Eline Snel est néerlandaise et spécialiste de la lutte anti-stress. Elle a récemment sorti en langue française un livre, accompagné de sa bande sonore, qui va permettre aux parents et enseignants d’apprendre aux enfants à se calmer, grâce à une méthode douce basée sur la méditation et l’apprentissage de la pleine conscience. Pour les enfants ? Pour les enfants.

Prenez exemple sur une petite grenouille immobile, attentive, sereine. Installez-vous dans un endroit calme, et écoutez tranquillement la voix de Sara Giraudeau…

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Demander à des élèves de se calmer, c’est une chose.
Mais leur expliquer comment faire, c’est un préalable qui n’est pratiquement jamais enseigné. Et pourtant, cela ne coule pas de source. D’ailleurs, bien des profs pourraient eux-mêmes tirer de grands bénéfices d’un tel enseignement.

Il y a des pays où des cours de « calme » commencent à être prodigués. En Californie, par exemple, ou bien aux pays-Bas, où le ministère de l’Education a d’ailleurs pris une initiative intéressante. Il offre aux enseignants volontaires une formation auprès de l’Académie pour l’enseignement de la pleine conscience, fondée justement par Eline Snel, l’auteur de « Calme et attentif comme une grenouille ».

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La pleine conscience, c’est simplement être présent de façon consciente, comprendre ce qui se passe maintenant, en adoptant une attitude d’ouverture et de bienveillance. Etre présent ici, dans l’instant, sans juger, sans rejeter ce qui se passe, sans se laisser entraîner par l’agitation du jour. Non pas penser sur ce qui se passe ici et maintenant, mais être dans l’ici et maintenant.

(Tiré du livre « Calme et attentif comme une grenouille », Eline Snel, éditions Les Arènes)

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Je ne vais pas faire ici une description approfondie de son livre. Je pense que la petite vidéo ci-dessus vaut 1000 mots. Si vous y avez été sensible, n’hésitez pas, procurez-vous cet ouvrage.

Il est adapté à des enfants de 5 ans et plus (à partir de la grande section).

J’ai contacté son auteur, installée aux Pays-Bas, je lui ai posé quelques questions, elle m’a répondu. Accueillons donc Eline sur Tilékol, par-delà la barrière de la langue et l’éloignement géographique, elle est parmi nous :

Rencontre avec Eline Snel

Eline Snel – Photo fournie aimablement par les éditions Les Arènes

-Bonjour Eline. Pouvez-vous nous expliquer qui vous êtes et nous raconter l’histoire de ce livre ?
Je m’appelle Eline Snel et je suis née en 1954 à Amsterdam. J’ai quatre enfants et cinq petits-enfants.
Il y a 30 ans, j’ai entamé une carrière de thérapeute, en prenant en charge des adultes et des enfants aux prises avec des problèmes de stress sévère et d’anxiété. Il y a 24 ans, j’ai commencé à me spécialiser dans l’enseignement de l’art de la pleine conscience et de la méditation en groupe.
A cette époque, en Hollande, il n’y avait aucune formation ni cursus d’apprentissage pour enseigner la méditation.
Après la naissance de ma fille, il y a 24 ans, j’ai commencé avec elle à pratiquer quelques exercices qui sont maintenant dans le livre de la grenouille.
Elle souffrait de troubles déficitaires de l’attention et avait beaucoup de mal à se concentrer à l’école.
Lorsqu’elle rentrait à la maison elle me posait toutes sortes de questions et avait la tête remplie de pensées en tous genres.
Un soir, elle est rentrée à la maison et elle essayé de terminer ses devoirs. Elle m’a demandé ce que signifiait le mot « concentration » : les professeurs lui demandaient sans arrêt de se concentrer mais elle ne savait pas comment faire.
C’est alors que j’ai commencé à réaliser qu’il fallait trouver un moyen d’aider les enfants confrontés à ce genre de questionnements. Ayant une grande expérience dans l’enseignement de la pleine conscience à des adultes, j’ai décidé de développer un entraînement spécifique pour les enfants.

