans s'en rendre compte des cellules soumises d'un cerveau géant de la taille de la planète, fonctionnant à coup d'adresses IP et de milliards de dollars.

La révolution est là, mettant à la portée de chacun d'entre nous l'ensemble du savoir mondial, noyé dans le gigantesque “bruit” de l'immense dépotoir virtuel qui hypnotise et attire vers le vide des hordes d'humains gravement addicts d'un néant coloré et toujours renouvelé.

Question volontairement naïve : le numérique n'est-il au fond qu'un progrès technique ? Est-ce que l'école doit en faciliter l'accès coûte que coûte, à toutes les populations, de manière massive ? Au risque de les rendre dépendantes dès leur plus jeune âge ?

Ou bien… Ne devrait-elle pas mettre le paquet pour faire découvrir aux enfants d'aujourd'hui l'éventail de la culture non numérique, avant que le dernier livre en papier, le dernier musée, le dernier conteur, le dernier spectacle vivant n'aient disparu de la surface du globe, remplacés par leurs équivalents virtuels ? Qui sait… La découverte d'un vieux “Jules Verne” tout jauni fera peut-être palpiter le coeur d'un ado de l'an 2100 bien plus que lors de la sortie du dernier bidule électronique à la mode…

Vous me direz, les deux sont compatibles. Bien entendu. Il faut juste avoir conscience de la problématique, qui est tout sauf simple. La question est naïve, mais nous, ne le soyons pas trop. Ne confondons pas “progrès technique” avec progrès tout court.

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