La méditation fait toujours partie de ma vie quotidienne

-Quelle est votre définition de la méditation ?
C’est observer ses pensées, ses émotions et ses sentiments de manière amicale et sans jugement. En utilisant notre respiration comme d’un point d’ancrage pour être conscient du moment présent.
La méditation a toujours fait partie de ma vie quotidienne. Elle me montre la simplicité d’être présente et consciente dans chaque moment de chaque jour, plutôt que d’avoir un corps et un esprit constamment en agitation. C’est exactement ce que je désire apprendre aux enfants et aux adultes qui sont en contact avec eux (parents, enseignants, etc…)

-Mes élèves adorent la bande-son de votre livre. Ils me réclament « la grenouille » tous les jours, comme première activité du matin. Je ne suis pas certain que ce joit le meilleur moment. Quel est votre conseil à ce sujet ?
Démarrer la journée avec l’exercice de la grenouille est excellent. Vous en ressentirez les effets bénéfique toute la journée. Les enfants s’habituent rapidement à démarrer la journée de cette manière.

-Il y a onze « exercices » sur le CD. Devons-nous démarrer avec le N°1, puis, passer au N°2, au N°3, etc, ou devons-nous maîtriser parfaitement le N°1 avant de passer au N°2 ? Là aussi, nous avons besoin de vos conseils pratiques…
Lorsque vous n’êtes pas entraîné à l’enseignement de la pleine conscience, je vous conseille de pratiquer les plages 1, 2 ou 3 chaque jour. Vous pouvez également utiliser la plage 4 si les enfants sont très actifs.
Si vous voulez élargir vos connaissances dans ce domaine, vous pouvez apprendre à enseigner la pleine conscience pour enfants en France : www.academyformindfulteaching.fr

Un grand nombre d’enfants ne réalise même pas qu'ils sont eux-mêmes agités

-Dans ma classe, lorsque je « passe la grenouille », il y a toujours deux ou trois enfants qui se tortillent sans arrêt ou jouent avec le velcro de leurs souliers, ce qui est difficilement supportable. Pendant les séances d’écoute, faut-il « ne rien leur dire » ?
Il est toujours bon de demander aux enfants très actif si il remarquent qu’ils sont en train de bouger et quelle partie de leur corps est en train de s’agiter. Et ensuite, lorsqu’ils se rendent compte qu’il sont entrain de bouger, leur demander de remuer un peu moins ou peut-être un peu plus lentement. Un grand nombre d’enfants ne réalise même pas qu'ils sont eux-mêmes agités.
De cette manière ils deviennent plus attentifs à leur corps et à leur mouvement.
On peut en faire un jeu collectif en demandant à chacun d’observer si son voisin est en train de bouger et d’essayer de ne pas bouger soi-même.
Vous pouvez également faire une petite « séance de mouvements » avant de démarrer l’écoute.

-Les jeunes enfants sont pleins de vie, on ne peut pas le leur reprocher. Cependant, en classe, il y a des moments où l’enseignant travaille avec un petit groupe. Souvent, les autres élèves sont assez bruyants et dérangent le groupe qui est en travail dirigé. J’aimerais pouvoir facilement calmer tout le monde. Avez-vous un « truc magique » ? Ca m’intéresse !

© Jazzzone66 – Fotolia.com

Le « truc magique » consiste à découvrir où se trouve son bouton « stop », en tortillant tout son corps pendant 20 à 30 secondes, puis en s’érrêtant.
Lorsque vous stoppez, que ressentez-vous dans votre corps ? Comment est votre respiration ? Sentez-vous les battements de votre coeur ? Qu’avez-vous remarqué pendant que vous étiez en train de vous tortiller, et après ?
Ensuite, faire remarquer aux enfants à quel point il est agréable de s’arrêter lorsqu’on est très actif ou qu’on a beaucoup joué. Leur demander : « Et si vous aviez un bouton « stop », où se trouverait-il ? »
Après avoir demandé à quelques enfants où se trouve leur bouton « stop », vous pouvez leur demander de l’utiliser lorsqu’ils sont agités…

-Merci Eline !


Comme vous avez pu le constater, les concepts comme la méditation (qui n’a pas forcément de connotation religieuse), la pleine conscience ou la PNL (le truc du bouton « stop » n’est rien d’autre) permettent d’améliorer notre self-control.

Je laisse le mot de la fin à Eric, le Tilékolier qui m’a fait découvrir ce petit livre :

« Je trouve que c'est un cadeau à offrir aux autres, aux enfants… leur permettre d'être attentif à eux mêmes… de s'accepter.
En classe on écoute la grenouille 2 fois par semaine… et je dois avouer que cela me fait du bien à MOI aussi… »


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